Baisse de la production d’olives: Le gouvernement tente de freiner la spirale
Le ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari, a récemment mis en lumière le déclin de la production d’olives au royaume, une situation qui suscite de vives inquiétudes pour l’économie nationale. Cette tendance négative, attribuée à des conditions climatiques de plus en plus défavorables, pourrait également compromettre l’approvisionnement en huile d’olive, un produit essentiel pour de nombreux consommateurs.
Le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Ahmed El Bouari, a indiqué que la production d’olives au Maroc, qui est en déclin constant, ne devrait pas dépasser 950 millions de tonnes cette année. Ce chiffre souligne une tendance préoccupante pour un secteur essentiel de l’économie nationale.
Cette production représente une chute de 11 % par rapport à l’année précédente, mais surtout une baisse encore plus marquée de 40 % comparée aux moyennes observées lors des années considérées comme « normales ». Ces données mettent en évidence les difficultés rencontrées par les producteurs d’olives, qui sont confrontés à des conditions climatiques de plus en plus adverses.
Le ministre a précisé que cette diminution est largement attribuable à des années successives de sécheresse qui ont gravement impacté la chaîne de production des olives. Même les zones irriguées, habituellement moins vulnérables aux aléas climatiques, n’ont pas échappé à cette situation, ayant été affectées par les vagues de chaleur intenses qui ont caractérisé les dernières années.
Les conséquences de cette faible récolte sont préoccupantes, car elles affecteront inévitablement la production d’huile d’olive, un produit dont la demande est particulièrement élevée. Par ailleurs, Ahmed El Bouari a informé les députés que cette année, seules 90 000 tonnes d’olives seront récoltées, alors que la consommation nationale annuelle oscille généralement entre 130 000 et 140 000 tonnes. Cet écart entre la production et la demande pose un défi considérable pour le marché.
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Pour éviter une flambée des prix des olives et de l’huile d’olive en raison de cette inadéquation entre l’offre et la demande, le ministre a rappelé que le gouvernement a pris la décision de suspendre les droits d’importation sur certaines variétés d’huile d’olive, en particulier celles classées « vierges » et « extra-vierges ». Cette mesure vise à pallier les pénuries sur le marché local et à stabiliser les prix pour les consommateurs.
Cependant, il a également insisté sur la nécessité de mettre en place des contrôles stricts pour garantir « la qualité des produits importés ». Il a mentionné que des mesures supplémentaires seront introduites pour réguler les exportations nationales, notamment en instaurant un système d’autorisation pour certaines catégories d’huiles et en limitant les volumes destinés à l’exportation.
Perspectives et développements de la filière
La crise liée à la production d’olives, et par extension à celle de l’huile d’olive, semble bien loin d’être résolue. En effet, les prix de l’huile d’olive ont plus que doublé ces dernières années, rendant ce produit parfois inabordable pour certaines couches de la population. Cette situation soulève des questions sur la durabilité du secteur et l’impact sur les consommateurs, qui doivent faire face à des hausses de prix significatives dans un contexte économique déjà difficile.
La superficie plantée d’oliviers atteint 1,2 million d’hectares, représentant 65 % de la superficie totale des arbres fruitiers à l’échelle nationale. La production nationale d’olives est estimée à environ 1,96 million de tonnes. Cette filière est en cours de développement dans le cadre de la stratégie « Génération Verte », avec l’objectif d’atteindre 3,5 millions de tonnes de production à l’horizon 2030.
Cette filière a connu un développement significatif dans le cadre du Plan Maroc Vert, grâce aux surfaces plantées, aux aides de l’État via le Fonds de Développement Agricole et aux efforts des professionnels. La superficie dédiée aux oliviers a ainsi augmenté de 61 % entre 2008 et 2022, entraînant une hausse de 209 % du rendement moyen de la production d’olives sur la même période. La filière de production d’olives constitue une source importante d’emploi, générant environ 51 millions de jours de travail par an. De plus, elle contribue à hauteur de 20 % à la couverture des besoins en huiles végétales.
De plus, une progression significative a été enregistrée, avec une augmentation des exportations d’huile d’olive et d’huile de tourteau d’olive, passant de 17 000 tonnes à 31 000 tonnes, et des exportations d’olives de table, qui sont passées de 58 000 tonnes à 90 000 tonnes, entre 2015 et 2022. Le chiffre d’affaires des exportations de ces deux produits a dépassé 2 milliards de dirhams par an, soit une augmentation d’environ 700 millions de dirhams par rapport à la valeur moyenne des exportations annuelles de la période 2003 à 2007.
Ces chiffres ont contribué à l’équilibre de la balance commerciale, en garantissant un flux de devises équivalant à 2 milliards de dirhams par an, avec un volume d’exportations de 91 300 tonnes par an d’olives de table, 15 000 tonnes par an d’huile d’olive et 13 700 tonnes par an d’huile de tourteau d’olive. Ainsi, le Maroc se classe au 3e rang des exportateurs d’olives de table et au 9e rang des exportateurs d’huile d’olive.
Parallèlement, les prix ont augmenté cette année et poursuivent leur tendance à la hausse sur le marché local. Selon les chiffres du Bureau des changes, les exportations d’huile d’olive au cours des 6 premiers mois de l’année en cours ont atteint 634 millions de dirhams (pour 10 000 tonnes), contre 216 millions de dirhams durant la même période l’année précédente.