Soutenabilité : La dette publique pointe à 83,3 % du PIB
Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié son rapport annuel sur le Budget Économique Prévisionnel 2025, sur les perspectives financières du Maroc et insistant sur la persistance de niveaux préoccupants d’endettement public. Malgré les efforts déployés pour relancer la dynamique économique post-pandémie, le taux d’endettement de l’économie nationale reste élevé, révélant des défis structurels qui interpellent sur la viabilité de la trajectoire financière actuelle.
Selon le rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP), l’économie nationale continue d’évoluer sous le poids d’une dette publique qui, bien qu’en légère baisse par rapport aux années de crise, demeure significativement au-dessus des niveaux enregistrés avant 2020. Entre 2016 et 2019, la dette globale se situait en moyenne à 75,5 % du produit intérieur brut (PIB). Cependant, sous l’effet de la pandémie et de ses répercussions économiques, ce taux a grimpé à 84,8 % entre 2020 et 2023. Pour 2024 et 2025, le HCP prévoit une stabilisation autour de 83,3 %, marquant une faible amélioration après les 82,1 % observés en 2023.
Cette situation reflète les pressions persistantes sur les finances publiques, malgré une relance économique progressive et une orientation stratégique vers des investissements publics massifs, particulièrement dans les infrastructures et les secteurs prioritaires.
Un autre point d’inquiétude relevé par le rapport est la trajectoire ascendante de la dette du Trésor. En 2025, celle-ci devrait atteindre près de 69,9 % du PIB, un niveau comparable à celui attendu pour 2024. Cette hausse s’explique notamment par le recours accru à l’endettement pour financer les déficits budgétaires persistants et répondre aux exigences des grands projets nationaux.
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Dans le détail, la dette intérieure reste prépondérante, avec une part estimée à 52,4 % du PIB en 2025. Bien qu’elle offre une certaine résilience face aux chocs extérieurs, elle traduit également une dépendance accrue aux financements domestiques, ce qui pourrait à terme peser sur la liquidité des marchés financiers locaux. Par ailleurs, la dette extérieure du Trésor devrait se stabiliser à 17,5 % du PIB en 2024 et 2025, un niveau en nette augmentation par rapport à la moyenne de 12,9 % enregistrée entre 2016 et 2019.
Une progression inquiétante de la dette extérieure garantie
Le rapport met également en lumière l’évolution de la dette extérieure garantie, qui devrait avoisiner 13,4 % du PIB en 2024 et 2025. Après des fluctuations marquées depuis 2018, cette composante illustre les efforts du Maroc pour diversifier ses sources de financement à l’international. Cependant, cette tendance expose également le pays à des risques accrus liés aux variations des taux de change et aux conditions des marchés financiers mondiaux.
La stabilisation du taux d’endettement global à des niveaux élevés alimente des préoccupations quant à la soutenabilité de la dette publique, notamment dans un contexte marqué par des incertitudes économiques mondiales et des pressions inflationnistes. Les projections pour 2024 et 2025 montrent que, malgré les réformes entreprises, le Maroc peine à réduire significativement son endettement, ce qui pourrait limiter les marges de manœuvre budgétaires pour des investissements futurs.
Toutefois, le HCP insiste sur la nécessité de renforcer la discipline budgétaire et de promouvoir une croissance économique soutenue pour inverser cette tendance. À défaut, le pays risque de s’enliser dans une spirale où le service de la dette absorberait une part croissante des ressources publiques, au détriment des dépenses sociales et des investissements stratégiques.
Si le maintien d’un taux d’endettement global supérieur à 83 % du PIB constitue une alerte, il ne s’agit pas d’une fatalité. Le HCP souligne que des leviers, tels qu’une gestion optimisée des finances publiques, une diversification des sources de financement et une mobilisation plus efficace des ressources fiscales, pourraient contribuer à atténuer les pressions. Par ailleurs, l’amélioration continue des indicateurs économiques, notamment grâce aux investissements étrangers et aux partenariats stratégiques, pourrait offrir des perspectives encourageantes à moyen terme.