La hausse des droits de douane pour protéger la production nationale
Les amendements douaniers sont en débat à la Chambre des conseillers, ils soulignent la volonté du gouvernement de soutenir la production locale dans plusieurs secteurs clés. Que ce soit pour le miel, le cannabis, le safran ou les médicaments, les autorités comptent protéger les producteurs nationaux face à la concurrence étrangère. Les prochains mois seront cruciaux pour observer l’évolution de ces amendements et leur mise en œuvre effective.
La Commission des finances de la Chambre des conseillers a attiré l’attention de nombreux opérateurs économiques ce lundi 02 décembre, en raison des amendements relatifs aux droits de douane, dont l’adoption était très attendue. Ces modifications concernent plusieurs secteurs, de l’importation du miel aux produits pharmaceutiques, en passant par le cannabis et le safran. Toutefois, ces changements soulèvent des débats, notamment en ce qui concerne les accusations de législation « sur mesure » et les impacts sur les consommateurs et les entreprises.
L’un des amendements les plus médiatisés concerne les droits de douane sur le miel. En effet, un amendement adopté par la Chambre des représentants en octobre dernier prévoyait une réduction des droits de douane pour les miels conditionnés dans des emballages de plus de 20 kg, passant de 40% à 2,5%. En revanche, les emballages de moins de 20 kg destinés à la vente au détail restaient soumis à un taux de 40%. L’objectif de cette mesure était de stimuler l’activité de conditionnement du miel au Maroc, un peu à l’image de ce qui avait été fait pour le thé en 2023.
Cependant, les producteurs de miel ont souligné que cette mesure risquait de porter atteinte à la production nationale. Face à la polémique, la majorité a proposé de revenir sur cette réduction de droits de douane, en rétablissant le système d’origine.
En outre, un autre amendement notable concerne le secteur du cannabis, en particulier l’importation de produits dérivés à partir de janvier 2025. L’article 4 d’amendement prévoit une augmentation substantielle des droits de douane, pouvant atteindre 200% pour protéger la production locale de cannabis à des fins médicinales, industrielles et pharmaceutiques.
L’objectif de cette mesure est d’encourager les entreprises locales à développer leur production, tout en freinant l’importation de produits finis. Cela s’inscrit dans le cadre de la réglementation du cannabis, mise en place depuis deux ans, et qui cherche à équilibrer les besoins du marché intérieur et la préservation des investissements nationaux.
Pourtant, la tarification des produits pharmaceutiques sera modifiée également, à partir du 1er janvier 2025. Dans le cadre d’une restructuration de la nomenclature douanière, le ministère de la Santé a travaillé en collaboration avec les professionnels du secteur pour réviser les taux d’importation de certains médicaments. Parmi ces changements, le taux d’importation pour le Désogestrel/Ethinylestradiol sera maintenu à 17,5%, contrairement à la proposition initiale de 2,5%. D’autres médicaments, tels que la Lévofloxacine et le Céfuroxime, verront une hausse de taux de douane, allant de 2,5% à 30%. Néanmoins, ces ajustements visent à protéger le secteur pharmaceutique national face aux importations à bas prix.
Le secteur du safran, particulièrement dans la région de Taliouine, fait aussi l’objet d’un amendement douanier, la majorité propose d’augmenter le taux de droits de douane sur le safran importé, passant de 30% à 40%. Malgré une production nationale suffisante pour répondre à la demande intérieure et à l’exportation, des pratiques douteuses ont vu le jour, avec des produits de qualité inférieure étant importés et réexportés sous le label des coopératives marocaines.
Les autorités douanières ont pris conscience de ce phénomène et, dans un souci de protéger la production nationale, comptent sur cette hausse des droits de douane pour freiner ces pratiques et assurer une meilleure traçabilité des produits.