La success stories de Issam Benjelloun

Dans un pays où 1 Ma­rocain sur 2 a moins de 25 ans, et où 1 Ma­rocain de moins de 25 ans sur 3 est au chômage, il convient de présenter quelques « suc­cess stories » de jeunes en­trepreneurs ou salariés ayant réussi à se forger une place de choix dans des marchés compétitifs, pour tenter de contribuer à mieux orienter les jeunes d’aujourd’hui ou tout simplement à leur présen­ter quelques idées de carrières

  • Maroc diplomatique : Tout d’abord, qui êtes-vous, Issam Benjelloun, et en quoi consiste votre activité?
  • Je suis un Casablancais avec un gros ancrage séné­galais, pour y avoir passé ma prime enfance et pour y être retourné deux années, après l’obtention de mon baccalauréat à Casablanca. J’ai 38 ans et je dirige Lead Up, un cabinet de conseil en communication et techniques publicitaires que j’ai créé en 2016, après avoir passé plus de 15 ans dans les métiers de la communication à mon compte, dans le privé et dans un établissement semi-public.

L’idée motrice est de per­mettre à des entreprises qui n’ont pas le moyen de recruter des directeurs de la communi­cation et/ou du développement, d’externaliser cette fonction au­près de Lead Up, dans le cadre de missions de 4 à 6 mois avec un périmètre, préalablement, défini et des objectifs précis, afin de pouvoir impliquer et « challenger » le management en place dans ces structures.

J’occupe également la fonc­tion de directeur du dévelop­pement commercial de Level Up, une imprimerie où je suis actionnaire avec mon frère et qui me permet ainsi de compléter ef­ficacement l’offre de Lead Up.

  • Vous vous êtes donc re­trouvés chef d’entreprise très jeune, était-ce un choix ou une obligation face à un marché de travail délicat ?
  • Il n’y a pas d’opposition entre le salariat et l’entreprena­riat ; dans certains cas et pour certains profils, il s’agit même d’une suite logique. Le salariat est à mon sens un passage exi­gé afin de minimiser le risque d’erreur avant de se lancer dans l’entreprenariat et engager des capitaux propres ou ceux d’in­vestisseurs.

Cela dépend, essentielle­ment, du type de manager que l’on est. Certains voient en l’en­treprenariat une échappatoire à la rigueur et au cloisonnement dans les tâches que peut dicter le salariat. D’autre part, être son propre boss induit une obliga­tion de résultat et de rigueur plus grandes, car il y va tout simplement de la survie de l’en­treprise mais aussi du confort financier de l’entrepreneur.

Disons que j’ai cru en moi à un âge jeune, et ai décidé de tenter une aventure risquée mais que j’espérais fructueuse. L’ave­nir m’a heureusement donné rai­son dans une large mesure.

  • Avez-vous voulu suivre cette voie depuis toujours ?
  • J’ai grandi avec l’idée que je serais médecin et il m’a fal­lu passer deux ans à la faculté de médecine de l’UCAD de Dakar, pour comprendre que je n’étais pas fait pour ce do­maine. J’ai fini par me rendre compte que lorsqu’on ne tra­vaille pas à réaliser ses rêves, on travaille à réaliser ceux des autres. J’ai donc préféré recu­ler pour mieux sauter, sacrifier deux longues années d’études et me consacrer à ma vraie passion.

Par la suite, j’ai pu m’aper­cevoir de la proportion ef­farante des Marocains qui exercent des métiers, par­fois brillamment, mais sans aucune passion. Or, cette composante est absolument indispensable, à mes yeux, à l’épanouissement personnel, mais aussi, à l’excellence opé­rationnelle sur la durée.

  • Pour être entrepreneur, faut-il être porteur d’une idée ou d’un concept extraordi­naires ?
  • Moins de 1% des en­treprises qui se créent sont porteuses d’un concept réel­lement novateur. Je pense qu’avant de chercher l’inno­vation, il est indispensable pour l’entreprise d’asseoir des bases saines à travers une offre tangible et répondant à un besoin réel du marché. Il ne sert à rien de réinventer la roue ou l’eau tiède.

Au Maroc, il faut en finir avec cette envie maladive d’être la 1ère entreprise à faire ceci ou cela. Ce qui compte, ce n’est pas d’être le premier à le faire, mais de le faire aus­si bien, sinon mieux, que les autres.

  • Quels seraient donc vos conseils à destination des jeunes en recherche active d’emploi, ou même ceux en plein cursus éducatif ?
  • Premièrement, suivez la voie que dicte votre coeur, pas celle de vos parents ou de la société bien-pensante. En effet, certaines de vos décisions pour­raient ressembler à un échec aux yeux de la société, mais il pourrait s’agir là de l’une de vos plus belles victoires.

Ensuite, maximisez les stages lors de votre forma­tion, sans chercher forcément une rémunération attractive, et lorsque vous avez votre diplôme, ne cherchez pas là encore le salaire mais faites ce qui vous passionne.

Enfin, soyez malins, agiles mais pas filous. Rien ne vaut et ne remplace l’intégrité intel­lectuelle et professionnelle.

H.B.A

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