La Fin du Capitalisme : Crépuscule d’un monde, promesse d’un renouveau
Tribune
Par Omar Benslimane
Le capitalisme, jadis triomphant et paré des oripeaux de la prospérité universelle, semble aujourd’hui vaciller sous le poids de ses propres contradictions. Né dans l’effervescence des révolutions industrielles, il a su imposer son règne en façonnant le monde à l’aune de ses promesses : croissance infinie, enrichissement des nations, émancipation par la consommation. Mais ces promesses, à mesure qu’elles se sont érigées en dogmes, ont dévoilé leurs failles béantes, et l’édifice, autrefois glorifié, s’érode inexorablement.
Ce système, fondé sur l’accumulation insatiable et la prédation des ressources, s’illustre désormais par son incapacité à répondre aux défis qu’il a lui-même engendrés : inégalités criantes, dégradation climatique et désarroi des masses. Tandis que les profits s’accumulent au sommet, les fondements mêmes de l’économie réelle s’effritent, laissant place à un monde d’exclusion et de précarité. L’idée même de progrès, autrefois synonyme d’innovation et de justice, s’est vue détournée au profit d’une fuite en avant où l’Homme n’est plus qu’un rouage, et la nature, un simple gisement à épuiser.
Mais ce crépuscule n’est peut-être pas une fin ; il pourrait être une transition. Déjà, des voix s’élèvent, dénonçant l’absurdité de l’hypercroissance et plaidant pour un retour à des valeurs plus essentielles. Elles invoquent la sobriété, la coopération locale, et un respect renouvelé des équilibres naturels. Elles osent poser une question fondamentale : et si le bien-être collectif ne se mesurait plus en termes de PIB, mais en qualité de vie, en équité et en durabilité ?
Les alternatives existent, bien que souvent reléguées à la périphérie des grandes puissances économiques. L’économie circulaire, la décroissance, les monnaies locales, ou encore les modèles coopératifs sont autant de réponses potentielles à l’effondrement d’un système qui, dans son arrogance, croyait défier la finitude des choses. Pourtant, le chemin est semé d’embûches, car les forces qui défendent le statu quo sont immenses. Les institutions financières, les multinationales et même les gouvernements, pris dans la nasse des intérêts qu’ils servent, peinent à imaginer un monde autre.
Cependant, le capitalisme n’a pas toujours existé, et il n’est pas l’ultime horizon de l’humanité. D’autres systèmes ont prospéré avant lui, porteurs de valeurs et de visions différentes. Rien n’interdit de penser qu’un modèle nouveau, plus juste et plus respectueux de l’harmonie universelle, puisse éclore des ruines de l’ancien. Ce modèle devra toutefois dépasser la simple critique : il devra réconcilier économie et éthique, réintroduire l’Homme et la nature au centre de ses préoccupations, et renoncer à l’illusion d’un développement infini dans un monde fini.
La fin du capitalisme n’est pas une apocalypse ; c’est peut-être un passage, une mue nécessaire pour qu’advienne un monde plus équilibré, où le règne de l’argent cède la place à celui de la vie. À nous de décider si nous voulons être les spectateurs passifs de cette transformation ou les artisans d’un renouveau qui, sans doute, marquera l’histoire de notre espèce.