Éducation : Mohammed Berrada face aux réformes éducatives
Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Saâd Berrada, se trouve confronté à un défi complexe avec la présentation du budget 2025. Bien que les ressources financières aient été renforcées, des problèmes récurrents comme les taux élevés de décrochage et de redoublement, ainsi que la surpopulation scolaire, mettent en évidence les lacunes persistantes du système éducatif marocain.
Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Mohamed Saâd Berrada, qui a pris ses fonctions en succédant à Chakib Benmoussa, est confronté à un défi de taille. Lors de la présentation de son projet de budget pour l’année 2025, il s’est retrouvé face à des chiffres préoccupants malgré des ressources financières conséquentes. Si les budgets alloués à l’éducation ont augmenté de manière significative ces dernières années, les résultats restent loin des attentes, et plusieurs indicateurs clés, tels que les taux d’abandon et de redoublement, demeurent désespérément stables et préoccupants.
Au niveau du collège, les chiffres restent alarmants. Le taux de décrochage scolaire y atteint 8,5%, et celui des redoublements est particulièrement élevé à 18,5%. La situation dans le secondaire qualifiant, bien qu’un peu moins dramatique, n’est pas pour autant réjouissante. En effet, 7,4% des élèves abandonnent leur parcours scolaire, et 12,1% d’entre eux redoublent une année. Au primaire, les chiffres sont un peu plus modérés, le taux d’abandon est de 1,5% et celui du redoublement atteint les 6,8%.
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Ces taux révèlent un problème structurel qui ne se résout pas simplement par une augmentation des financements. En plus de ces préoccupations, la surpopulation scolaire, particulièrement dans les classes de collège et de lycée, aggrave encore la situation. Avec un taux d’encombrement de 21,9% dans les classes de collège, 13,3% dans les lycées et 4,2% dans le primaire, les conditions d’enseignement deviennent particulièrement difficiles pour les élèves et les enseignants. Les classes bondées rendent impossible un suivi pédagogique personnalisé, ce qui nuit à l’efficacité de l’enseignement et compromet les chances de succès des élèves.
Dans ce sens, certains experts en pédagogie estiment que l’augmentation du budget de l’éducation n’a pas apporté les résultats escomptés. Bien que le cycle primaire affiche un taux de réussite relativement élevé de 95,9%, les résultats dans les autres cycles sont bien moins satisfaisants. Le taux de réussite dans les cycles collégial et secondaire qualifiant reste préoccupant, avec respectivement 77,2% et 82,8%. Ces disparités importantes entre les différents niveaux d’enseignement témoignent de faiblesses structurelles qui résistent aux réformes superficielles mises en place jusque-là.
Selon les médias, lors de la présentation de son budget, Mohamed Saâd Berrada a omis d’évoquer la qualité de l’enseignement dans les matières clés, telles que l’arabe, le français et les mathématiques, qui sont pourtant essentielles à la réussite des élèves. Cette omission soulève des interrogations sur l’ambition et l’efficacité du projet de réforme du ministre. En se concentrant uniquement sur les aspects financiers et structurels, Berrada semble avoir négligé un volet fondamental du système éducatif : la qualité de l’enseignement et l’accompagnement des élèves dans les matières essentielles à leur formation.
Une autre mesure lancée sous l’égide de l’ancien ministre, les écoles pionnières, devrait être étendue en 2024/2025 à 2 000 établissements, contre 626 dans l’année scolaire 2023/2024. Cependant, ces écoles expérimentales n’ont pas encore produit de résultats concrets qui permettent de mesurer leur impact sur l’amélioration du système éducatif. L’expansion rapide de ces écoles soulève des questions sur leur efficacité et leur capacité à répondre aux défis pédagogiques du pays.