Le Maroc, un modèle d’unité nationale face à la pluralité ethnique
Une récente analyse révèle les perceptions des Marocains sur l’identité nationale et ethnique, montrant que l’appartenance au pays prime sur les origines ethniques. Elle explore également les attitudes des Marocains vis-à-vis des mariages interethniques, de la discrimination et de la cohabitation avec des individus d’autres groupes ethniques.
Une étude menée par Afrobarometer, spécialisé dans les enquêtes d’opinion en Afrique, le 28 janvier 2025, met en évidence le fait que, au Maroc, l’identité nationale occupe une place plus importante que l’appartenance ethnique. Cette analyse, qui explore les rapports des Africains avec leur nationalité et leurs origines ethniques, positionne le Royaume parmi les pays africains où l’identité nationale l’emporte sur l’ethnie. Dans un contexte où l’Afrique se caractérise par une grande diversité culturelle et ethnique, cette étude révèle des attitudes intéressantes vis-à-vis de l’appartenance à un groupe national par rapport à des origines ethniques multiples.
Le Maroc, bien que composé de diverses populations, notamment arabes, berbères et autres groupes ethniques, est un exemple où l’identité nationale prévaut sur les distinctions ethniques internes. Selon l’enquête, 58 % des Marocains affirment que leur nationalité est plus importante que leur appartenance ethnique, ce qui montre une forte identification à leur pays avant tout. De plus, 36 % des répondants considèrent que leur identité nationale et leur identité ethnique sont d’importance égale, soulignant une certaine ambivalence mais aussi un respect pour leurs racines culturelles diverses. Seulement 6 % des participants ont déclaré que leur appartenance ethnique prime sur leur nationalité.
Ces résultats contrastent fortement avec la moyenne observée sur le continent africain, où seulement 41 % des Africains placent leur nationalité avant leur ethnicité, tandis que 14 % des personnes interrogées préfèrent privilégier leur appartenance ethnique par rapport à leur identité nationale. Ce phénomène suggère que, malgré les identités ethniques multiples présentes à travers l’Afrique, une majorité des Africains, comme les Marocains, se considèrent avant tout comme citoyens d’un pays donné, ce qui peut renforcer le sentiment d’unité nationale.
L’enquête a impliqué des citoyens de 33 pays africains. Ce réseau a permis de recueillir des données sur les attitudes interethniques au Maroc, révélant des perspectives nuancées. Par exemple, en ce qui concerne la confiance envers les membres d’autres groupes ethniques, seulement 5 % des Marocains ont exprimé « une grande confiance », tandis que 33 % ont mentionné « une confiance modérée ». En revanche, la majorité des répondants, soit 49 %, ont indiqué qu’ils ont « peu de confiance » en des personnes d’autres origines ethniques. Ce phénomène reflète une certaine réserve et prudence, parfois teintée de méfiance, vis-à-vis de l’altérité ethnique, bien que 13 % des personnes interrogées aient affirmé n’avoir « aucune confiance » envers ceux de groupes ethniques différents.
Le regard des Marocains sur la diversité ethnique
En ce qui concerne les mariages interethniques, 19 % des Marocains ont exprimé une attitude positive ou assez favorable à l’idée qu’un membre de leur famille épouse une personne d’une autre ethnie. En revanche, 68 % ne s’opposent pas à de tels mariages, ce qui démontre une ouverture relative à cette idée. Cependant, 11 % se sont fermement opposés ou ont exprimé une opposition modérée à l’idée de mariages interethniques. Ce phénomène n’est pas unique au Maroc, puisqu’à l’échelle de l’Afrique, 51 % des répondants se disent favorables à l’idée de mariages entre groupes ethniques différents, et 38 % n’y voient aucun inconvénient.
L’étude aborde également la question de la discrimination. Selon les résultats, 61 % des Marocains estiment que leur groupe ethnique n’a jamais été victime de discrimination raciale ou de traitement injuste par les autorités gouvernementales. Toutefois, 25 % des répondants ont déclaré avoir été confrontés à de telles situations de manière occasionnelle, et 13 % affirment faire face à ce genre de discriminations « souvent ou toujours ». Ce constat est intéressant, car il suggère que, bien que le Maroc affiche une perception généralement positive de la relation avec le gouvernement, une partie de la population ressent toujours des injustices liées à des facteurs ethniques.
À l’échelle du continent africain, la majorité des répondants, soit 56 %, estiment que leur groupe ethnique n’a jamais été victime de discrimination ethnique de la part de leur gouvernement. Certains pays africains comme Madagascar se distinguent par une absence quasi totale de discrimination perçue, avec 92 % des répondants de ce pays affirmant n’avoir jamais subi de traitement discriminatoire. À l’opposé, des pays comme le Mozambique (26 %) et l’Éthiopie (31 %) enregistrent des taux plus élevés de ressentiment face à des discriminations ethniques.
Enfin, l’étude interroge également les Marocains sur leur volonté de vivre à côté de personnes d’autres ethnies. Seuls 23 % des répondants se disent favorables à vivre à proximité de voisins d’origines ethniques différentes, tandis que 58 % n’y voient aucun inconvénient. Cependant, 19 % se sont exprimés contre cette idée, montrant une opposition plus marquée dans une société où les distinctions ethniques sont encore parfois perçues comme un facteur de division. Malgré cela, le Maroc se classe parmi les pays où, même s’ils ne recherchent pas activement des voisins d’autres ethnies, les habitants n’ont pas de problème majeur à vivre avec eux.
L’étude révèle également que certains pays africains affichent une plus grande ouverture à vivre aux côtés de personnes d’autres ethnies, notamment la Gambie (85 %), la Guinée (84 %), la Tanzanie (84 %), le Togo (83 %), le Burkina Faso (82 %), le Libéria (82 %), le Malawi (81 %) et le Mali (80 %). Ces résultats illustrent la diversité des attitudes à l’égard des relations interethniques sur le continent africain, où, bien que la diversité soit souvent célébrée, des disparités dans les perceptions et les expériences des individus demeurent présentes.