Cafards dans la soute : La RAM a-t-elle tardé à réagir ?
C’est une affaire pour le moins inhabituelle, de la « nourriture avariée dans les valises des passagers » dans un vol de la Royal Air Maroc (RAM) entre Casablanca et Manchester. Ce qui n’était au départ qu’une banale réception de bagages a rapidement pris des proportions retentissantes, faisant presque le tour du monde. L’affaire des cafards a porté un sacré coût à l’image de la compagnie nationale. Une réaction tardive de la direction de la RAM pourrait en être la raison.
Tout a commencé en début de semaine lorsque plusieurs médias britanniques ont véhiculé des informations affirmant que des cafards avaient été découverts dans la soute à bagages de l’avion. Une telle découverte impliquait des conséquences immédiates pour les passagers, qui se sont retrouvés privés de leurs effets personnels, les valises étant retournées précipitamment vers leur point de départ au Maroc.
Cependant, Royal Air Maroc a tardivement réagi pour dissiper la confusion. Dans une déclaration faite à certains médias , et pour le moins succinct, « une source proche du dossier » a tenu à clarifier les faits. Contrairement aux rumeurs initiales, il ne s’agissait pas de cafards, mais d’asticots, apparus suite à la décomposition de nourriture contenue dans certaines valises. La raison de cette désagréable mésaventure fut identifiée parmi les bagages de passagers africains, lesquels transportaient des denrées périssables ayant pourri sous l’effet conjugué du temps et de la chaleur.
L’attente avant une communication officielle de RAM a été un objet de critiques. De nombreux observateurs jugent que la compagnie aurait dû répondre plus rapidement pour endiguer les spéculations. Ce retard, allié à la nature lacunaire du communiqué, a laissé un espace béant qui a été emplis de suppositions et de conjectures, souvent au détriment de la compagnie nationale.
Par ailleurs, cette situation a révélé les procédures de gestion des bagages suspectés de contamination dans les aéroports. Selon les déclarations de RAM, seules seize valises avaient été directement affectées par le malheureux phénomène de pourrissement. Cependant, la direction de l’aéroport de Manchester, adoptant une approche préventive rigide, a décidé de renvoyer la totalité des bagages au Maroc. Le raisonnement derrière cette décision reste flou et suscite des interrogations quant à une application disproportionnée des mesures de sécurité.
À leur retour au Maroc, les valises incriminées ont été immédiatement détruites pour contenir tout risque sanitaire. Les bagages restants ont ensuite suivi un trajet de retour vers la Grande-Bretagne, livrés à leurs propriétaires après une attente prolongée, dimanche puis mardi.
Cet incident souligne non seulement l’importance de la gestion stricte des contenus transportés dans les bagages, surtout lorsque des denrées périssables sont en jeu, mais aussi une nécessaire révision des protocoles de communication de crise au sein de RAM. L’épisode révèle la fragilité des perceptions dans un secteur où la confiance reste capitale.
Pour Royal Air Maroc, l’enjeu désormais est double : rétablir son image ternie par cette crise et regagner la confiance de passagers échaudés par cette mésaventure. Si la rapidité et la transparence sont de rigueur, il est également impératif pour la compagnie de définir des dispositifs plus efficaces et moins perturbateurs en cas de situations similaires.
Cet incident, qui aurait pu demeurer une simple anecdote de voyage, incite aussi une réflexion élargie sur l’intégration des pratiques culturelles dans les voyages aériens mondiaux, notamment le transport de produits alimentaires personnels, ancré dans les habitudes de nombreux passagers.