Zimbabwe : vers un coup d’Etat militaire ?
La situation est très confuse au Zimbabwe depuis le mardi 14 novembre. L’armée qui a pris le contrôle des points névralgiques de la capitale dément tout coup d’état et dit viser des « criminels » dans l’entourage de Robert Mugabe. Cette situation fait suite à l’éviction d’Emmerson Mnangagwa, vice-président du pays.
Le chef de l’armée, le général Constantino Chiwenga, avait déjà menacé le lundi 13 novembre, d’intervenir si le parti présidentiel ne mettait pas fin à la « purge » qu’il avait engagé en son propre sein. La menace a été mise à exécution et l’armée contrôle depuis mardi 14 novembre la capitale Harare. Les nombreux chars et blindés de l’armée déployés dans la capitale le mardi se sont positionnés près du parlement et du siège du parti au pouvoir dont ils contrôlent l’accès.Des membres du gouvernement zimbabwéen ont été interpellés.
Des échanges de coups de feu ont été entendus aux abords de la résidence privée du chef de l’Etat et alors que le monde était sans nouvelles du président Robert Mugabe, le général Sibusiso Moyo, dans une allocution diffusée à la télévision nationale a rassuré les zimbabwéen, sur l’état du président sans donner plus de détails sur l’endroit où il se trouve. « Nous assurons à la Nation que son Excellence le président (…) et sa famille sont sains et saufs et que leur sécurité est garantie ». En ce qui concerne leur but visé par leurs actions, le général a assuré que l’armée ne souhaite pas renverser le président :« Nous ne faisons que viser les criminels qui l’entourent (…)Ce n’est pas un coup d’Etat militaire contre le gouvernement.Dès que notre mission sera accomplie, nous nous attendons à ce que la situation retourne à la normale », a-t-il déclaré.
Malgré les tensions, la situation reste pour l’heure stable dans la capitale mais le silence des autorités inquiète certains observateurs. « Le silence du gouvernement après les déploiements militaires tend à confirmer que le président Mugabe a perdu le contrôle de la situation », a estimé Robert Besseling, un analyste de la firme britannique EXX AfricaRisk Consultancy, cité par l’AFP.
Effectivement, le chef de l’Etat zimbabwé, a, dans un entretien téléphonique qu’il a eu avec son homologue sud-africain ce mercredi, déclaré être prisonnier à son domicile de la capitale, tout en ajoutant qu’il allait bien. Toutefois, aucun détail n’a été donné la situation de son épouse Grâce Mugabe. Cette situation met en lumière la grande rivalité au sommet de l’état entre la première dame Grace Mugabe et l’ex vice-président Emmerson Mnangagwa qui se disputent la succession de Robert Mugabe. Si l’ex vice-président a quitté le pays après son éviction du gouvernement et son exclusion du parti, pour, dit-on, laisser le champ libre à la première dame, il reste rès populaire auprès de l’armée dont les hauts gradés semblent avoir pris fait et cause pour lui dans cette guerre de succession.
Premier pays à réagir à l’actualité zimbabwéenne, l’Afrique du sud s’est opposée à un « changement inconstitutionnel ». Dans un communiqué publié mercredi, Jacob Zuma a « appelé au calme et à la retenue et exprimé l’espoir que les développements au Zimbabwe n’amènent pas un changement inconstitutionnel de gouvernement ». Il a dépêchédeux ministres pour rencontrer le président Robert Mugabe et l’armée zimbabwéenne