Amina Bouayach plaide pour un engagement accru en faveur de la protection des droits des migrants en Afrique
La présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a plaidé, vendredi à Rabat, pour un engagement accru en faveur de la protection des droits des migrants en Afrique.
S’exprimant à l’ouverture d’une réunion du groupe de travail sur la migration du Réseau des institutions nationales africaines des droits de l’Homme (RINADH), Mme Bouayach a attiré l’attention sur l’urgence de la situation migratoire dans le continent africain, appelant à en faire une priorité absolue sur fond de chiffres et de défis migratoires alarmants.
Selon les données les plus récentes, environ 21 millions d’Africains vivent actuellement dans un autre pays du continent, a expliqué Mme Bouayach qui préside le groupe de travail sur la migration du RINADH.
Dans ce contexte, l’Afrique du Nord occupe une place centrale en tant que carrefour migratoire, a-t-elle relevé, ajoutant qu’au fil des années, cette région est devenue un point de départ majeur pour des milliers de migrants tentant la traversée de la mer, un voyage extrêmement périlleux. Entre 2014 et 2022, plus de 20.000 personnes ont perdu la vie ou ont été portées disparues après avoir tenté la traversée de la Méditerranée, a-t-elle déploré.
Au-delà des conflits armés et des instabilités politiques qui font rage dans certaines régions du continent, les effets dévastateurs des changements climatiques figurent parmi les causes profondes des mouvements migratoires, a-t-elle fait observer.
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En Afrique de l’Est, a poursuivi Mme Bouayach, la sécheresse extrême de 2023 a affecté plus de 27 millions de personnes, aggravant une situation déjà précaire en raison des conflits et de l’instabilité régionale.
A cet effet, la présidente du CNDH a mis en avant le rôle fondamental des institutions nationales des droits de l’homme (INDH) qui consiste à documenter et dénoncer les violations, à surveiller et rendre compte de la situation migratoire, à influencer les lois et les politiques et à engager le dialogue avec les parties prenantes aux niveaux national et international.
De même, elle a cité certaines actions menées par le groupe de travail depuis sa réunion du 30 octobre 2023, lors de laquelle des pistes de coopération ont été explorées en vue de développer une initiative commune d’engagement des INDH, dans le cadre du Forum mondial sur les réfugiés en décembre 2023.
En sa qualité de président du Groupe de travail, le CNDH a aussi reçu un projet de feuille de route de collaboration du Comité des Nations unies sur les travailleurs migrants.
Par ailleurs, le Conseil en partenariat avec l’OIM a organisé en décembre 2024 un atelier axé sur la prévention des disparitions en contexte migratoire, la protection des droits des familles et la gestion humanisée des frontières.
A travers cette initiative, le CNDH a réuni l’ensemble des parties prenantes afin d’échanger sur les défis et les meilleures pratiques, et de formuler des recommandations pour soutenir les efforts déployés en vue d’atteindre l’Objectif 8 du Pacte mondial sur les migrations sûres, ordonnées et régulières adopté à Marrakech, visant à mettre en place une action internationale coordonnée pour retrouver les migrants disparus.
Cette réunion a été l’occasion de discuter des évolutions survenues dans le domaine de la migration aux niveaux normatif, juridique, stratégique et pratique. Il a également été question de discuter d’un projet de coopération entre le Réseau africain et le Comité des Nations unies sur les travailleurs migrants, et d’évaluer la participation du groupe de travail à la COP29.
Y ont pris part le président de la Commission nationale des droits de l’Homme de la République Démocratique du Congo, le commissaire de la Commission nationale des droits de l’Homme du Kenya, la présidente de la Commission des droits de l’Homme du Zimbabwe, le président de la Commission nationale des droits de l’Homme du Nigeria et un représentant du RINADH.
Le CNDH avait initié, en collaboration avec des institutions nationales africaines, la mise en place du groupe de travail sur la migration du réseau des institutions nationales africaines des droits de l’Homme. Ce groupe a pour mission de fournir un nouveau cadre de débat et de dialogue sur la migration et les droits de l’Homme, tout en veillant à la poursuite de la dynamique d’échange d’expériences et de dialogue entre les institutions nationales, la société civile, les gouvernements et d’autres acteurs.
Avec MAP