Libre-échange : l’UE et le Mercosur signent un accord, en attente de ratification
Après 25 ans de négociations, les dirigeants du Mercosur et de l’Union européenne ont annoncé, vendredi à Montevideo, la conclusion d’un accord de libre-échange qui, s’il est ratifié, serait l’une des plus grandes alliances commerciales et d’investissement au monde.
L’accord, dont l’issue des négociations a été officialisée lors du 65e Sommet du Mercosur en Uruguay, concerne quatre pays sud-américains (le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay) et 27 États membres de l’UE, représentant au total 718 millions d’habitants et un PIB combiné de 22.000 milliards de dollars.
Cependant, cette avancée n’est que le début d’un processus long et complexe avant son entrée en vigueur. Le texte devra d’abord être révisé juridiquement, traduit, puis signé par les deux blocs avant de recevoir la ratification des pays membres. Un blocage est encore possible, la France étant l’un des principaux opposants à l’accord.
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« Prenant en compte les progrès réalisés au cours des décennies précédentes jusqu’en juin 2019, le Mercosur et l’Union européenne se sont engagés, depuis 2023, dans un processus intense de négociations pour adapter l’accord aux défis actuels aux niveaux national, régional et mondial. Au cours des deux dernières années, les deux parties ont mené sept cycles de négociations, en plus d’autres réunions, et se sont engagées à réexaminer les questions pertinentes », peut-on lire dans le communiqué conjoint des États parties signataires du Mercosur et l’Union européenne.
À la lumière des avancées depuis 2023, l’accord est désormais prêt pour une révision juridique et une traduction, souligne-t-on, ajoutant que « les deux blocs s’engagent à mener ces activités dans les mois à venir en vue de la future signature de l’accord ».
Le texte final inclut plusieurs amendements majeurs, notamment sur les marchés publics, le commerce automobile et les exportations de minéraux critiques. Une annexe spécifique a été ajoutée pour répondre aux préoccupations environnementales et apaiser les craintes sud-américaines concernant un éventuel protectionnisme de l’UE.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que « cet accord n’est pas seulement une opportunité économique, c’est une nécessité politique. Je sais que de forts vents soufflent dans la direction opposée, vers l’isolement et la fragmentation, mais cet accord est notre réponse immédiate ».
Le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, a souligné que les négociations étaient enfin conclues après plus de vingt ans d’efforts. Le Brésil, pour sa part, voit cet accord comme une opportunité stratégique, alors que l’UE reste son deuxième partenaire commercial après la Chine, avec 92 milliards de dollars d’échanges en 2023.
Les impacts économiques attendus d’ici 2044 sont prometteurs pour le Brésil : une augmentation de 0,34 % de son PIB, soit 37 milliards de réals, une baisse de 0,56 % des prix à la consommation, et une hausse de 2,65 % de ses exportations, soit 52,1 milliards de réals. Les investissements et les salaires réels devraient également bénéficier de cette dynamique.
Le président paraguayen Santiago Pena a salué cette avancée, mais a également averti qu’il restait encore beaucoup de travail à accomplir. « Nous devons être réalistes, il reste un long chemin à parcourir », a-t-il déclaré.
Cet accord nécessitera l’approbation de 15 des 27 membres de l’UE, représentant 65 % de la population de l’Union, ainsi qu’une majorité simple au Parlement européen. Les négociateurs sud-américains restent confiants quant à la ratification finale de l’accord et estiment que la France ne parviendra pas à bloquer le processus.
Avec MAP