Algérie et le Polisario : Fracture d’un allié incontrôlable
![](https://maroc-diplomatique.net/wp-content/uploads/2025/02/Algerie.jpg)
Des tensions d’une gravité inédite secouent actuellement les camps de Tindouf, révélant les fissures profondes dans la relation entre l’Algérie et le Polisario. Des affrontements violents ont éclaté entre des éléments armés de la milice du Polisario et la gendarmerie algérienne à un point de contrôle situé où se positionne le mouvement séparatiste. Ces échanges de tirs à balles réelles ont causé plusieurs blessés, et des sources concordantes évoquent même des pertes humaines.
Ce déferlement de violence marque-t-il le prélude à une rupture définitive ? Longtemps utilisé comme levier géopolitique par Alger pour contrer le Maroc dans le dossier du Sahara, le Polisario semble aujourd’hui mordre la main qui le nourrit. La milice, autrefois docile, manifeste des signes croissants de rébellion envers son protecteur historique, mettant en évidence l’incapacité du régime algérien à contenir un groupe de plus en plus difficile à contrôler.
Des échanges violents ont éclaté dans les camps de Tindouf entre des éléments du Polisario et la gendarmerie algérienne à un point de contrôle sous le commandement du Polisario. Des tirs à balles réelles ont fait plusieurs blessés, ces même sources évoquent même des morts. ⚰️🚑… pic.twitter.com/E4QUUqugpB
— Moorish🇲🇦👑🫡 (@MoorishRbati) February 5, 2025
L’Algérie serait-elle en passe de perdre la maîtrise du monstre qu’elle a créé ? Cette interrogation trouve un écho particulier dans les décisions militaires : l’armée algérienne a procédé, mercredi dernier, au retrait de ses chars des camps de Tindouf. Cette manœuvre intervient au lendemain des affrontements armés entre le Polisario et la gendarmerie algérienne, conséquence directe d’un conflit lié au contrôle du trafic de drogue dans la région.
Cependant, selon une source sécuritaire, ce retrait des blindés répondrait à des considérations tactiques propres à l’armée algérienne, sans lien direct avec les combats survenus dans le camp de Boujdour. De tels mouvements de troupes sont souvent interprétés comme des préparatifs en vue d’exercices militaires dans la zone frontalière. Cette hypothèse trouve un fondement dans les antécédents récents : en avril 2024, le général algérien Saïd Chengriha avait dirigé un exercice à balles réelles à Béchar, non loin de là, suggérant la possibilité d’opérations similaires à venir.
Lire aussi : Algérie : Boualem Sansal renvoyé en prison après son hospitalisation
Malgré ces mouvements, l’armée algérienne conserve un contrôle strict sur les camps de Tindouf. L’accès et la sortie des résidents restent soumis à une autorisation militaire, réaffirmant la mainmise d’Alger sur cette zone sensible. Toutefois, la multiplication des incidents violents et des affrontements internes souligne une réalité plus complexe : celle d’un partenaire de plus en plus imprévisible, capable de remettre en cause l’ordre établi.
La fracture entre Alger et le Polisario n’est pas seulement un symptôme d’une tension localisée, mais bien le reflet d’une instabilité systémique du régime algérien. En s’appuyant sur le Polisario comme outil de propagande régionale, l’Algérie a peut-être nourri un acteur qui, aujourd’hui, échappe à son contrôle, menaçant d’accentuer les vulnérabilités internes du pays et de déstabiliser davantage la région du Maghreb, comme l’a souvent alerté Washington.