Souveraineté médicamenteuse : Le Maroc sur les bons rails
Assurer la souveraineté médicamenteuse nationale, un objectif majeur placé au centre des priorités du Maroc. Fort d’une capacité de production de 70% de ses besoins en médicaments, le royaume ambitionne de renforcer davantage son industrie pharmaceutique. Dans ce sens, Rabat a abrité, le 26 octobre, la première édition du Congrès International de la Pharmacie de Demain au Maroc. Un événement qui ambitionne d’unir les compétences des professionnels marocains d’ici et d’ailleurs en vue de construire une pharmacie marocaine innovante et résiliente face aux enjeux de demain.
La santé est un secteur vital qui revêt une importance cruciale au Maroc. Au fil des ans, le royaume s’est engagé activement en faveur du développement du secteur et de la mise en place d’un système de santé solide qui répond aux besoins des citoyens, conformément aux directives royales.
En effet, le Roi Mohammed VI a toujours fait de la promotion du secteur son cheval de bataille, l’inscrivant ainsi parmi les grands chantiers essentiels du pays et l’érigeant en l’un des piliers majeurs du développement durable, comme en témoigne clairement le discours Royal adressé au Parlement, le 8 octobre 2021.
«(…) La crise pandémique a révélé le retour en force du thème de la souveraineté. Qu’elle soit sanitaire, énergétique, industrielle, alimentaire ou autre, sa préservation est devenue l’enjeu d’une véritable compétition qui suscite des réactions fébriles chez certains », a-t-il soutenu.
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Dans ce sens, le gouvernement a entrepris de nombreuses actions pour promouvoir le secteur de la santé. Mais aussi pour garantir la souveraineté sanitaire et médicamenteuse du pays. Ainsi, plusieurs stratégies ont ainsi été mises en place et de nombreux partenariats public-privé ont été conclus en vue de stimuler l’industrie locale et de faciliter la recherche et le développement dans le secteur pharmaceutique.
C’est d’ailleurs ce qui a permis au Maroc de parvenir à produire jusqu’à 70 % de ses besoins en médicaments, y compris les génériques, et d’exporter environ 16% de sa production, générant ainsi environ 15 milliards de dirhams de chiffre d’affaires par an, selon le dernier rapport du Policy Center. Il convient de préciser, à cet égard, que la production nationale a augmenté de manière significative en 2023, avec une hausse du chiffre d’affaires dépassant les 21 MMDH. Cette performance érige le royaume en un acteur clé dans le secteur pharmaceutique au niveau du continent. Comme elle le positionne comme étant le deuxième producteur de médicaments en Afrique et le cinquième de la région MENA.
En vue de renforcer encore davantage cette dynamique, une usine de vaccins, à même de produire 144 millions de doses par an, verra le jour dans les prochaines années. Cette dernière permettrait non seulement de satisfaire la demande nationale, estimée à 22 millions de doses par an, mais aussi d’exporter ces produits vers d’autres pays africains. C’est d’ailleurs ce qu’a indiqué l’ancien ministre de la santé lors d’une session parlementaire tenue le 16 juillet 2024.
« Cette usine de vaccins est un projet stratégique qui renforcera notre position en tant que leader régional dans le domaine de la santé. » Et d’ajouter, « Elle nous permettra de répondre efficacement aux besoins de notre population tout en contribuant à la santé publique sur le continent africain. », a-t-il affirmé.
Malgré les avancées, les pénuries des médicaments persistent
Certes, de multiples actions sont entreprises pour promouvoir l’industrie pharmaceutique nationale et répondre aux besoins de tous les citoyens. Toutefois, la pénurie des médicaments reste récurrente. En ce début du mois d’octobre, le centre Mohammed VI pour le traitement du cancer, situé au sein du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Ibn Rochd, a été confronté à une rupture d’approvisionnement de certains traitements vitaux pour les patients atteints de cancer comme les médicaments hormonaux et certaines chimiothérapies. Une situation qui constitue une réelle menace pour la vie des patients et requiert des efforts supplémentaires pour pouvoir y remédier.
L’investissement étranger : un levier de développement de l’industrie pharmaceutique
Pour faire face à ces pénuries qui touchent principalement les médicaments brevetés ou basés sur la biotechnologie, qui ne peuvent être produits localement, le Maroc se tourne désormais vers une nouvelle initiative qui vise à réunir les compétences marocaines et étrangères en vue de développer une industrie pharmaceutique nationale innovante et résiliente.
Dans ce sens, Rabat a abrité, le 26 octobre, la première édition du Congrès International de la Pharmacie de Demain au Maroc (CIPDM). Initiée par le Conseil national de l’insertion des compétences marocaines du monde avec le soutien du ministère de l’Industrie et du Commerce, ce conclave a réuni une pléthore de pharmaciens et d’industriels en biotechnologie, d’origine marocaine, exerçant dans divers pays étrangers. Et ce, en vue de rassembler leurs expertises et de leur permettre de partager des propositions, des visions et des solutions susceptibles de développer l’industrie pharmaceutique au Maroc et de bâtir une pharmacie nationale innovante et résiliente. Chose qui contribuera amplement au renforcement de la souveraineté médicamenteuse du royaume.
Dans ce cadre, une convention a été signée entre le Conseil national de l’insertion des compétences marocaines du monde et la Banque Centrale Populaire afin d’accompagner les porteurs de projets innovants désirant investir au Maroc dans le secteur de l’industrie pharmaceutique.
Le royaume vise ainsi à limiter son dépendance vis-à-vis des marchés étrangers et partant assurer son autonomie pharmaceutique tout en faisant du «Made in Morocco» un marqueur de qualité et de compétitivité.