Baromètre arabe: 55 % des jeunes Marocains âgés de 18 à 29 ans souhaitent émigrer
Les jeunes, considérés comme le moteur du développement national, cherchent des opportunités à l’étranger, même si celles-ci sont encore limitées au Maroc.
Un nouveau rapport publié cette semaine par le Baromètre arabe relève les tendances migratoires du Maroc, ainsi que celles de la région plus large du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Les conclusions du document soulignent des problèmes socio-économiques profonds, particulièrement en ce qui concerne les jeunes Marocains.
Les données du rapport révèlent qu’environ 55 % des jeunes Marocains âgés de 18 à 29 ans souhaitent émigrer. Ce chiffre traduit les frustrations croissantes causées par des obstacles économiques persistants dans le pays. Les jeunes, considérés comme le moteur du développement national, cherchent des opportunités à l’étranger, pour l’instant minimes au Maroc. Ce phénomène alimente la fuite des cerveaux, privant ainsi le pays de sa population la plus dynamique et instruite.
Les motivations économiques jouent un rôle important dans ces aspirations migratoires. En effet, 45 % des jeunes sondés mentionnent les raisons économiques comme principales motivations pour partir. Bien que des réformes économiques aient été entreprises par le gouvernement marocain, l’écart entre les attentes de la population et la réalité économique demeure considérable.
Un aspect particulièrement préoccupant du rapport est le nombre élevé de Marocains prêts à migrer sans disposer des documents légaux requis. Environ 53 % des potentiels migrants envisageraient de quitter le pays de manière clandestine, témoignant de leur désespoir face aux conditions socio-économiques. Cette situation pose des défis juridiques et humanitaires majeurs, car les migrants sans papiers s’exposent à des risques accrus d’exploitation et de traite.
Les tendances migratoires marocaines s’inscrivent dans un cadre plus large de migrations régionales, stimulées par des facteurs similaires. D’autres pays de la région, tels que la Tunisie, le Liban et la Mauritanie, partagent des défis comparables. Cependant, des exemples positifs, comme le Koweït et la Jordanie, offrent des enseignements potentiels : le Koweït affiche le pourcentage le plus bas de citoyens souhaitant émigrer, tandis que la Jordanie a récemment enregistré un recul significatif du désir d’émigration.
Le Maroc se distingue par sa proximité géographique et ses liens historiques étroits avec l’Europe, notamment avec la France et l’Espagne. Ces pays demeurent les destinations privilégiées de nombreux migrants marocains, avec respectivement 23 % et 22 % des préférences exprimées dans le rapport.
Le rapport du Baromètre arabe constitue un appel urgent à l’action pour les décideurs marocains. Le besoin de créer des opportunités économiques durables est crucial pour inverser ces tendances migratoires. S’inspirer de modèles réussis, tels que la diversification économique du Koweït ou l’amélioration de l’éducation en Jordanie, pourrait offrir des pistes de solutions pour le Maroc.
Malgré les défis, le Maroc bénéficie d’une stabilité politique, ce qui pourrait servir de base solide pour engager les réformes nécessaires. L’enjeu principal sera de retenir la jeunesse marocaine, l’avenir du pays dépendant de sa capacité à exploiter pleinement le potentiel de sa population jeune et instruite. Les perspectives de réforme offrent de ;’espoir pour un futur où les jeunes Marocains choisiront de construire leur avenir au sein des frontières de leur pays.