Inflation : Le Conseil de la concurrence indexe la « cupidité » de certaines entreprises dominantes

Un rapport détaillé publié en 2023, le Conseil marocain de la concurrence a jeté un pavé dans la mare en désignant l’inflation et la « cupidité » d’un certain nombre d’entreprises dominantes comme les principaux responsables de la hausse continue des prix dans le pays. Ce rapport met en lumière des pratiques commerciales jugées peu scrupuleuses et détaille les facteurs internes et externes ayant contribué à cette inflation galopante.

Selon le Conseil, certaines entreprises, fortes de leur position dominante sur le marché, ont utilisé leur influence pour manipuler les prix et accroître de manière disproportionnée leurs marges bénéficiaires. Le phénomène a été qualifié de « cupidité inflationniste », une expression qui résume l’intention des entreprises de maximiser leurs profits aux dépens des consommateurs marocains. Ces hausses de prix, bien qu’en partie motivées par des éléments extérieurs, trouvent également leur origine dans ces stratégies commerciales agressives.

Le rapport souligne une particularité de l’année écoulée : bien que la désinflation ait été observée à l’échelle globale, notamment en ce qui concerne l’inflation totale et sous-jacente, l’inflation des produits alimentaires a atteint des niveaux alarmants. En 2022, cette inflation s’établissait déjà à 10,9 %, mais elle a été largement surpassée en 2023, dépassant les taux globaux d’inflation sur une période de plus d’un an, entre juin 2022 et août 2023. Un pic particulièrement élevé a été observé en février 2023, doublant presque celui de l’inflation générale.

En examinant plus en détail les catégories de produits, le Conseil a relevé des taux d’inflation à deux chiffres, marquant une tendance préoccupante : les légumes ont subi une augmentation de 28,6 %, les fruits de 27,1 %, tandis que les produits laitiers et les œufs ont grimpé de 13,3 %, et les viandes de 11,5 %. Bien que les entreprises responsables ne soient pas nommément identifiées, le rapport décrit des dynamiques observées sur d’autres marchés, comme « l’inflation déflationniste » et « l’inflation des matières premières ».

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Cependant, l’inflation au Maroc n’est pas uniquement le résultat des actions de ces entreprises. En 2022, le pays a fait face à des chocs d’offre externes, principalement dus à l’augmentation des prix des importations de matières premières et de l’énergie, ce qui a fait grimper les coûts de production et, par conséquent, les prix pour le consommateur final. Ces pressions externes se sont légèrement allégées en 2023, mais l’inflation est demeurée un défi en raison d’autres facteurs, notamment des conditions climatiques défavorables marqué par une chaleur intense et un déficit en précipitations, impactant notamment les approvisionnements en fruits et légumes.

Le Conseil insiste sur la persistance de facteurs internes qui continuent d’alimenter l’inflation, évoquant notamment l’appétit insatiable pour le profit de certaines entreprises qui refusent de modérer leurs marges malgré la normalisation progressive des cours internationaux. Il est à noter également que l’évolution des conditions monétaires a joué un rôle non négligeable. Malgré une tendance à la désinflation, la circulation fiduciaire a connu une hausse, avec une demande accrue de liquidité dans le secteur bancaire. Les besoins de liquidité des banques se sont ainsi intensifiés, passant en moyenne hebdomadaire de 86,7 MMDH à la fin de 2022 à 111,4 MMDH en 2023, selon les statistiques de Bank Al-Maghrib, obligeant celle-ci à intervenir davantage sur le marché monétaire.

Par ailleurs, le Conseil ne néglige pas l’impact du resserrement de la politique monétaire, qui a contribué à la modération de l’inflation via une décélération des crédits accordés aux ménages. Cette stratégie a permis d’enrayer, dans une certaine mesure, l’escalade des prix. Le rapport conclut sur une note de vigilance et recommande de structurer une intensité concurrentielle capable de stabiliser l’inflation sur le long terme, l’objectif étant de maintenir des niveaux soutenables qui favorisent un fonctionnement optimal des marchés.

Ainsi, en mettant en avant la complexité de la situation économique, le Conseil appelle à un effort coordonné entre les différents acteurs du marché et les autorités pour surmonter ces défis, tout en protégeant le pouvoir d’achat des marocains. Les résultats de ce rapport sont cruciaux pour amorcer un changement de cap et restaurer la confiance dans l’économie du pays à travers des régulations et des missions plus rigoureuses sur les pratiques commerciales.

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