Programme Forsa : Des entrepreneurs bloqués entre retards et promesses non tenues

À Tanger, des porteurs de projets du programme Forsa se retrouvent bloqués dans l’obtention de financements, accusant les institutions publiques et financières de retards et d’injustices. Face aux préjudices subis, ils dénoncent les blocages administratifs et le renvoi des responsabilités. Ces entrepreneurs se tournent désormais vers Rabat pour faire pression et réclamer le respect des engagements pris en faveur de leurs initiatives.

 Le conflit qui oppose des porteurs de projets à Tanger, souhaitant bénéficier du programme Forsa, à divers organismes publics et sociétés de financement prend de l’ampleur. Ces jeunes entrepreneurs, désireux de voir leurs initiatives soutenues par l’État, se retrouvent confrontés à une bureaucratie complexe et à des obstacles administratifs, les empêchant d’obtenir les financements promis. Le Médiateur du Royaume, Mohamed Benalilou, a récemment pris part au dossier, appelant les autorités de tutelle à corriger les préjudices subis par ces porteurs de projets.

Ces derniers affirment avoir été victimes d’une profonde injustice. En effet, bien qu’ils aient suivi toutes les étapes nécessaires pour obtenir les financements prévus dans le cadre du programme Forsa, ils se heurtent à des retards dans les versements. Les fonds, qui devaient soutenir leurs projets, ont été suspendus sous divers prétextes, notamment le non-respect des délais de signature de contrats pour certains candidats. Les porteurs de projets rejettent cette accusation, expliquant que les lenteurs administratives et la complexité des procédures sont les véritables responsables des retards.

Mohamed Benalilou, dans son rôle de Médiateur, a fait appel aux institutions publiques et aux partenaires financiers concernés pour qu’ils débloquent les fonds nécessaires aux entrepreneurs. Il a souligné qu’il est injuste de faire porter la responsabilité de l’échec du programme Forsa à ces jeunes, alors qu’ils sont eux-mêmes victimes d’un système défaillant.

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Les institutions financières impliquées, quant à elles, se dédouanent de toute responsabilité dans le blocage du processus. Elles renvoient la faute à d’autres partenaires, notamment la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT) ainsi que plusieurs banques qui collaborent au programme. Ces acteurs sont implicitement accusés d’avoir contribué à la paralysie du financement, laissant les porteurs de projets dans l’incertitude et l’attente.

Malgré l’intervention du Médiateur, la situation reste particulièrement complexe pour les jeunes entrepreneurs concernés. Le dossier est marqué par des renvois incessants de responsabilité entre différents services, chaque partie impliquée accusant l’autre. Les échanges se multiplient entre les établissements publics de Tanger et les services centraux de Rabat, sans pour autant aboutir à une solution concrète. Cette confusion ajoute à la frustration des porteurs de projets, qui se retrouvent dans une situation de plus en plus critique.

Face à cette impasse, certains porteurs de projets ont décidé de se rendre à Rabat pour manifester leur mécontentement. Ils espèrent ainsi que les autorités centrales interviendront et feront pression sur les établissements publics de Tanger pour qu’ils respectent leurs engagements. Devant le Parlement, des sit-ins ont été organisés. Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant les pratiques administratives qu’ils jugent défaillantes. Selon eux, ces dysfonctionnements les ont piégés dans un labyrinthe bureaucratique, les exposant à des poursuites judiciaires et même à des peines d’emprisonnement. En effet, certains de ces jeunes entrepreneurs risquent d’être condamnés en raison de leurs engagements financiers et juridiques, pris dans l’espoir d’obtenir un financement qui n’est jamais arrivé.

Certains porteurs de projets ont partagé leur expérience, expliquant qu’ils avaient complété toutes les démarches nécessaires et obtenu l’approbation de leur projet par les services administratifs. Cependant, ces derniers les ont contraints à créer une structure juridique et à signer un contrat de location pour les locaux où leur activité devait se développer. Après avoir fait ces démarches, les entrepreneurs ont attendu pendant des mois que le financement soit débloqué, mais les fonds ne sont jamais arrivés, sans qu’aucune explication claire ne leur soit donnée.

En conséquence, plusieurs porteurs de projets se retrouvent dans une situation délicate. Certains risquent des poursuites judiciaires pour ne pas avoir honoré les termes de leur contrat de bail. D’autres, qui avaient remis des chèques de garantie (une pratique illégale mais courante), se retrouvent coincés après avoir utilisé ces fonds pour acheter du matériel, espérant que le financement arriverait rapidement.

Par ailleurs, d’autres jeunes entrepreneurs doivent faire face à des cotisations sociales obligatoires, notamment pour le régime de couverture médicale, qui continuent de s’accumuler. Ils sont également confrontés à l’obligation de déclarer leurs impôts, bien que leur projet soit en suspens faute de financement.

Ainsi, ce conflit entre les porteurs de projets et les institutions responsables du programme Forsa illustre les difficultés administratives et les écueils bureaucratiques auxquels sont confrontés de nombreux jeunes entrepreneurs au Maroc, malgré les initiatives de soutien mises en place par l’État.

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