La chute du régime Assad dévoile les liens entre le Polisario, l’Iran et l’Algérie
La chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie a révélé les liens inextricables, jusqu’alors partiellement occultés, entre le Front Polisario, l’Iran, et leur soutien indéfectible par l’Algérie. Cet événement, lourd de conséquences géopolitiques, marque un tournant majeur, notamment pour le Polisario qui perd un allié de poids au Moyen-Orient, un soutien stratégique qui ressemblait à un pilier dans un édifice déjà chancelant.
L’histoire de cette collaboration n’est pas nouvelle ; elle s’écrit depuis 1978, lorsque Hafez al-Assad, père de l’ex dirigeant syrien, s’est rallié au front arabe « Firmeza », une initiative audacieuse lancée par Mouammar Kadhafi à Tripoli. Depuis lors, Damas n’a eu de cesse d’apporter une assistance diplomatique et logistique substantielle aux milices du Polisario, un engagement tacite mais constant, s’inscrivant parfaitement dans une stratégie concertée avec l’Algérie, un soutien aussi discret qu’efficace. Cette relation est une symbiose, où chaque entité tire profit de l’autre.
Ce partenariat, loin d’être une simple hypothèse, a été réaffirmé à plusieurs reprises, comme en témoigne la rencontre, en octobre 2023 à Genève, entre un émissaire du Polisario et l’ambassadeur syrien en Suisse. De plus, la Syrie a activement facilité l’organisation de diverses manifestations, comme une conférence sur la question palestinienne, renforçant ainsi, de façon insidieuse, ses liens avec le Front. Une stratégie de rapprochement subtile, mais efficace.
En contrepartie de cet appui diplomatique et logistique, le Polisario a dépêché des combattants en Syrie pour épauler les forces de Bachar al-Assad. Selon des documents confidentiels issus des services de renseignement syriens, environ 150 miliciens sahraouis, formés par des groupes armés iraniens sous la férule du conseiller militaire iranien Borhashmi – un nom qui résonne comme un symbole de cette coopération clandestine – ont reçu un entraînement spécialisé avant leur retour prévu à Tindouf. Leur mission : utiliser leurs nouvelles compétences acquises dans des opérations ciblant le Maroc. Un plan machiavélique, on pourrait le dire.
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D’après Omar Abdul Sattar, ancien député irakien, ces combattants auraient été introduits en Syrie grâce à des passeports algériens, confirmant ainsi le rôle important et trouble de l’Algérie dans cette affaire. Bien que l’ambassadeur algérien en Syrie, Kamel Bouchama, ait démenti ces allégations avec véhémence, il aurait néanmoins sollicité une médiation turque pour la libération de ces combattants capturés à Alep, une contradiction flagrante qui souligne le caractère opaque de cette situation.
Des analystes, tels que Fahad Almasri, chef du Front de salut national syrien, affirment que les Gardiens de la révolution iraniens ont transféré environ 200 militants du Polisario vers des bases stratégiques en Syrie, notamment l’aéroport militaire d’Al-Thaala et la campagne de Daraa. Ces actions démontrent une stratégie iranienne claire visant à étendre son influence au Maghreb en utilisant le Polisario comme un pion essentiel dans son jeu géopolitique.
La présence de ces militants représente une double menace : une atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc et une déstabilisation du système de sécurité régional. Conscient de ce danger imminent, Rabat avait rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran en 2018, dénonçant le soutien militaire apporté par le Hezbollah au Polisario. Une rupture symbolique, mais nécessaire.
L’Algérie, quant à elle, joue un rôle central dans cette alliance ténébreuse. Au-delà de l’aide logistique, elle facilite les connexions entre le Polisario, l’Iran et le Hezbollah, agissant comme un véritable pivot dans cette stratégie visant à affaiblir le Maroc. Cette stratégie s’inscrit dans une rivalité géopolitique plus large au Maghreb, une lutte pour l’hégémonie régionale.
Les liens étroits entre Alger et Damas sont ancrés dans des affinités historiques, idéologiques et stratégiques profondes. Unies par le panarabisme et leur soutien passé à l’Union soviétique, les deux nations ont renforcé leurs liens pendant la guerre civile syrienne. En 2023, l’Algérie était parmi les pays qui plaidaient activement pour le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, une indication claire de la solidité de cette alliance.