Réforme éducative: Le CSEFRS alerte sur l’inertie des mécanismes de suivi

Le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) signale des retards dans la mise en œuvre de la réforme éducative de 2019, mettant en péril l’évolution du système, notamment en raison de l’inactivité des instances de suivi et des retards législatifs.

Dans son rapport annuel portant sur l’année 2023, le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) met en lumière des retards significatifs dans la mise en œuvre de la loi-cadre relative à la réforme du système éducatif, adoptée en août 2019. Cette loi-cadre visait à transformer en profondeur le secteur de l’éducation, avec des objectifs clairs pour améliorer la qualité de l’enseignement, assurer l’équité dans l’accès aux ressources éducatives et moderniser les programmes et les structures.

L’une des premières actions entreprises après la promulgation de cette loi-cadre a été la création de la Commission nationale de suivi et d’accompagnement de la réforme du système éducatif. Cette instance avait pour mission de superviser et de guider l’application des réformes dans tout le pays, en s’assurant que les différents acteurs suivaient une feuille de route clairement définie. Toutefois, après avoir entamé ses travaux avec la publication du décret en 2019, cette commission a cessé ses activités en 2021, seulement deux ans plus tard. Depuis lors, elle ne s’est plus réunie, marquant ainsi un arrêt dans un processus essentiel à la mise en œuvre effective de la réforme.

Le rôle central de cette commission, tel que prévu dans la loi-cadre, était d’assurer une gouvernance efficace des réformes éducatives. Cependant, l’inertie constatée depuis 2021 a également bloqué d’autres outils essentiels, comme le tableau de bord intégré. Ce dernier devait permettre de suivre l’exécution des textes législatifs, les actions à entreprendre et les documents de référence nécessaires pour maintenir le cap sur les objectifs de la réforme. En conséquence, c’est tout le processus de transformation du système éducatif qui a stagné.

Par ailleurs, le rapport du CSEFRS souligne un retard important dans la promulgation de nombreux textes législatifs et réglementaires, pourtant cruciaux pour la poursuite des réformes. Ces textes auraient dû fournir les bases juridiques et administratives pour permettre aux différents établissements éducatifs de s’adapter aux nouvelles orientations. Le conseil a ainsi recommandé d’accélérer leur adoption, car ils constituent des préalables essentiels à toute avancée dans le processus de réforme.

Le CSEFRS a également pointé du doigt le retard pris dans la création de la commission permanente chargée de la révision et de l’adaptation des curricula, des programmes et des formations. Cette instance aurait dû jouer un rôle clé dans la modernisation des contenus pédagogiques afin de répondre aux nouveaux défis du système éducatif.

De plus, l’un des aspects les plus préoccupants, selon le conseil, est que la lenteur du processus pourrait retarder considérablement les résultats escomptés. La première génération d’élèves ayant intégré le système éducatif dans le cadre de cette réforme pourrait ne pas achever son parcours avant l’horizon 2030, bien au-delà des attentes initiales.

Dans ce contexte, le conseil a insisté sur l’importance de préserver et de valoriser les acquis de la réforme, indépendamment des changements politiques et des orientations des responsables ministériels. Il a également souligné la nécessité de poursuivre la lutte contre le décrochage scolaire, qui demeure un fléau majeur, et de renforcer les partenariats public-privé pour garantir l’égalité des chances.

 

Le CSEFRS préconise la mise en place de nouvelles initiatives afin de donner un nouvel élan à la réforme de l’éducation. Ainsi, ces initiatives devraient viser à consolider les progrès déjà réalisés, tout en ouvrant la voie à une réflexion renouvelée sur les défis qui restent à relever. Une mobilisation accrue de l’ensemble des acteurs concernés, accompagnée d’un engagement social à large échelle, serait également nécessaire pour assurer une véritable transformation du système éducatif marocain.

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