Surcharge des universités marocaines à 258% de leur capacité

Les universités marocaines font face à une surcharge critique, avec un nombre d’étudiants largement supérieur à leur capacité d’accueil. Le dernier rapport du CESE révèle que les établissements à accès ouvert affichent un taux d’occupation alarmant. En parallèle, la nécessité de réformer le système éducatif et d’améliorer l’encadrement pédagogique devient de plus en plus pressante.

Les universités marocaines se trouvent actuellement dans une situation de surcharge importante, avec un nombre d’étudiants qui dépasse largement leur capacité d’accueil. Ce phénomène est particulièrement préoccupant dans le contexte actuel où l’éducation est un levier essentiel pour le développement économique et social du pays. Selon le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) daté du 21 octobre 2024, les établissements à accès ouvert sont confrontés à une affluence massive, affichant un taux d’occupation de 258 % par rapport à leur capacité prévue. En revanche, les institutions d’enseignement supérieur à accès régulé présentent un taux plus acceptable de 80 %, ce qui témoigne d’une gestion plus efficace de leurs ressources.

Le rapport souligne également les défis associés à la mise en œuvre du Pacte ESRI 2030, qui vise à moderniser et renforcer le système éducatif marocain. Malgré certaines avancées notables, le plan ESRI 2030 est confronté à des obstacles structurels, en particulier dans l’enseignement supérieur public. Ce dernier secteur montre un ralentissement dans la croissance du nombre d’étudiants inscrits, avec une augmentation de seulement 0,9 % pour l’année académique 2023-2024, par rapport à 3,24 % en 2022-2023. Ce contraste est encore plus frappant si l’on considère que l’enseignement supérieur privé a enregistré des taux de croissance de 13 % et 12 % durant ces mêmes périodes. Ce déséquilibre soulève des questions sur l’attractivité et la qualité de l’enseignement public par rapport à celui du secteur privé.

Un aspect crucial à considérer est l’écart d’encadrement pédagogique entre le secteur public et le secteur privé. Le rapport met en lumière le ratio enseignant-étudiant, qui atteint un chiffre alarmant de 69 dans le secteur public, tandis qu’il n’est que de 10 dans le privé. Cette disparité contribue à un taux d’abandon universitaire élevé, estimé à 49,4 % dans le secteur public.

Abdellatif Miraoui, Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, avait déclaré il y a un mois : « Nous assistons actuellement à une démocratisation de l’enseignement supérieur, similaire à celle observée dans plusieurs pays africains. Pour moi, cette surcharge est un signe d’attractivité, ce qui constitue un atout pour notre pays. Cependant, il est important de noter que le taux d’encadrement reste inférieur à celui de nations telles que la Turquie, l’Espagne ou le Portugal. »

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« À l’heure actuelle, il n’est plus possible d’enseigner de la manière dont nous le faisions auparavant, et la digitalisation contribue fortement à l’introduction de nouvelles méthodes pédagogiques. Je suis convaincu qu’il est essentiel de développer cette approche hybride pour réduire la pression de 30 à 40 %, à condition que les efforts soient appliqués de manière efficace, en particulier par le biais de la nouvelle architecture pédagogique qui facilite ce processus d’autonomie », a souligné Miraoui.

État des lieux et perspectives d’amélioration

En parallèle, le Maroc continue de développer son paysage en matière de propriété intellectuelle. En 2022, le pays comptait 10.128 brevets en vigueur, ce qui le plaçait au 55ème rang mondial. Cette même année, 2.913 demandes de brevets ont été déposées. Parmi les principaux déposants, l’Université Internationale de Rabat se distingue avec 32 brevets, suivie de l’Université Sidi Mohammed Ben Abdallah avec 22 brevets, et de l’Université Mohammed VI Polytechnique avec 6 brevets. Cependant, ces chiffres demeurent modestes en comparaison avec d’autres pays, comme l’Afrique du Sud, qui en compte 13.990, ainsi que la Turquie et le Vietnam. Cette situation met en évidence la nécessité pour le Maroc de renforcer ses capacités en recherche et développement afin de stimuler l’innovation.

Dans le domaine de la recherche et de l’innovation, les universités publiques disposent de 722 laboratoires, accueillant 43.970 doctorants. Cependant, ce chiffre représente une baisse de 2,7 % par rapport à l’année précédente, ce qui soulève des questions sur l’engagement du pays envers la formation avancée et la recherche scientifique.

Le classement mondial de l’innovation constitue un autre indicateur clé de la compétitivité du Maroc. En 2023, le pays a chuté à la 70ème place parmi 132 pays, perdant trois positions par rapport à 2022. Dans le groupe des pays à revenu intermédiaire inférieur, le Maroc se classe 8ème, et occupe la 11ème place dans la région Afrique du Nord et Asie occidentale. Cette situation met en avant à la fois les atouts du Maroc et les domaines nécessitant des améliorations significatives.

Le pays s’est distingué dans le secteur du design industriel, se classant 10ème mondialement, et se positionne également 23ème dans l’industrie de haute technologie et 24ème en termes de diplômés en sciences et ingénierie. Ces résultats témoignent du potentiel du Maroc à devenir un acteur majeur dans des secteurs d’avenir.

En 2023, une légère augmentation de la promotion de la recherche scientifique a été constatée dans le budget du ministère de l’Enseignement supérieur, représentant 1,1 % contre 0,92 % en 2022. Cependant, il est impératif que des efforts supplémentaires soient déployés pour atteindre des résultats tangibles et durables. En investissant dans l’éducation, la recherche et l’innovation, le Maroc peut espérer non seulement améliorer la qualité de son enseignement supérieur, mais aussi renforcer son rôle dans l’économie mondiale.

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