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Tourisme : La concurrence des géants numériques met en péril la survie des voyagistes marocains

Malgré les résultats exceptionnels du tourisme au Maroc, les voyagistes traversent une crise profonde, avec de nombreuses agences inactives. La concurrence des plateformes de réservation en ligne et l’évolution des comportements des consommateurs bouleversent leur modèle. Certains cherchent à s’adapter en diversifiant leurs offres, mais la concurrence reste rude.

Les voyagistes marocains traversent une situation paradoxale. Alors que le secteur du tourisme enregistre des performances exceptionnelles avec des recettes en devises atteignant 104,7 milliards de dirhams et 17,41 millions d’arrivées en 2024, la majorité des agences de voyages sont plongées dans une crise profonde. D’après les médias, sur les 2.000 agences recensées au Maroc, environ la moitié sont aujourd’hui inactives, selon la Fédération nationale des agences de voyage (FNAVM). Cette crise survient malgré une forte demande internationale (+20% l’année dernière), et bon nombre d’agences doivent leur survie à l’essor du tourisme religieux, particulièrement la Omra.

Ce qui choque, c’est l’écart entre la difficulté que rencontrent les voyagistes et la dynamique des voyages internationaux, un secteur qui devrait normalement être capté par ces agences. En effet, les Marocains ont dépensé 24 milliards de dirhams pour leurs voyages à l’étranger, que ce soit pour les loisirs, les soins médicaux, les études ou le pèlerinage. Dans des circonstances normales, cet argent devrait bénéficier aux agences locales, mais ce n’est pas le cas. Il y a à peine deux ans, la vente de billets d’avion représentait 30% des revenus des agences, mais aujourd’hui, les frais de service pour ces billets ne sont plus qu’une petite part de ce que les clients économisent en réservant directement sur les sites des compagnies aériennes.

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La transformation numérique du secteur et l’évolution des habitudes des consommateurs ont bouleversé le modèle traditionnel des voyagistes marocains. Ce qui fonctionnait très bien jusqu’à présent s’effondre sous la pression des plateformes de réservation en ligne telles que Booking.com et Expedia. Réserver un vol ou un hôtel est devenu aussi facile qu’un clic, souvent à un prix plus avantageux, car ces plateformes évitent les frais de dossier que les agences imposent, expliquent les médias.

Cependant, face à cette concurrence de plus en plus forte, les voyagistes dénoncent ce qu’ils appellent une « concurrence déloyale » venant des grandes plateformes et des acteurs informels, comme ceux qui vendent des voyages via les réseaux sociaux. Ils réclament plus de régulation et de protection, comme celle dont ils bénéficiaient autrefois. Ils s’indignent, par exemple, que Booking.com vende des réservations aux Marocains, une pratique pourtant interdite en Turquie.

Pour tenter de s’adapter, certains voyagistes ont élargi leurs offres, en proposant désormais des billets de train, des locations de voitures et même des assurances. Mais cette nouvelle démarche rencontre déjà l’opposition des courtiers en assurance, qui voient d’un mauvais œil cette nouvelle concurrence.

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