Hichem Aboud : une tentative d’enlèvement révélatrice des dérives du régime algérien

L’enlèvement de Hichem Aboud, journaliste et opposant en exil, à Barcelone, sur ordre du régime d’Alger d’après lui, suivi de sa libération à Séville, a déclenché une onde de choc au sein des cercles politiques et médiatiques. Cet épisode, qui soulève de graves questions sur la sécurité des dissidents algériens à l’étranger, révèle les méthodes oppressives d’un régime algérien de plus en plus intrusif et brutal.

Dans la nuit du 17 octobre 2024, Hichem Aboud a été enlevé par quatre hommes armés et cagoulés, à proximité de la résidence où il séjournait à Barcelone. « Ils m’ont violemment jeté à l’arrière d’une voiture sans plaque d’immatriculation. Nous roulions à vive allure vers Malaga, suivant les ordres du chef de la bande », a-t-il relaté après sa libération. Pendant de longues heures, Aboud a craint le pire : une extradition clandestine vers l’Algérie, où il aurait été exposé à une répression féroce, typique des représailles exercées contre ceux qui osent défier le pouvoir algérien.

Depuis plusieurs années, Hichem Aboud s’est distingué par ses critiques acerbes envers le régime d’Alger. Il a dénoncé sans relâche « la répression de toute forme de liberté d’expression, la corruption systémique et le pillage des ressources nationales qui ont plongé un pays riche dans le chaos ». Sa voix, comme celle de nombreux intellectuels algériens, s’est élevée contre une machine étatique qui ne tolère aucune contestation.

Le régime algérien, déjà sous le feu des critiques internationales pour ses pratiques autoritaires, semble désormais étendre sa main répressive au-delà de ses frontières. L’arrestation récente de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, accusé de « terrorisme » pour ses écrits, est un autre exemple frappant. Incarcéré à la prison de Koléa après un passage devant le parquet antiterroriste, Sansal incarne la cible d’un pouvoir qui qualifie de menace tout esprit libre.

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D’autres figures, telles que l’écrivain Kamel Daoud, subissent également les foudres d’un régime déterminé à museler toute forme de dissidence intellectuelle ou culturelle. Cet acharnement illustre une dictature qui s’enfonce dans une spirale répressive, ignorant les appels à une ouverture démocratique.

L’affaire Hichem Aboud, qui a secoué l’Espagne, reflète les dangers concrets auxquels sont exposés les opposants algériens en exil. Retrouvé ligoté et bâillonné à Lebrija, près de Séville, Aboud a été sauvé in extremis par la Guardia Civil. Les suspects, arrêtés sur place, sont accusés d’avoir tenté de l’embarquer de force à bord d’un bateau à destination inconnue. Deux d’entre eux sont actuellement en détention, tandis que l’enquête cherche à établir leur lien avec d’éventuelles organisations criminelles.

Les interrogations se multiplient également quant à l’identité des ravisseurs et à leur possible connexion avec des agents ou des intérêts liés au régime algérien. Les députés espagnols, réunis à l’Assemblée municipale de Madrid, ont officiellement interpellé le gouvernement espagnol pour obtenir des éclaircissements sur cet enlèvement atypique. Une question parlementaire, enregistrée le 11 novembre 2024 sous le numéro 48199, exige des réponses précises sur les circonstances de cette affaire et sur les mesures prises pour protéger les dissidents menacés.

Le gouvernement espagnol, contraint de répondre d’ici le 19 décembre, se trouve dans une position délicate. Les députés, soutenus par diverses organisations de défense des droits humains, demandent des garanties claires pour empêcher toute tentative d’extradition forcée. Le cas d’Hichem Aboud soulève des enjeux pour Madrid, notamment en ce qui concerne le respect du droit d’asile et la protection des opposants politiques réfugiés sur son territoire.

En toile de fond, le régime algérien poursuit sa campagne de persécution contre les voix contestataires. Hichem Aboud n’est pas une exception, mais un symbole. Le journaliste, tout comme Boualem Sansal et d’autres intellectuels, représente un danger pour un pouvoir qui redoute la vérité plus que tout.

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