Parc immobilier en stand-by : 1,1 million de logements inoccupés
Le Maroc fait face à un nombre croissant de logements inoccupés, principalement dans les grandes villes. Cette situation, liée à des problématiques fiscales et sociales, impacte négativement le marché immobilier. Selon les experts, une meilleure gestion de ces biens vacants pourrait favoriser la stabilité des prix et stimuler l’économie locale tout en répondant aux besoins croissants en logement.
D’après les données actuelles du Haut-Commissariat au Plan, diffusées par Finances News Hebdo, le Maroc dénombre plus de 1,1 million d’habitations inoccupées, ce qui constitue approximativement 16% de l’ensemble du parc immobilier national. Une proportion significative, à savoir 70%, est localisée dans les régions urbaines.
Selon les experts, cette augmentation des logements inoccupés est due à plusieurs facteurs d’ordre social, économique, fiscal et réglementaire. Il souligne qu’une gestion plus efficace de ce parc de logements aurait pu contribuer à améliorer l’offre, ce qui aurait permis de stabiliser les prix tant pour l’achat que pour la location. Ces logements vacants constituent également des investissements improductifs. Inoccupés, ces biens ne créent ni emploi ni valeur ajoutée pour l’économie locale. De plus, de nombreux propriétaires choisissent délibérément de laisser leurs biens inoccupés, souvent par crainte des complications juridiques liées aux loyers impayés ou des procédures judiciaires en cas de litige.
Un autre facteur important évoqué par les experts, concerne les préoccupations fiscales. De nombreux propriétaires redoutent les réévaluations fiscales qu’ils pourraient rencontrer lors de la vente de leurs biens, un phénomène courant dans des zones urbaines à forte densité de population. Cette incertitude fiscale incite certains à garder leurs biens vacants plutôt qu’à les vendre ou à les louer.
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Pour remédier à cette situation, plusieurs pays ont mis en place des politiques visant à encourager la mise en location des logements vacants. Dans ce contexte, le Maroc pourrait tirer parti de l’expérience de certains pays européens qui ont instauré des taxes spécifiques sur les logements inoccupés. Ces taxes sont généralement appliquées selon des critères précis, permettant aux municipalités de générer des revenus supplémentaires tout en stimulant la mise sur le marché de logements vacants. Mohamed Alaoui, expert en immobilier, suggère que le Maroc pourrait envisager une telle mesure pour relancer son marché immobilier, qui peine à retrouver sa vigueur d’antan.
En France, par exemple, une loi adoptée en 1998 a été conçue pour « rééquilibrer l’offre et la demande de logements ». Cette législation vise spécifiquement les logements vacants depuis au moins deux ans dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants. À la suite de telles initiatives, le Maroc pourrait également introduire une taxe sur les logements vacants dans les grandes villes où la demande excède l’offre. Un tel mécanisme pourrait non seulement stimuler le marché immobilier, mais aussi générer des revenus fiscaux pour l’État tout en répondant à une demande croissante en matière de logement.
Selon les experts, avant d’arriver à une telle mesure, il est important de mener une étude approfondie de sa faisabilité, en particulier en distinguant les logements vacants des résidences secondaires. En effet, un logement vacant est typiquement une unité de logement non meublée et ne consomme ni eau ni électricité, tandis qu’une résidence secondaire, généralement meublée, est utilisée de manière occasionnelle par ses propriétaires, notamment les Marocains résidant à l’étranger.
Parallèlement, le Maroc a fait de l’habitat une priorité dans sa stratégie de développement. Le pays a mis en place plusieurs programmes de construction soutenus par des investissements publics substantiels pour augmenter l’offre de logements. Ces initiatives visent à répondre aux besoins des différentes couches sociales, qu’il s’agisse de logements sociaux, de résidences pour la classe moyenne ou de projets de relogement pour les habitants des bidonvilles et des logements insalubres.
Malgré ces efforts, il est évident que ces mesures n’ont pas suffi à résoudre les déséquilibres du marché immobilier. En particulier, les logements de standing restent insuffisants pour répondre à la demande des catégories les plus élevées. La rareté du foncier, combinée à l’expansion urbaine rapide, a conduit au développement de nouvelles zones résidentielles en périphérie des grandes villes. Toutefois, cette situation oblige de nombreux habitants à parcourir de longues distances pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’étude, ce qui engendre des problèmes de mobilité et de congestion urbaine.