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Le rêve algérien du gazoduc transsaharien s’effondre face à l’instabilité sécuritaire

Le 12 mars, un nouvel attentat a frappé l’oléoduc reliant le Bénin au Niger, dynamité dans la région de Dosso, au sud-ouest du pays. Il s’agit du dixième acte de sabotage enregistré depuis le début de l’année, confirmant une tendance inquiétante à la multiplication des attaques contre les infrastructures énergétiques dans la région.

Au-delà des conséquences immédiates sur l’approvisionnement énergétique et l’économie nigérienne, ces actes de destruction en série compromettent gravement la viabilité du projet de gazoduc transsaharien Nigeria-Algérie (TSGP). Ce mégaprojet, porté par Alger depuis les années 1970, visait à relier les immenses réserves de gaz du Nigeria aux marchés européens via le Niger et l’Algérie. Toutefois, l’insécurité chronique qui sévit dans la zone sahélienne, exacerbée par le terrorisme et les conflits intercommunautaires, réduit considérablement les perspectives de concrétisation de cet ambitieux tracé.

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Le Niger, maillon central du projet, est aujourd’hui un foyer d’instabilité marqué par l’activité de groupes armés djihadistes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda. L’intensification des sabotages contre les infrastructures énergétiques illustre l’incapacité des autorités locales à sécuriser un pipeline d’une envergure bien moindre que le TSGP, mettant en lumière l’impossibilité de protéger un gazoduc traversant plusieurs milliers de kilomètres de territoires incontrôlés.

Face à cette impasse, le projet concurrent porté par le Maroc, le Gazoduc Afrique-Atlantique (GAA), s’affirme comme l’alternative crédible pour acheminer le gaz nigérian vers l’Europe. Contrairement au tracé transsaharien, ce pipeline longe la côte atlantique et traverse plusieurs pays politiquement plus stables, minimisant ainsi les risques sécuritaires. Soutenu par de nombreux partenaires internationaux, le GAA a déjà franchi des étapes décisives en matière d’études et d’accords diplomatiques, alors que le TSGP reste un projet embryonnaire aux perspectives de plus en plus incertaines.

L’Algérie, qui ambitionnait de renforcer sa position de fournisseur clé du marché gazier européen, voit ainsi son rêve s’éloigner. Le sabotage récurrent des infrastructures dans le Sahel démontre que le pari du gazoduc transsaharien est devenu une chimère, tandis que le projet marocain, plus réaliste et mieux structuré, s’impose progressivement comme l’option privilégiée pour sécuriser l’avenir énergétique du continent.

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