Business Forum ZLECAF, un pas de plus pour stimuler le commerce Intra-Afrique
Le Business Forum ZLECAF, organisé à Casablanca le 5 novembre 2024, a rassemblé des leaders politiques, des ministres africains, des experts et des représentants d’entreprises pour discuter des opportunités offertes par la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine. Ce forum a mis en avant l’importance de stimuler le commerce intra-africain, en abordant des enjeux clés comme les infrastructures logistiques, la digitalisation et la collaboration entre les secteurs public et privé pour favoriser une croissance économique durable sur le continent.
Le forum a mis en lumière les enjeux stratégiques du commerce intra-africain, en particulier à travers la mise en œuvre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine, un projet phare destiné à transformer l’économie africaine. Il a été un moment crucial pour discuter des nouvelles opportunités créées par l’ouverture des marchés et des défis à relever pour stimuler les échanges commerciaux entre les pays du continent.
Le Business Forum ZLECAF a permis de dresser un état des lieux des opportunités offertes par la ZLECAF, mais aussi des obstacles à surmonter pour en maximiser l’impact. Comme l’a souligné M. Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’ASMEX, une logistique performante et une infrastructure moderne sont essentielles pour réussir cette transition vers une zone de libre-échange véritablement efficace. « La logistique est le catalyseur des échanges commerciaux », a-t-il insisté, soulignant que des solutions innovantes étaient nécessaires pour réduire les coûts et fluidifier les transactions entre les pays africains.
Cet appel à l’innovation dans la logistique et les infrastructures a trouvé un écho auprès des différents participants, qui ont souligné la nécessité d’une approche collaborative pour créer un environnement propice à la croissance du commerce intra-africain.
La vision du Maroc pour un commerce africain renforcé
Dans sa déclaration, Omar Hjira, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce, chargé du commerce extérieur, a réaffirmé l’engagement du Maroc à soutenir la ZLECAF. Il a rappelé que le volume des échanges commerciaux intra-africains reste faible, à peine 15%, en comparaison avec d’autres blocs régionaux comme l’Union Européenne où ce chiffre dépasse les 60 %. Cette situation met en lumière les immenses opportunités offertes par le marché africain de 1,3 milliard de personnes.
« Le marché africain est une opportunité stratégique pour les exportateurs marocains et les entreprises africaines en général », a souligné M. Hjira, précisant que la politique du gouvernement marocain vise à encourager les exportations tout en créant des emplois à travers le soutien aux entreprises. Le secteur privé a donc un rôle clé à jouer dans l’exploitation de ces opportunités commerciales, avec l’appui des politiques publiques qui favorisent l’accès aux marchés africains.
Un autre temps fort du forum a été la prise de parole de M. Wamkele Mene, Secrétaire Général de la ZLECAF, qui a détaillé les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la zone de libre-échange. Il a souligné que l’objectif de la ZLECAF est de stimuler une transformation économique en Afrique, en encourageant la production de biens à plus forte valeur ajoutée. « L’industrialisation du continent est essentielle pour réduire notre dépendance aux exportations de matières premières », a-t-il expliqué.
Il a également mentionné que la ZLECAF favorise la création d’emplois grâce à une meilleure intégration des marchés africains. En offrant une meilleure mobilité des biens et des services, la ZLECAF permettra à l’Afrique de se positionner comme un pôle économique attractif pour les investisseurs étrangers, tout en soutenant les entreprises locales.
Une stratégie d’engagement du secteur privé pour dynamiser l’économie
Au cœur des discussions, la stratégie d’engagement du secteur privé a été un autre point majeur du forum. Cette stratégie se concentre sur 4 secteurs clés : l’agriculture et les outils agricoles, l’automobile, le secteur pharmaceutique, le transport et la logistique. L’objectif est de promouvoir ces secteurs stratégiques afin de stimuler l’investissement, l’innovation et l’industrie en Afrique.
Les ministres présents ont souligné que le secteur privé est l’un des moteurs principaux de cette transformation. Les investissements dans ces secteurs devraient non seulement créer des emplois, mais aussi permettre à l’Afrique de se positionner sur des marchés internationaux en produisant des biens à forte valeur ajoutée. Le secteur automobile, en particulier, a été identifié comme une priorité, avec des projets visant à accroître la production locale et à renforcer les capacités industrielles du continent.
La question de l’industrie automobile a été particulièrement discutée lors du forum. L’Afrique, qui produit actuellement 1,2 million de véhicules par an, a un potentiel considérable dans ce secteur. Selon M. Mene, l’objectif est de produire jusqu’à 5 milliards de véhicules de passagers d’ici 2035. Cependant, il a également souligné les défis à relever, notamment en matière d’infrastructures et de formation. « Ce défi représente aussi une opportunité pour l’Afrique de répondre à la demande locale tout en créant des emplois et en attirant des investissements », a-t-il affirmé.
Le Maroc, en tant que leader régional de l’industrie automobile, a un rôle clé à jouer dans ce processus. Le pays est déjà un hub de production automobile pour les marchés africains et européens, et il pourrait tirer parti de l’essor de la ZLECAF pour renforcer sa position et développer des partenariats régionaux.
Le forum a aussi été l’occasion de présenter des outils novateurs destinés à faciliter les échanges intra-africains. Parmi eux, le « Prisme du commerce et de la consommation panafricain » a été mis en avant. Ce dispositif permet aux entreprises africaines d’effectuer des paiements en monnaie locale, réduisant ainsi les coûts de conversion des devises et facilitant les transactions commerciales entre pays africains.
Des avancées notables ont également été réalisées en matière de digitalisation du commerce, avec l’introduction du livre tarifaire électronique et des systèmes de paiement qui simplifient les échanges commerciaux. Ces outils technologiques visent à réduire les obstacles administratifs et à offrir une plus grande transparence dans les transactions commerciales
L’Égypte : Un acteur clé du commerce intra-africain
Yahya Elwathik Bellah Abdelmoneim Ahmed, Ministre Commercial Plénipotentiaire et Chef de la Représentation Commerciale d’Égypte, a souligné l’importance stratégique de la ZLECAF pour le pays. Depuis son intégration dans le système indépendant des pays africains, l’Égypte a progressivement mis en place des initiatives visant à renforcer les relations commerciales tant avec le monde occidental qu’avec le continent africain.
Les hommes d’affaires égyptiens ont depuis longtemps pris conscience des avantages d’une coopération étroite avec les pays africains. Cependant, plusieurs défis demeurent, notamment en ce qui concerne le manque de données fiables et actualisées sur les échanges commerciaux entre l’Égypte et les autres nations africaines. Un point crucial qui a été mis en évidence lors des discussions est la nécessité de structurer l’accès à l’information pour faciliter les échanges commerciaux. À cet égard, l’une des mesures clés évoquées par M. Abdelmoneim Ahmed est la mise en place d’une base de données robuste, centralisant toutes les informations nécessaires sur les exportations et les importations des pays africains.
Cette plateforme, activée via les bureaux commerciaux en Afrique, permettra non seulement d’optimiser les processus administratifs mais aussi de faciliter les transactions entre les exportateurs et importateurs africains, en offrant des données claires sur les produits disponibles et les opportunités commerciales. Une telle initiative devrait permettre aux entreprises égyptiennes de mieux comprendre les produits dont elles disposent et d’identifier des marchés potentiels sur le continent, tout en soutenant les exportateurs et importateurs africains dans leurs démarches.
La Zambie : Vers une meilleure coopération commerciale intra-africaine
Mme Chinyama Margret Moonga Chikuba, Directrice du Commerce au Ministère du Commerce de la République de Zambie, a également souligné les efforts considérables de son pays pour améliorer les échanges commerciaux intra-africains, en réponse aux défis liés à la libéralisation du commerce. Tout comme l’Égypte, la Zambie a amorcé un processus de centralisation des informations relatives aux exportations et aux importations dans le but d’offrir aux entrepreneurs privés une meilleure compréhension des opportunités commerciales à travers le continent.
Mme Chikuba a expliqué que le gouvernement zambien a commencé à recueillir et à archiver les données concernant les protocoles commerciaux disponibles ainsi que les exigences d’importation et d’exportation des différents pays africains. L’objectif est d’aider les entreprises zambiennes à comprendre quelles marchandises elles peuvent exporter et où elles peuvent les vendre, tout en facilitant l’accès aux produits et aux fournisseurs dans toute l’Afrique.
La Zambie met également un accent particulier sur le développement d’infrastructures de qualité afin d’améliorer l’efficacité de ses exportations. Pour que les entreprises privées zambiennes restent compétitives sur le marché international, le pays travaille sur la mise en place de produits et services de haute qualité, tout en veillant à ce que les infrastructures nécessaires, comme les routes et les installations portuaires, soient optimisées pour faciliter le commerce. Cette approche vise à éviter les retards dans l’entrée des marchandises ou les exportations, contribuant ainsi à réduire les coûts commerciaux pour les entreprises locales.
La Zambie a également exprimé son engagement à favoriser la production locale, notamment dans le secteur automobile, un domaine d’intérêt stratégique pour le gouvernement. L’objectif est de développer la production de véhicules en Afrique, en collaboration avec d’autres pays producteurs, et de produire également les composants nécessaires à cette industrie. En contribuant à l’essor de la production de véhicules, la Zambie espère jouer un rôle important dans l’amélioration du commerce intra-africain et, par extension, dans la croissance économique du continent.
Le Business Forum ZLECAF a permis de mettre en lumière ces initiatives ambitieuses de la part de l’Égypte et de la Zambie, mais aussi d’autres pays africains qui partagent un même objectif : dynamiser le commerce intra-africain. Le forum a ainsi facilité des échanges de bonnes pratiques entre les pays participants et permis de renforcer les partenariats économiques sur le continent.