L’Écosse, une solution au déficit laitier marocain

En raison du déclin de sa production laitière, le Maroc cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en lait frais. L’Écosse, avec ses conditions favorables à la production et sa réputation de qualité, se positionne comme un partenaire clé. Ce projet d’exportation de lait pasteurisé pourrait renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays et répondre aux besoins croissants du marché marocain.

Le Maroc pourrait se positionner comme un marché clé pour l’importation de lait frais pasteurisé en provenance d’Écosse. En effet, la production locale de lait au Maroc est en déclin, et face à cette situation, l’Écosse semble être un partenaire stratégique pour satisfaire la demande croissante de lait frais. Ce projet pourrait non seulement renforcer les liens commerciaux entre les deux pays, mais aussi offrir au marché marocain une alternative de qualité face aux défis rencontrés par sa filière laitière locale, notamment ceux liés aux conditions climatiques difficiles et à l’instabilité économique mondiale.

L’élevage laitier en péril : impacts de la sécheresse et des prix fluctuants

La production de lait au Maroc traverse une période particulièrement complexe. Depuis 2020, la production a chuté de 25 %, en grande partie à cause des conditions climatiques de plus en plus extrêmes, qui ont eu un impact direct sur les capacités de production dans de nombreuses régions du pays. Parmi les zones les plus touchées figurent des régions agricoles importantes comme Casablanca-Settat. Cette baisse de la production laitière n’est pas uniquement due à la sécheresse, mais aussi à la rareté de l’eau, une ressource vitale pour les élevages et l’agriculture en général.

Le secteur laitier marocain, déjà fragilisé par des crises économiques mondiales et des fluctuations sur les prix des matières premières, doit également faire face à un avenir incertain, avec des défis accrus en raison de la sécheresse prolongée, des conditions de travail difficiles pour les éleveurs et de la baisse de la qualité de l’alimentation animale. Ce contexte a conduit les autorités à rechercher des solutions pour garantir une offre de lait frais suffisante et de qualité pour répondre aux besoins des consommateurs.

En effet, le secteur fait face à un problème de « quotas de vente », où les usines ne reçoivent pas la totalité de la production des coopératives et exigent que les produits ne soient pas vendus le lendemain, entraînant ainsi des pertes significatives.

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Selon les professionnels du secteur, cette sécheresse chronique impactera le secteur de l’élevage et aura des répercussions directes sur les coûts de production du lait, et donc sur les prix.  Toutefois, plusieurs coopératives laitières expriment des craintes quant à la fragilité de l’aide gouvernementale face à la sécheresse persistante et à l’augmentation des coûts, ainsi que les possibles répercussions sur les prix locaux. La situation des coopératives demeure compliquée dans la commune rurale de Guenfouda, située dans la province de Jerada. Interrogé par Maroc Diplomatique, un professionnel du secteur, M. A, explique que « la sécheresse affecte gravement la production. Le litre de lait est vendu entre 5 et 5,5 dirhams aux entreprises de produits laitiers, un prix qui ne permet pas de couvrir nos dépenses ».

Lait frais écossais : une solution pour répondre aux défis du secteur laitier

Pour pallier ce déficit, des alternatives sont activement recherchées, et les partenariats internationaux apparaissent comme une réponse pertinente. Parmi les options envisagées, l’Écosse, avec son climat favorable, ses vastes ressources en eau et son modèle d’élevage herbagère, se profile comme un fournisseur idéal pour le marché marocain. En effet, l’Écosse dispose d’un savoir-faire reconnu dans le domaine de l’agriculture durable, de la production laitière de qualité et de l’élevage respectueux de l’environnement. Le lait produit en Écosse est réputé pour sa qualité, et les conditions naturelles du pays sont propices à une production régulière et abondante.

De plus, selon Paul Grant, président du Scottish Dairy Growth Board, des discussions sont en cours depuis plus d’un an entre les autorités écossaises et marocaines. Ces négociations ont abouti à des avancées significatives, et l’Écosse prévoit désormais d’exporter du lait frais pasteurisé vers le Maroc.

Le lait serait transporté dans des conteneurs réfrigérés, via un itinéraire reliant Grangemouth, Anvers et Casablanca. Afin de garantir la qualité du produit et de répondre aux attentes du marché marocain, des investissements importants seront réalisés en Écosse pour moderniser les infrastructures de pasteurisation et de concentration du lait. Ces investissements permettront de prolonger la durée de conservation du lait, tout en respectant les normes strictes exigées par le marché marocain.

Le projet prévoit également un premier essai de production et d’expédition pour début 2025. Si ces essais sont concluants, les échanges réguliers pourraient débuter dès 2026, avec des volumes importants d’exportations prévues. Les producteurs écossais envisagent d’exporter environ 150 millions de livres sterling de lait frais pasteurisé vers le Maroc chaque année d’ici 2030. Cette initiative vise à diversifier les sources d’approvisionnement en lait frais pour le Maroc, tout en proposant des produits laitiers de qualité premium. Les responsables écossais insistent sur le fait que ce projet ne cherche pas à concurrencer la production locale, mais plutôt à la compléter, en apportant une alternative haut de gamme aux consommateurs marocains.

Le partenariat avec le Maroc s’inscrit dans une stratégie plus large de l’Écosse d’élargir son marché d’exportation de produits laitiers. En plus du Maroc, le Scottish Dairy Growth Board explore également des opportunités dans d’autres pays du Moyen-Orient, tels que l’Égypte, qui connaissent également une demande croissante en lait frais. Toutefois, le Maroc reste la priorité, en raison de ses conditions commerciales favorables et de son fort besoin en lait frais de qualité.

Si ce projet aboutit, le Maroc pourrait bénéficier d’une nouvelle source d’approvisionnement en lait frais, diversifiant ainsi ses sources d’importation. Cela renforcerait non seulement les relations commerciales internationales du pays, mais aussi sa capacité à répondre aux besoins croissants de ses consommateurs. En parallèle, ce partenariat permettrait à l’Écosse de diversifier ses marchés d’exportation, tout en consolidant sa position de leader dans le domaine de la production laitière de qualité. Cette collaboration pourrait ainsi s’avérer bénéfique pour les deux pays, en offrant des solutions durables aux défis économiques et environnementaux actuels.

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