L’importation de déchets étrangers soulève des inquiétudes sur la gestion environnementale
La décision gouvernementale d’autoriser l’importation de déchets étrangers suscite une controverse majeure. Les citoyens et les militants redoutent que le pays ne devienne un « dépôt pour les déchets européens », soulevant des questions sur l’impact environnemental et économique de cette politique.
La récente décision du gouvernement marocain d’autoriser l’importation de déchets étrangers suscite une vive controverse publique. Les critiques craignent que le Maroc ne devienne un « dépôt pour les déchets européens ». Beaucoup se demandent pourquoi le Maroc choisit d’importer ces matériaux, notamment en période de défis environnementaux globaux.
Pour apaiser les inquiétudes, le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable a fourni des éclaircissements sur l’importation des déchets. Depuis 2016, 416 autorisations ont été accordées pour l’importation de déchets non dangereux, destinés à la valorisation énergétique ou industrielle. En 2023, environ 1,5 million de tonnes de ces déchets ont été importées, contribuant à une économie circulaire en valorisant des matériaux qui seraient autrement mis en décharge. Le ministère présente ce secteur comme étant économiquement viable, avec un coût estimé à 30 dollars par tonne pour la gestion et la valorisation des déchets.
Cette situation soulève plusieurs questions sur le cadre réglementaire encadrant l’importation des déchets et sur les garanties mises en place pour éviter des impacts négatifs sur l’environnement et la santé publique. Les normes actuelles incluent des contrôles rigoureux pour s’assurer que les déchets ne sont ni toxiques ni dangereux. En outre, des interrogations subsistent quant aux bénéfices économiques de cette pratique et à son rôle potentiel dans la création d’emplois et le développement de l’économie nationale.
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L’importation de déchets industriels n’est pas une nouveauté pour le Maroc. Depuis 2016, le pays a utilisé plus de 10 millions de tonnes de déchets industriels dans des processus industriels, principalement dans les usines de ciment et d’autres grandes industries. Ces déchets ne sont pas destinés à être abandonnés dans la nature, mais sont intégrés dans des processus industriels précis, conformes aux normes internationales strictes.
Le Maroc est partie prenante de la Convention de Bâle relative au contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, approuvée et publiée au Bulletin officiel n°4892 le 19 avril 2001 par le biais du Dahir n°92-96-1. Cette convention est réglementée par les textes législatifs et organisationnels en vigueur, y compris la loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et leur élimination, et le décret n° 587-17-2 relatif à la fixation des conditions d’importation, d’exportation et de transport des déchets.
En effet, le royaume respecte les accords internationaux sur la gestion des déchets, comme en témoigne sa signature de divers accords visant à organiser l’échange de déchets non dangereux entre les pays. Il est inacceptable d’importer des déchets pour les laisser en pleine nature, compte tenu de l’état actuel des décharges, dont la plupart manquent des infrastructures nécessaires pour une gestion sécurisée et écologique des déchets.
De plus, la loi n° 28.00 régule clairement l’importation et l’utilisation de ces déchets, en respectant des critères garantissant la protection de l’environnement et la santé publique. Les déchets, en provenance de pays partenaires ayant signé des accords réguliers, sont principalement utilisés dans des industries à forte consommation énergétique, comme la production de ciment. Cette pratique permet de réduire la dépendance aux sources d’énergie traditionnelles et de limiter les émissions de gaz à effet de serre, qui ont diminué de 15 % en moyenne dans les industries concernées.
Le débat actuel rappelle celui de 2016, marqué par une confusion sur les raisons de l’importation de ces déchets. Ces déchets ne sont ni nocifs ni toxiques et sont gérés de manière sécurisée dans un cadre industriel rigoureux, visant à équilibrer croissance industrielle et protection de l’environnement.
Ainsi, le mercredi 28 août 2024, le ministère concerné a précisé dans un communiqué que ce secteur « crée plus de 9 500 emplois directs et indirects dans l’industrie métallurgique » et que l’utilisation des pneus usagés contribue à réduire les coûts énergétiques en diminuant les dépenses en combustibles fossiles de plus de 20 dollars par tonne. Le communiqué a également mentionné une étude réalisée en 2020 en collaboration avec l’Alliance pour la valorisation des déchets, révélant que les chaînes de valorisation des déchets, touchant 13 secteurs, ont un potentiel significatif pour ajouter de la valeur à l’économie nationale, améliorer la balance commerciale et créer au moins 60 000 emplois d’ici 2030.