Kénitra : Nouveau rebondissement dans l’affaire de corruption électorale
L’affaire de corruption électorale impliquant cinq conseillers municipaux de la commune urbaine de Kénitra commence à révéler de nouveaux éléments. Ce complot, dirigé par l’élu du Mouvement démocratique et social en tête de liste, avait pour objectif d’empêcher l’élection à la présidence de la candidate du Rassemblement national des indépendants.
Les trois conseillères impliquées dans l’affaire ont fait ces déclarations lors de l’enquête menée par la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), sous la direction du parquet compétent. Le principal accusé, Mohamed Talmoust, élu du Mouvement démocratique et social (MDS), a organisé et financé un « voyage contraint » au cours duquel les trois conseillères et un autre élu ont séjourné pendant douze jours dans plusieurs villes marocaines, dont Marrakech, Tafraoute, Taroudant, Essaouira, ainsi que dans une ferme située à Aït Baha, dans la région d’Agadir.
Ce déplacement, selon les médias, avait pour but d’inciter les élues à ne pas soutenir la candidate du RNI, Amina Hrouzi, lors de l’élection du nouveau président de la commune, qui devait remplacer Anas Bouanani, révoqué quelques semaines plus tôt par le ministère de l’Intérieur. Avant que ce complot ne soit découvert, l’un des principaux suspects aurait tenté de harceler sexuellement l’une des conseillères, qui faisait partie du groupe d’élus hébergés dans un appartement de luxe situé sur la plage des Nations à Salé.
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L’enquête menée par les autorités judiciaires a également mis en lumière le fait que l’accusé principal avait effectué un retrait important d’argent le 5 août, après l’annonce de la procédure de destitution du président révoqué, Anas Bouanani, dont le dossier a été transféré au tribunal administratif de Rabat pour enquêter sur des irrégularités dans sa gestion de la commune.
Pour rappel, l’origine de l’affaire remonte à un contact établi par l’élue intermédiaire, qui avait proposé à la plaignante l’aide de Talmoust pour obtenir la libération de son mari incarcéré, en échange de son vote lors de l’élection du président du conseil communal, moyennant une somme de 120.000 dirhams.
La plaignante, qui collaborait avec la BNPJ, a accepté la proposition et rencontré Talmoust, qui lui a remis une avance de 2.000 dirhams. Elle a ensuite été invitée à rejoindre les autres élues séquestrées dans l’appartement de l’accusé, où elle devait recevoir le montant total de la transaction, soit 120.000 dirhams. Le jeudi 7 novembre 2024, accompagnée de sa mère, elle s’est rendue à l’adresse indiquée. Après avoir récupéré la somme convenue, sa mère a quitté les lieux, et quelques minutes après, des agents de la BNPJ ont fait irruption pour libérer les trois élues restantes.
Lors de la perquisition, la police a retrouvé la carte d’identité d’un quatrième élu ainsi qu’une somme de 180.000 dirhams, représentant le solde des 300.000 dirhams retirés ce jour-là d’un compte bancaire. Après avoir mené l’enquête à son terme, les suspects ont été déférés devant le parquet compétent et inculpés pour corruption, acceptation de cadeaux en lien avec un acte de corruption, ainsi que d’autres chefs d’accusation.