World Power to X Summit : Le Maroc pourrait capter jusqu’à 4 milliards de dollars

La 4e édition du « World Power to X Summit » se tient à Marrakech les 8 et 9 octobre, rassemblant les principaux acteurs de l’hydrogène vert et des technologies associées. Sous l’égide du Ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable, cet événement met en lumière les avancées technologiques et les perspectives de financement pour soutenir la transition énergétique au Maroc. Les intervenants, parmi lesquels Mme Leila Benali et M. Ryad Mezzour, ont souligné l’importance de l’innovation, de la formation des talents locaux et de la coopération internationale pour relever les défis de l’énergie verte.

Dans son intervention, Mme Leila Benali, Ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a souligné l’importance de garder espoir face aux défis complexes liés aux avancées technologiques et à l’innovation. Elle a déclaré : « Nous faisons face à une situation héritée du passé, marquée par des bouleversements technologiques. Personne ne peut prévoir exactement à quoi ressembleront les systèmes hybrides verts, le méthanol vert, l’ammoniac vert, ou encore des technologies comme la Xylochain dans les années à venir. »

Elle a insisté sur la nécessité d’être prêts et prudents, en lançant des projets pilotes sur le méthanol vert et les électrolyseurs, tout en intégrant tous les maillons de la chaîne de production, afin que ces technologies se développent rapidement dans les années à venir. Selon elle, « l’humilité face aux changements de politiques fiscales et industrielles a longtemps été sous-estimée, mais a atteint un tournant critique ». Mme Benali a rappelé sa visite à Berlin, un mois après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, où elle avait évoqué le coût de production de l’hydrogène vert à 2 dollars par kilogramme, bien avant l’adoption de la loi sur la réduction des coûts et l’instauration des subventions pour ce secteur. Aujourd’hui, les nouvelles politiques redessinent profondément la chaîne de valeur de l’hydrogène vert, de l’énergie verte et du méthanol vert.

En citant l’exemple des répercussions de l’e-towards-home en Chine, Mme Benali a expliqué que certains analystes le considèrent comme un mouvement de résistance alimenté par le carbone. Elle a ajouté que « tout cela doit être accéléré et financé dès 2024, car les changements mondiaux imposent une croissance économique de plus en plus rapide ».

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Elle a également souligné l’importance de structurer le financement des projets, en insistant sur le fait que « les modèles doivent changer ». Elle a mis en avant la nécessité d’un plan d’investissement solide pour garantir que toutes les ressources nécessaires soient disponibles afin d’investir dans la transformation et la distribution énergétique. Mme Benali a insisté sur l’importance d’un environnement institutionnel transparent, où les risques politiques et technologiques peuvent être pris en compte de manière claire.

Elle a conclu en évoquant les secteurs clés que sont l’électricité, l’industrie et le transport, qui bénéficieront de ces innovations dans les énergies vertes, tout en encourageant les participants à adopter une approche ouverte à l’innovation, la coopération et la créativité. « Aujourd’hui, nous devons réévaluer nos progrès et les accélérer, comme le calculent les experts du monde entier. »

De son côté, M. Ryad Mezzour, Ministre de l’Industrie et du Commerce, a exprimé l’importance d’adopter une approche pragmatique face aux défis économiques actuels. Il a évoqué un marché de 100 milliards de dollars lié à la production de nouvelles technologies, avec un potentiel pour le Maroc de capter jusqu’à 4 milliards de dollars de ce marché. Pour y parvenir, il a souligné la nécessité de renforcer l’intégration locale, en visant des niveaux d’intégration de 30 à 60 % dans certaines industries, et de former davantage les investisseurs locaux à utiliser les talents et les capacités marocaines.

Mezzour a également insisté sur l’importance de l’innovation technologique et de l’éducation des talents locaux pour faire face à la concurrence internationale, tout en appelant à une meilleure coopération entre les secteurs privé et public pour favoriser l’industrialisation verte.

«  Aujourd’hui, les données sont fortement interconnectées, et nous avons un marché global de 100 milliards de dollars qui générera des produits spécifiques au cours des 5, 6 ou 10 prochaines années. Cela se traduira par 30 milliards de dollars de production locale, affirme-t-il. Il ajoute que « si nous comprenons bien notre position, nous avons une opportunité de capter 3 à 4 milliards de dollars de ce marché de 100 milliards. Pour cela, nous devons structurer notre système économique de manière à atteindre un taux d’intégration locale de 30 à 40 %, voire 60 %. Autrefois, nous visions une valeur ajoutée globale de 25 % à 30 % ».

Sekkouri a également souligné que le développement de nouveaux modèles d’affaires dans le secteur de l’énergie repose sur l’innovation et la collaboration. Selon lui, le Maroc a une véritable opportunité de se positionner en tant que leader de l’innovation industrielle, grâce à une gestion optimisée des talents et des ressources locales.

Toutefois, il est primordial de disposer de métriques claires pour évaluer les progrès réalisés, afin de pouvoir intégrer les considérations scientifiques dans nos projets. Nous nous trouvons face à un partenariat reposant sur deux paramètres principaux : les indicateurs de performance et les objectifs à atteindre.

En ce qui concerne ces deux axes, M. Sekkouri suggère qu’il serait pertinent de mettre en place deux nouveaux systèmes. « Si nous voulons élargir notre action, il est essentiel de fournir les outils nécessaires pour soutenir le développement de nouvelles approches »insiste-t-il. Sur le plan économique, la question centrale est de savoir quel modèle commercial adopter pour soutenir cet investissement, en tenant compte des défis et des opportunités du marché. Une innovation majeure repose sur deux facteurs déterminants : les compétences disponibles et le modèle commercial.

En effet, d’ici 2030, on estime que le secteur pourrait créer entre 20 et 30 millions de nouveaux emplois. Cependant, il est important de souligner qu’en parallèle, environ 60 à 70 millions d’emplois pourraient être perdus en raison des transformations sectorielles, notamment dans les régions occidentales.

Par ailleurs, il est prévu que 2 000 étudiants soient formés à « l’University of California », San Francisco (UCSF), et que 3 000 autres institutions en Australie contribuent à la formation de plus de 660 000 personnes dans des programmes de formation professionnelle. Néanmoins, il est crucial de se concentrer sur les types de primes et d’incitations qui seront offerts pour encourager les investissements dans des secteurs spécifiques.

Enfin, M. Sekkouri a souligné qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de primes ou d’incitations, mais aussi de l’échelle du marché et des ressources disponibles. Il est important de comprendre que la valeur des incitations doit être en adéquation avec la réalité du marché. Par exemple, si 10 % des primes atteignent 300 000 $ par an, cela pourrait sembler suffisant, mais il est essentiel de s’assurer que cela représente une valeur réelle pour les acteurs du marché.

Chakib Alj, Président de la CGEM, a abordé l’importance du secteur privé et des actions citoyennes pour relever les défis énergétiques actuels. « Notre politique est fiable et tournée vers l’avenir, tant pour les femmes que pour les hommes. Nous avons les moyens de répondre aux défis liés au stockage de l’énergie, à la décarbonisation des industries, et je pense que ces secteurs peuvent être transformés, tout comme le traitement des produits biologiques et pharmaceutiques. De plus, l’utilisation des énergies renouvelables a été standardisée, représentant environ 25 % de la consommation énergétique mondiale d’ici 2050. La part des énergies renouvelables dans la production d’énergie verte continue de croître, ce qui apportera davantage d’opportunités d’emploi ».

Il a également souligné que « le monde se trouve aujourd’hui à un tournant, avec des opportunités exceptionnelles pour produire des énergies renouvelables à moindre coût, notamment grâce à des ressources comme la pluie, le soleil, la situation géographique favorable, et les expériences accumulées dans le domaine des énergies renouvelables ».

En ce qui concerne le marché du travail, il a mentionné que « l’offre est prometteuse et répondra aux attentes des générations futures. Par exemple, nous créons non seulement des emplois, mais également un écosystème très important, comme nous l’avons fait dans l’industrie automobile. Cet écosystème doit englober tous les aspects, des petites entreprises aux plus grandes, et nous devons veiller à ce que de plus en plus de personnes bénéficient de ces expériences. La technologie est encore récente, mais elle sera intégrée dans les années à venir. Il est donc crucial d’encourager l’adoption de cette technologie et de donner à chacun la possibilité de jouer un rôle dans sa production ».

Enfin, il a conclu en soulignant que « le secteur privé doit être au cœur de ce changement. Nous devons améliorer notre industrie, décarboniser nos pays et faire des choix stratégiques pour le futur. Cela signifie jouer un rôle plus actif dans l’intégration de nouvelles technologies et être présents dans cet écosystème en pleine évolution ».

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