Absentéisme parlementaire : Le bureau de la Chambre des représentants passe à l’action
Le bureau de la Chambre des représentants a mis en place des mesures sévères pour combattre l’absentéisme des députés, telles que la publication des absences et l’installation de caméras de surveillance. Ces actions, destinées à renforcer la transparence et prévenir les fraudes, provoquent cependant des réactions partagées au sein du Parlement.
Le bureau de la Chambre des représentants a mis en œuvre de nouvelles mesures pour lutter contre l’absentéisme chronique des députés. Cette initiative fait suite à une série de préoccupations grandissantes concernant l’impact négatif de l’absentéisme sur le bon fonctionnement du Parlement et la légitimité de ses travaux. En effet, la présence des parlementaires est essentielle pour l’accomplissement de leur mission principale : voter les lois et prendre des décisions politiques. Cependant, l’absentéisme récurrent de certains députés a mené à des débats houleux et à des actions visant à remédier à cette situation.
L’une des premières mesures notables a été l’annonce de la publication, en début de chaque séance, des noms des députés absents. Cette transparence a pour objectif de responsabiliser les élus et de rendre publiques leurs absences, un geste qui a déclenché une vive polémique parmi les parlementaires. Nombre d’entre eux se sont montrés particulièrement réticents face à cette mesure, la considérant comme une stigmatisation publique de leur travail. Malgré les contestations, le président de la première Chambre, Rachid Talbi Alami, a affirmé son intention de poursuivre ces actions et d’aller encore plus loin dans la lutte contre l’absentéisme. Selon lui, l’enjeu est important pour la crédibilité et le bon fonctionnement de l’institution législative.
Dans le cadre de cette stratégie renforcée, des caméras de surveillance de dernière génération ont été installées dans l’enceinte du Parlement. Ces caméras visent non seulement à surveiller les absences physiques des députés, mais aussi à prévenir des pratiques frauduleuses, telles que l’utilisation de la carte magnétique d’un collègue pour enregistrer la présence d’un absent. Cette fraude, qui consiste à faire pointer la carte d’un autre député pour justifier une absence, est un phénomène préoccupant dans plusieurs parlements à travers le monde. En installant ces caméras, le bureau de la Chambre des représentants espère dissuader ce genre de comportement, en rendant plus difficile la manipulation des systèmes de pointage.
Lire aussi : La chambre des représentants adopte à la majorité la première partie du PLF 2025
Ces nouvelles mesures s’ajoutent à celles déjà en place, qui incluent notamment la lecture publique des noms des absents au début de chaque séance. Cette double stratégie, combinant une surveillance accrue et une transparence maximale, vise à réduire significativement l’absentéisme et à en limiter les effets néfastes sur les travaux parlementaires. Cependant, ces initiatives n’ont pas été accueillies favorablement par tous les députés. Certains élus ont exprimé leur mécontentement face à ce qu’ils considèrent comme une atteinte à leur liberté et à leur dignité. Pour certains, la révélation publique de leur absence est perçue comme une mesure punitive qui pourrait nuire à leur image auprès de leurs électeurs.
Réactions contrastées sur la lutte contre l’absentéisme parlementaire
La réaction des députés a été très partagée. Lors de la dernière réunion de son bureau, Rachid Talbi Alami a exprimé sa surprise et son mécontentement face à l’opposition qu’ont exprimée certains parlementaires à l’égard de ces mesures. Selon lui, l’appel des absents est parfaitement conforme aux règlements du travail parlementaire et constitue une procédure transparente qui garantit le bon déroulement des travaux. Talbi Alami a aussi précisé que son objectif était de mettre fin aux pratiques « immorales » telles que la falsification des listes de présence, phénomène qui se produit notamment lors des votes sur des projets de loi. Il a souligné que de telles pratiques minent la confiance du public dans les institutions démocratiques et compromettent la qualité des décisions législatives prises.
Selon les médias, les présidents des groupes parlementaires ne sont pas restés insensibles à cette question. Bien que certains aient soutenu la nécessité de lutter contre l’absentéisme, d’autres ont été plus ambigus, exprimant leur soutien officiel tout en critiquant en privé ces décisions. Certains ont même suggéré que des sanctions financières plus sévères soient mises en place pour les députés fréquemment absents. Paradoxalement, bien que certains présidents aient soutenu la mesure publiquement, plusieurs d’entre eux ont encouragé leurs membres à résister à ces sanctions, en arguant que leurs absences avaient été dues à des raisons valables ou qu’ils étaient présents lors des séances où leur absence avait été inscrite.
Un autre point de friction est apparu lors de la séance de vote sur le projet de loi concernant l’industrie cinématographique, où 301 députés ont été inscrits comme absents. Cette situation a donné lieu à un débat supplémentaire sur la véracité de ces absences. Rachid Talbi Alami a défié quiconque remettant en cause cette absence collective de prouver que ces 301 députés étaient réellement présents. Les résultats du vote ont effectivement montré que seules 94 voix ont été enregistrées, provenant des partis de la majorité et de l’opposition, ce qui a confirmé l’ampleur de l’absentéisme.
Ainsi, l’absentéisme des députés est désormais pris très au sérieux par le bureau de la Chambre des représentants, et de nouvelles mesures ont été mises en place pour tenter de le combattre. Reste à savoir si ces initiatives, bien que rigoureuses, seront suffisantes pour changer les habitudes de certains élus. La tendance semble profondément ancrée, et il est difficile de prédire si ces actions auront un effet durable sur la présence des députés. Néanmoins, ces décisions illustrent la volonté du président de la première Chambre de garantir l’intégrité et l’efficacité du travail législatif, dans l’intérêt de la démocratie et du bon fonctionnement de l’institution.
Avec MAP