La contribution efficace des Marocains résidant à l’étranger dans leurs pays d’accueil

En 2023, l’Union européenne a octroyé 191 840 autorisations de travail saisonnier à des ressortissants étrangers issus de pays hors de l’espace Schengen. Ce chiffre marque une hausse notable de 22,6 % par rapport à l’année précédente, représentant ainsi un record jamais atteint. Selon Eurostat, l’Office européen de statistiques, cette tendance à la hausse persiste depuis cinq ans avec une augmentation de 70,3 % du nombre de travailleurs saisonniers enregistrée, comme le rapporte Schengen-News.

En 2023, 58 547 permis de travail saisonnier ont été délivrés à des ressortissants marocains, ce qui représente 30,5 % de l’ensemble des autorisations octroyées au sein de l’UE. Cette statistique révèle l’importance déterminante de la main-d’œuvre marocaine dans les secteurs agricoles et autres industries saisonnières en Europe. Traditionnellement, les Marocains sont fortement impliqués dans des domaines tels que l’agriculture, la construction et l’hôtellerie, où la demande en main-d’œuvre temporaire est particulièrement forte durant certaines périodes de l’année.

Cette contribution s’inscrit dans un contexte de besoin croissant en travailleurs saisonniers, notamment en France, en Allemagne, en Belgique et en Espagne, pays où les Marocains jouent un rôle central. Leur participation ne se limite pas à des tâches ponctuelles mais constitue une pierre angulaire dans le maintien de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, tout en contribuant à la stabilité des économies locales, particulièrement dans les zones rurales.

L’Italie se positionne comme le pays européen ayant délivré le plus grand nombre d’autorisations de travail saisonnier en 2023, avec 73 536 permis (soit 41,5 % de l’ensemble des autorisations). La France, quant à elle, a délivré 37 354 permis (19,5 %), suivie de la Croatie avec 17 869 permis (9,3 %), l’Espagne avec 12 554 permis (6,5 %), et enfin la Finlande avec 7 842 permis (4,1 %). Ces cinq pays concentrent à eux seuls plus de 80 % des autorisations délivrées au niveau européen. En revanche, des pays comme la Belgique (avec seulement 99 permis) et la Slovaquie (42 permis) sont restés plus restrictifs dans l’octroi de ces autorisations. Certains pays de l’UE, tels que la Hongrie, le Luxembourg, Malte et les Pays-Bas, n’ont délivré aucune autorisation de ce type.

Les Marocains résidant à l’étranger, en particulier ceux établis en France, en Allemagne, en Belgique et en Espagne, ne se contentent pas de jouer un rôle temporaire dans l’économie de leurs pays d’accueil. Leur contribution est visible à travers plusieurs secteurs, bien au-delà du travail saisonnier. En France, par exemple, près de 1,5 million de Marocains ou descendants de Marocains vivent et travaillent. Ils participent activement à la vie économique et sociale à travers une variété d’emplois, notamment dans les services, l’industrie et le commerce.

Dans le secteur agricole, les Marocains ont un rôle de premier plan, en particulier lors des périodes de récoltes, que ce soit dans les vergers français, les champs d’oliviers espagnols ou encore les exploitations agricoles en Allemagne et en Belgique. Leur présence permet de combler le déficit de main-d’œuvre dans des secteurs où la demande est saisonnière et souvent très concentrée dans le temps. Ce phénomène est particulièrement visible dans les régions rurales, où les populations locales ne suffisent plus à satisfaire les besoins des exploitants agricoles. L’apport de ces travailleurs étrangers, et notamment marocains, devient alors essentiel pour assurer la continuité des activités économiques.

Des Marocains, acteurs de la diversification économique

Si l’agriculture reste un domaine central, la diversification des secteurs où les Marocains sont actifs mérite également d’être soulignée. En Allemagne, en Belgique et en Espagne, un nombre croissant de Marocains investit dans des petites et moyennes entreprises, contribuant ainsi à la croissance de leurs pays d’accueil tout en favorisant les échanges entre l’Europe et le Maroc. Leur présence dans le secteur entrepreneurial est un indicateur de l’intégration réussie d’une partie de cette diaspora, qui participe activement au dynamisme économique européen tout en renforçant les liens commerciaux et culturels avec le Maroc.

En plus de leur participation au marché du travail, les Marocains résidant en Europe jouent un rôle fondamental dans le soutien de l’économie de leur pays d’origine par le biais des transferts de fonds. Selon les données de la Banque mondiale, les Marocains à l’étranger ont transféré près de 10 milliards de dollars en 2023, faisant du Maroc l’un des principaux pays bénéficiaires de remises migratoires à l’échelle mondiale. Ces fonds sont essentiels pour des millions de familles marocaines, car ils financent des besoins fondamentaux tels que l’éducation, la santé ou encore l’investissement dans des projets locaux.

Les remises des Marocains vivant en France, en Allemagne, en Belgique et en Espagne représentent une part importante de ces transferts, reflétant ainsi la solidarité de la diaspora marocaine envers son pays d’origine. En outre, ces fonds participent à la réduction de la pauvreté, à la création d’emplois et à la stimulation de l’investissement au Maroc, contribuant ainsi à la stabilité économique et sociale du pays.

La contribution des Marocains à l’économie des pays européens dépasse donc largement le cadre des emplois saisonniers. En tant qu’acteurs essentiels dans divers secteurs, ils participent non seulement à la croissance économique mais aussi au renforcement des relations bilatérales entre le Maroc et l’Europe. Il est essentiel de reconnaître et de valoriser cette contribution, qui, loin d’être temporaire, s’inscrit dans une dynamique de long terme, au bénéfice des deux rives de la Méditerranée.

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