CPS : L’Algérie ou l’échec retentissant d’une diplomatie en déroute
Diplomatie
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C’est un camouflet sans appel qui résonne au-delà des murs de l’Union africaine ! L’Algérie vient de subir une humiliation diplomatique de grande ampleur. En mettant tout son poids diplomatique pour tenter de récupérer un siège au Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine, elle espérait imposer son retour au sein de cette instance stratégique, chargée de la prévention et de la gestion des conflits sur le continent. Mais la sentence a été implacable : les nations africaines ont refusé de lui accorder leur confiance. Ce rejet, loin d’être anodin, marque un échec cuisant et symbolise le déclin de l’influence d’Alger sur la scène continentale.
Ces élections, organisées dans le cadre de la 46ᵉ session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA, en prélude au Sommet des chefs d’État les 15 et 16 février, ont délivré un message sans équivoque. La diplomatie algérienne, qui avait fait de cette candidature un enjeu majeur, n’a pas su convaincre. En face, la délégation marocaine, dirigée par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, poursuit, elle, son ancrage naturel au sein des institutions africaines.
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Faut-il rappeler que le CPS est un organe décisionnel de premier plan au sein de l’Union africaine, chargé de la prévention et du règlement des conflits ? Composé de 15 membres dotés de droits de vote égaux, il fonctionne selon les principes de rotation et de représentation régionale. Son renouvellement s’effectue par élections, lors desquelles cinq membres sont désignés pour un mandat de trois ans, tandis que dix autres le sont pour un mandat de deux ans. Ces sièges sont répartis comme suit : quatre pour l’Afrique de l’Ouest, trois pour l’Afrique Centrale, trois pour l’Afrique de l’Est, trois pour l’Afrique Australe et deux pour l’Afrique du Nord. Il est donc impératif pour chaque candidat d’obtenir un soutien régional solide et des alliances diplomatiques robustes.
L’échec du forcing algérien
L’Algérie nourrissait l’ambition de récupérer le siège actuellement occupé, depuis trois ans, par le Maroc au sein du CPS. Depuis plusieurs mois déjà, la diplomatie algérienne s’était activée dans les coulisses, multipliant les pressions et usant de son réseau pour convaincre. Pourtant, la décision des États africains a été sans appel : un refus catégorique de la part des nations africaines, qui ont préféré rejeter une candidature perçue comme opportuniste et clivante. Contrairement à son voisin marocain qui, en 2022, avait obtenu une majorité écrasante, l’Algérie a été recalée sans même atteindre le seuil requis.
Cet échec ne doit rien au hasard, il illustre, avec une cruelle évidence, l’isolement grandissant de l’Algérie sur la scène africaine. Ses politiques de confrontation et ses ingérences maladroites dans les affaires de ses voisins ont fini par lui aliéner un nombre croissant de partenaires. Ses gesticulations diplomatiques, à l’image des campagnes menées tambour battant contre le Maroc dans les instances africaines, n’ont manifestement pas convaincu. Pire encore, elles ont renforcé l’image d’un pays arc-bouté sur des postures rigides, incapable d’insuffler une vision constructive et fédératrice à l’échelle du continent.
Aussi le rejet de la candidature algérienne ne relève-t-il pas simplement d’une défaite ponctuelle. Il s’agit d’un désaveu global, qui traduit une dynamique de fond. Loin de l’époque où Alger dominait certaines instances de l’Union africaine, les pays du continent semblent aujourd’hui préférer un modèle de diplomatie pragmatique et fédérateur. Dans ce sens, le CPS, lui, exige des membres actifs et capables d’initiatives diplomatiques constructives. En plus, l’échec est d’autant plus amer que l’Algérie avait mis en avant le principe de rotation pour justifier son ambition. En vain. Ce prétendu droit à l’alternance n’a pas trouvé preneur parmi les États africains, qui ont préféré s’abstenir plutôt que d’apporter leur appui à la candidature algérienne.
C’est dire que les échecs successifs d’Alger à l’Union africaine révèlent une tendance de fond : l’isolement grandissant du pays et l’incapacité de son appareil diplomatique à s’adapter aux nouvelles dynamiques africaines. Alors que le Maroc multiplie les initiatives en faveur du développement, de la stabilité et de la coopération intercontinentale, l’Algérie s’enlise dans des schémas conflictuels d’un autre temps.
Un signal fort du continent africain
L’élection avortée de l’Algérie contraste évidemment avec la position du Maroc, dont le retour en force au sein des institutions africaines se fait sentir avec un impact certain. Le Royaume, fort d’une diplomatie proactive et ancrée sur des initiatives concrètes de développement et de coopération, bénéficie d’une reconnaissance continentale de plus en plus marquée. L’élection du Maroc en 2022 avec une majorité écrasante en est la parfaite illustration. Un véritable plébiscite révélateur du respect qu’inspire la diplomatie marocaine en Afrique.
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Par ailleurs, le CPS, en tant qu’organe décisionnel en matière de paix et de sécurité, requiert une vision claire et des alliances solides. Le Maroc l’a compris et a su se positionner comme un acteur incontournable dans la stabilité du continent, en nouant des relations stratégiques et en multipliant les initiatives en faveur du développement et de la paix. Cette déconvenue algérienne est un véritable baromètre de l’évolution des rapports de force en Afrique. Le temps où Alger dominait le CPS entre 2003 et 2021 semble bel et bien révolu. Le continent africain a envoyé un message clair : il ne cautionne pas une diplomatie de confrontation et d’obstruction. Le rejet de la candidature algérienne traduit à la fois la perte d’influence du régime et la volonté de nombreux pays de s’affranchir des clivages artificiels entretenus par Alger.
Bien entendu, de nouvelles élections seront organisées prochainement pour ce siège stratégique du CPS. Mais à la lumière de cet échec cinglant, les perspectives algériennes apparaissent des plus sombres. L’incapacité du régime à réunir autour de lui un consensus africain met en exergue son isolement croissant et la nécessité impérieuse pour Alger de revoir entièrement sa stratégie diplomatique. À son grand malheur, le régime algérien, prisonnier de ses propres contradictions, continue de naviguer à vue, incapable de se réinventer. Ce nouvel échec au CPS est un symptôme supplémentaire d’un système à bout de souffle, déconnecté des réalités africaines et mondiales.
Or pour l’Afrique d’aujourd’hui, le pragmatisme et la coopération sont les nouvelles clefs du succès diplomatique. Un message que le Maroc a su intégrer avec brio et que l’Algérie, à l’évidence, peine à comprendre.