Sahara : Les enjeux de la prochaine résolution du conseil de sécurité

Alors que la fin du mois approche, le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à se prononcer sur une nouvelle résolution concernant le Sahara. Ce texte, attendu avec impatience, ne promet pas de solution définitive à ce conflit, mais devrait consolider le cadre de négociations initié en 2007 sous l’égide des Nations Unies. Le renouvellement du mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire, acte symbolique mais déterminant, servira de point d’appui pour rappeler la nécessité d’un processus politique inclusif et réaliste.

Les États-Unis, alliés stratégiques du Maroc et rédacteurs principaux du texte, jouent un rôle dans l’élaboration de cette résolution. La France, de son côté, soutient le Maroc sur la scène internationale, a par ailleurs, récemment reconnu à la marocanité du Sahara, décision qui constitue un appui de taille pour le Maroc.

Des sources diplomatiques révèlent que la nouvelle résolution soulignera fermement l’importance d’un dialogue ouvert entre toutes les parties, y compris l’Algérie, invitée à plusieurs reprises à participer activement aux pourparlers sous l’égide de l’ONU. Pourtant, l’Algérie continue de montrer une certaine réticence, préférant se positionner comme un soutien extérieur aux revendications du Front Polisario plutôt que comme une partie prenante directe.

La pression pour inclure l’Algérie dans le processus de dialogue s’est accentuée depuis la publication du dernier rapport du secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Ce rapport, très attendu, n’a pas manqué de pointer le refus persistant de l’Algérie de s’engager dans des discussions directes, affaiblissant ainsi les efforts pour une résolution négociée du conflit. En mars et en avril derniers, les rencontres entre l’envoyé personnel de Guterres et le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, n’ont pas permis de surmonter ces blocages. Le ministre algérien a réaffirmé la position de son pays, soutenant « le droit à l’autodétermination » du peuple sahraoui et niant toute implication directe dans le conflit.

La France et les États-Unis, en tant qu’alliés historiques du Maroc, apportent un soutien manifeste au plan d’autonomie marocain, présenté depuis 2007 comme la meilleure voie vers une résolution pacifique. Cette initiative, vue par de nombreux observateurs comme pragmatique et inclusive, propose une large autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, assurant ainsi une stabilité dans une région marquée par les incertitudes géopolitiques.

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, a récemment réaffirmé la position de Rabat : « La proposition d’autonomie est une conclusion et non un point de départ pour des négociations sans fin. » Une déclaration faite dans un contexte où certaines voix, notamment celle de l’envoyé de l’ONU Staffan de Mistura, suggèrent un plan de partage du Sahara. Le Maroc a réagi avec fermeté à cette idée, qualifiant la proposition de « solution morte » avant même sa formulation officielle, rappelant le rejet par Rabat d’une proposition similaire en 2002 sous l’ancien émissaire James Baker, un plan jugé inacceptable par le Maroc.

L’Absence de mention du plan de partition dans la résolution

Face à la forte opposition marocaine, le projet de résolution ne fera aucune mention du plan de partition, selon les informations disponibles. Ce choix indique clairement la priorité donnée à une approche fondée sur le compromis et le réalisme, en ligne avec les résolutions précédentes. Les États-Unis, rédacteurs de la résolution, veillent à maintenir un équilibre délicat qui favorise le dialogue tout en préservant la souveraineté territoriale du Maroc, une position soutenue activement par la France.

La question humanitaire des camps de Tindouf, où résident des milliers de Sahraouis dans des conditions précaires, est un autre point critique de la résolution. Le secrétaire général de l’ONU, dans son dernier rapport, a exprimé son inquiétude quant à la dégradation des conditions de vie dans ces camps, en raison de l’augmentation des prix alimentaires et des limitations économiques locales. Cette situation expose les Sahraouis à une insécurité alimentaire chronique, exacerbée par l’isolement des camps et la mainmise du Front Polisario, soutenu par l’Algérie.

En dépit de l’aide internationale, les restrictions à la liberté de mouvement imposées par les autorités des camps empêchent les organisations humanitaires de mener des actions efficaces, notamment un recensement précis des résidents. Les estimations indiquent une population d’environ 90 000 personnes, mais de nombreuses sources affirment que seulement 20 % de ces habitants seraient d’origine sahraouie, les autres étant principalement issus d’Algérie ou de tribus locales, un facteur souvent ignoré dans les discussions officielles.

Contexte géopolitique complexe

Au-delà du contexte saharien, le soutien de la France et des États-Unis à la résolution s’inscrit dans une stratégie plus large visant à stabiliser le Maghreb et le Sahel, régions confrontées aux menaces terroristes et à des conflits interétatiques. Le Maroc, allié fiable dans cette lutte contre l’extrémisme, bénéficie du soutien de Washington et de Paris, qui reconnaissent l’importance de maintenir une forte coopération sécuritaire dans une zone marquée par les incertitudes géopolitiques.

La résolution du Conseil de sécurité n’apportera peut-être pas de réponse immédiate au conflit, mais elle poursuit un objectif essentiel : poser des bases durables pour une solution négociée. La position des États-Unis et de la France témoigne de la volonté d’accompagner le Maroc dans ses efforts diplomatiques, tout en maintenant une pression modérée mais constante sur l’Algérie pour qu’elle participe de manière constructive au processus de paix.

Cette résolution révèle  le soutien stratégique de Paris et de Washington à une solution politique fondée sur le compromis et le réalisme, des valeurs partagées par les alliés du Maroc qui voient en ce pays un partenaire clé pour la stabilité régionale. Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à voter, il est clair que la question du Sahara continue de polariser les intérêts internationaux, tout en imposant aux acteurs régionaux un devoir de responsabilité dans la recherche d’une paix durable.

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