Conflit d’intérêts : le projet de dessalement d’Akhannouch soulève les passions et les accusations
Le climat politique au Maroc connaît une intensification de tensions alors que le premier ministre, Aziz Akhannouch, se trouve au cœur d’une controverse majeure concernant son projet de dessalement d’eau de mer dans la région de Casablanca-Settat. Accusé de conflit d’intérêts par l’opposition, notamment par le Parti de la justice et du développement, Akhannouch est pointé du doigt pour sa proximité avec l’entreprise lauréate du contrat.
Tout est parti d’un communiqué du Parti de la justice et du développement (PJD) qui a annoncé la tenue d’une conférence de presse prochaine dans son siège à Rabat, afin de faire état de ce qu’il qualifie de « scandale politique ». Le parti ambitionne d’éclairer l’opinion publique sur la gravité de cette affaire, soulignant qu’elle compromet à la fois la crédibilité des institutions et la loyauté de la concurrence dans l’économie nationale.
Les débats ont réellement pris corps lors d’une séance mensuelle de reddition de comptes au Parlement, au cours de laquelle Akhannouch a été interpellé sur les aspérités du projet. Malgré sa défense établissant la transparence et l’équité du processus d’attribution, l’opposition a insisté sur l’inadéquation de son implication, étant donné ses liens financiers avec l’entité soumissionnaire. Leurs critiques ne se sont pas limitées à ce seul projet, dénonçant une gestion globale qu’ils jugent déficiente.
Face à ces accusations, Akhannouch a répliqué, insistant sur la qualité de l’offre acceptée et dénonçant des « informations fallacieuses » émanant de l’opposition, qu’il accuse de miner la confiance envers les institutions étatiques. La tension est montée d’un cran lorsque des membres du PJD ont hurlé des accusations de « menteur », provoquant un vif échange dans l’hémicycle.
Pour défendre son projet, Akhannouch a affirmé qu’il ne se laisserait pas intimider. « C’est un sujet dont je ne me tairai pas, car un jour, je le clarifierai publiquement, » a-t-il affirmé, citant des questions sur ses origines familiales pour souligner les divergences entre sa vision et celles de ses détracteurs.
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Le contrat, évalué à environ 6,5 milliards de dirhams, doit permettre d’améliorer l’approvisionnement en eau potable de Casablanca ainsi que des localités environnantes. Cependant, l’opposition ne cache pas son scepticisme, voyant dans la sélection de l’entreprise un choix davantage motivé par des intérêts personnels que par des considérations d’ordre public.
Le consortium ayant remporté le projet, qui inclut la société Afriquia Gaz, propriété d’Akhannouch, est au centre de l’attention, renforçant les allégations de favoritisme. En effet, le 10 décembre dernier, un communiqué gouvernemental stipulant le soutien public à plusieurs projets, dont ceux de dessalement, contredit les affirmations déclarées par le chef du gouvernement.
La gestion des ressources hydriques est un enjeu important pour le Maroc, et la polémique actuelle ne fait qu’accentuer les critiques sur la proximité jugée trop étroite entre les affaires privées d’Akhannouch et ses fonctions publiques. Alors que la situation s’envenime, le PJD risque d’amplifier son offensive, plaidant pour une protection des intérêts nationaux face à ce qu’il considère comme un grave manquement à l’éthique gouvernementale.
Cette guéguerre politique entre le PJD et le Rassemblement national des indépendants (RNI) témoigne d’une lutte de pouvoir sous-jacente, où la figure d’Akhannouch souvent perçue comme un businessman influent, soulève des inquiétudes parmi ses opposants. Le questionnement sur son rôle en tant que chef de gouvernement, face à ses engagements privés, est un débat qui semble loin d’être résolu.