Guerre médiatique : Pourquoi le Maroc doit prendre l’offensive !
CE QUE JE PENSE
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Si l’Algérie excelle dans un domaine, ce n’est ni la diplomatie constructive ni la coopération sincère, mais bien l’art du mensonge et de la désinformation. Incapable de s’imposer par le dialogue et la crédibilité, elle inonde l’espace médiatique de fake news et de manipulations grossières, dans l’espoir d’affaiblir le Maroc par l’intox plutôt que par l’argument. Mais la vraie question n’est pas de savoir jusqu’où Alger est prête à s’enfoncer dans cette stratégie – car son abîme de mauvaise foi semble sans fond – mais jusqu’à quand la presse marocaine restera en position défensive.
Récemment, les relais médiatiques algériens ont utilisé le logo d’un média marocain pour propager un mensonge grotesque sur S.M. le Roi, avant de détourner des événements sortis de leur contexte pour alimenter des scénarios de crise totalement fabriqués. Plus récemment encore, ils ont prétendu que le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, aurait accordé une interview à Jeune Afrique contenant des propos totalement étrangers à sa diplomatie. Face à cette guerre médiatique orchestrée par Alger, il ne suffit plus de rectifier les mensonges ou de répondre aux provocations. Le temps de la simple réaction est révolu. Le Maroc doit occuper l’espace, imposer son discours et structurer une riposte médiatique proactive et efficace.
Il est évident qu’un pays qui mène une diplomatie forte doit aussi se doter d’une presse influente, capable de porter sa voix sur la scène continentale et internationale. L’Algérie a détourné ses ressources financières issues du gaz pour propager de grandes contre-vérités ; le Maroc, lui, doit s’appuyer sur la puissance du récit, la force de l’image et la justesse du message. L’ouverture et la consolidation du paysage audiovisuel, tant public que privé, deviennent une nécessité stratégique. Il ne s’agit plus seulement d’informer, mais d’influencer, d’anticiper et de déjouer les offensives adverses. L’Algérie souffre de failles internes profondes, notamment en matière d’unité nationale. Et si Alger ne se prive d’aucun levier pour attaquer le Maroc et nuire à son intégrité territoriale, alors chaque fissure dans son narratif doit être exploitée pour défendre les intérêts du Royaume.
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D’ailleurs, l’Algérie le sait : son triomphalisme n’est qu’une façade qui masque une diplomatie fragile, peinant à s’imposer autrement que par l’achat de voix et la corruption, plus habituée à l’achat d’alliances qu’à la construction d’une influence durable. Il est temps que le Maroc prenne les devants et impose son propre tempo sur l’échiquier médiatique.
L’information comme levier d’influence
Si la force d’une nation se mesure à sa diplomatie, alors son rayonnement dépend indéniablement de sa presse. Dans un monde où l’information est une arme stratégique, le Maroc ne peut plus se contenter d’un rôle défensif. Face à la propagande féroce et méthodique de l’Algérie, qui mobilise ses ressources gazières non pour le développement de son peuple mais pour alimenter une machine de désinformation d’une rare intensité, il est temps d’opposer une véritable riposte médiatique.
Car le mensonge est l’ultime refuge des régimes vacillants. Alger le sait : incapable de convaincre par la diplomatie et la construction d’une véritable puissance régionale, elle s’enfonce dans l’intoxication et l’achat d’influence, s’octroyant des relais médiatiques à l’international pour distiller ses contre-vérités. Le Maroc, de son côté, ne peut plus se contenter de démentir ni de rectifier. L’heure est venue de prendre l’initiative, de structurer un véritable soft power médiatique et d’imposer un récit marocain qui transcende la simple réaction.
Une presse forte n’est pas un simple outil de communication nationale : elle est un vecteur d’influence diplomatique. Les grandes puissances l’ont bien compris. Ce n’est pas un hasard si les États-Unis disposent de CNN, le Royaume-Uni de la BBC, la France de France 24 et la Russie de RT. Ces médias sont plus que de simples chaînes d’information ; ils façonnent l’opinion, imposent des cadres de pensée, et orientent les débats internationaux. Bien sûr que nous avons nos médias mais ils ont besoin d’être renforcés et consolidés. Le Maroc doit s’inscrire dans cette logique et doter sa presse d’une ambition qui dépasse les frontières. Il ne s’agit pas seulement d’informer, mais de structurer un discours, de modeler un narratif et d’anticiper les offensives adverses. L’ouverture de chaînes satellitaires multilingues, la consolidation de médias numériques capables de rivaliser avec les grandes plateformes internationales, et la création d’espaces d’analyse stratégique sont des nécessités incontournables.
L’Algérie, malgré ses moyens colossaux, souffre d’un mal profond : celui de l’incohérence et de la contradiction. Ses dirigeants parlent de « principe de non-ingérence » tout en orchestrant des campagnes de déstabilisation. Ils prônent la « libération des peuples » tout en écrasant toute voix dissidente sur leur propre territoire. Ce double discours est une faille exploitable. La presse marocaine doit en faire une arme redoutable.
Une stratégie proactive et coordonnée
La bataille de l’information ne se gagne pas dans la réactivité, mais dans la proactivité. Plutôt que d’attendre la prochaine intox venue d’Alger pour y répondre, nous devons anticiper, imposer le tempo et structurer une couverture médiatique internationale qui place le Maroc en position de force. Cela passe par la diversification des supports : Il est impératif de renforcer la présence du Maroc sur les médias numériques, de développer des plateformes en plusieurs langues et de capitaliser sur les réseaux sociaux, où l’influence se joue désormais autant que dans les salles de rédaction.
Aussi l’activation des relais internationaux et ainsi nouer des alliances avec des médias étrangers, organiser des conférences, fournir des tribunes à des experts marocains et internationaux capables de défendre la position du Royaume sur les scènes diplomatiques. Il faut aussi développer une approche offensive en démontrant les contradictions et les échecs du régime algérien et en mettant en avant ses incohérences internes, notamment la répression des Hirakistes, l’absence de libertés fondamentales et la marginalisation de la Kabylie. Par ailleurs, l’éducation médiatique a son rôle à jouer. Pour cela, il faut former une nouvelle génération de journalistes marocains aguerris aux enjeux géopolitiques, capables de structurer un discours précis, percutant et efficace sur les grandes questions stratégiques.
Le Maroc a tous les atouts pour imposer sa voix. Il dispose d’une diplomatie respectée, d’une économie dynamique et d’une stabilité enviée dans la région. Il manque de consolider un pilier essentiel : une presse influente à la hauteur de son rayonnement. Laisser le champ libre à la désinformation revient à abandonner une partie de la bataille. Or, un pays qui aspire au leadership ne subit pas l’information, il la maîtrise. L’heure n’est plus à la défensive : le Maroc s’affirme et se projette ; il doit imposer une riposte médiatique digne de son envergure.