Stress hydrique : Une crise qui touche l’économie agricole et l’énergie

Le Royaume du Maroc est confronté depuis plusieurs années à une situation de stress hydrique alarmante. Cette crise de l’eau déstabilise profondément le tissu économique et social du pays. Un déficit important, estimé à environ 3 milliards de mètres cubes, met en péril l’approvisionnement en ressources hydriques essentielles.

Les experts appellent à une accélération des programmes de construction de barrages et à la réalisation de grands projets de transfert d’eau entre bassins hydrauliques ainsi qu’à la mise en place de stations de dessalement d’eau de mer. Ces initiatives sont cruciales pour pallier la raréfaction de l’eau qui constitue un défi économique majeur.

L’année 2022 a été particulièrement difficile pour l’agriculture marocaine, avec une valeur ajoutée agricole en chute de 15% par rapport à 2021 en raison de la sécheresse. Cette diminution des précipitations a également touché la production électrique. Fait notable, depuis 2016, l’éolien a dépassé l’hydraulique comme première source d’énergie renouvelable, avec une contribution hydraulique tombée de 12,7% en 2009/2010 à seulement 1,6% en 2022.

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L’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE) « Branche Eau » produit 80% de l’eau potable au Maroc. Une grande partie de cette eau est revendue à d’autres acteurs comme les délégations privées, les régies et les communes qui gèrent la distribution. Toutefois, la tarification actuelle ne reflète pas correctement la valeur de cette ressource, fragilisant ainsi la situation financière de l’ONEE et pesant sur les finances publiques. En moyenne, les subventions d’investissement de l’État constituent 30% de l’investissement total de l’ONEE.

La multiplicité des intervenants dans la gestion de l’eau nuit à l’efficacité des opérations, avec des chevauchements de zones d’intervention et des difficultés de coordination. Cela se traduit parfois par des investissements non optimisés. Le gouvernement envisage de créer des sociétés régionales multiservices (SRM) et des groupements des collectivités territoriales (GCT), ainsi qu’une société de développement local (SDL) pour améliorer cette situation.

La rareté de l’eau a des répercussions graves sur la disponibilité de l’eau potable, l’inflation des produits agricoles, la productivité des cultures vivrières et accentue l’exode rural. À l’échelle nationale, le Maroc consomme actuellement environ 1,6 milliard de mètres cubes d’eau potable par an, principalement fournie par l’ONEE, des nappes phréatiques et des stations de dessalement déjà en place (Agadir, Safi, Al Jadida…).

La demande en eau potable est en constante augmentation et devrait atteindre 1,8 milliard de mètres cubes par an d’ici 2025, pour ensuite frôler les 2 milliards de mètres cubes en 2030. Le gouvernement mise fortement sur les nombreux projets de dessalement d’eau de mer en cours pour répondre à cette demande croissante.

La crise hydrique menace également le secteur agricole, aggravée par le réchauffement climatique. La diminution de l’eau disponible entraîne une baisse de la production agricole, provoquant une inflation des denrées alimentaires dans un contexte de demande croissante.

La résilience du Royaume est mise à l’épreuve par des crises successives : la pandémie de Covid-19, la crise économique internationale, la guerre en Ukraine, et le séisme d’Al Haouz. Le pouvoir d’achat des ménages a été fortement affecté malgré les aides sociales directes distribuées à un million de foyers, du fait de l’inflation et du chômage endémique.

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