Viandes rouges : Quand la flambée des prix devient le miroir des failles structurelles du secteur
Dans un contexte marqué par une inflation persistante, les prix de la viande rouge, ovine et bovine, continuent toujours de s’envoler au détriment du pouvoir d’achat du consommateur marocain lourdement affaibli. Cette envolée des prix implacable lève le voile sur les failles structurelles du secteur des viandes rouges.
Cela fait des mois que la viande rouge affiche des prix bien élevés. La semaine dernière, le prix de viande bovine, dans les marchés de Casablanca, avait oscillé entre 91 et 93 dirhams le kilogramme, tandis que celui de la viande ovine tournait autour de 120 dirhams et même plus. Ces prix en hausse constituent un lourd fardeau pour les ménages marocains, notamment les plus démunis qui peinent désormais à subvenir à leurs besoins les plus basiques et se trouvent contraints de renoncer complètement à cette source de protéines essentielles qui devient, pour la plupart d’entre eux, un produit de luxe. Cette situation critique accentue la précarité alimentaire et suscite la frustration et l’indignation des consommateurs marocains.
Pour y faire face et en vue de freiner cette envolée des prix et rétablir une certaine stabilité au niveau du marché national, de nombreuses actions ont été entreprises par le gouvernement, parmi lesquelles l’octroi des subventions pour les éleveurs et l’encouragement de l’importation de têtes de bétail destinées à l’abattage. Néanmoins, ces actions se sont révélées vaines puisque la hausse des prix a persisté malgré tout. Pire encore, elle est devenue une véritable problématique préoccupante pour bon nombre de ménages marocains plongés dans une précarité financière et un désarroi grandissants.
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C’est ainsi que le gouvernement s’est tourné vers une nouvelle mesure en autorisant l’importation des viandes rouges fraiches, réfrigérée ou congelée à partir d’une liste bien définie de pays. Cette décision, prise à la suite d’une réunion entre l’exécutif et le patronat agricole et annoncée dans un communiqué de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), aspire à répondre à la demande croissante des consommateurs marocains et à réduire les prix galopants de la viande rouge sur les marchés locaux. Comme elle vise aussi à alléger la pression sur le cheptel national.
Les facteurs de la flambée des prix restent multiples
En adoptant cette mesure, le gouvernement aspire à mettre un terme à cette flambée des prix persistants qui, rappelons-le, résulte de plusieurs facteurs qui se sont accumulés, au fil des ans. En effet, les sécheresses consécutives, ayant frappé le Maroc au cours des dernières années, ont drastiquement réduit les réserves de fourrage et appauvri les pâturages, entraînant ainsi une augmentation des coûts de production et d’alimentation du bétail. Cette situation a lourdement impacté les éleveurs qui peinent désormais à maintenir une offre suffisante face à une demande de plus en plus croissante. Ce qui se répercute directement sur les prix de vente.
A cela, s’ajoutent les pratiques spéculatives et de monopolisation qui exacerbent encore plus la situation. Dans ce cadre, les acteurs du secteur pointent du doigt le monopole exercé sur les subventions accordées par l’Etat pour la reconstitution des cheptels, soulignant qu’un tel accaparement ne pourrait profiter qu’aux gros investisseurs agricoles. Chose qui a engendré, selon eux, la dégradation de la filière des viandes rouges malgré tous les contrats programmes et stratégies mis en place.
Des craintes surgissent quant à de nouvelles pratiques spéculatives
Ces défaillances constatées suscitent de nouvelles inquiétudes chez les professionnels du secteur et les consommateurs qui craignent que le même scénario se reproduise une fois de plus et engendre une montée des prix des viandes importées. Certes, la décision de l’ONSSA se présente comme étant une mesure ambitieuse qui vise à résoudre la problématique de la hausse des prix de la viande rouge. Toutefois, celle peut être mise en échec par des pratiques peu scrupuleuses.
Dans ce sens, la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC) met en garde contre les pratiques spéculatives susceptibles de rendre vaine toute action œuvrant pour la stabilité des prix. Soulignant, à cet égard, que la situation actuelle est « symptomatique d’une mauvaise organisation des filières » et que la crise de la viande rouge au Maroc révèle les failles structurelles du secteur de l’élevage en particulier et nécessite une refonte complète des systèmes de production, de contrôle et de distribution.