Loi sur la grève : les syndicats prêts à riposter après la validation de la loi

Les syndicats viennent de subir un sérieux revers avec la validation par la Cour constitutionnelle de la loi sur le droit de grève. Malgré cette défaite, ils ne comptent pas baisser les bras et prévoient de multiplier les actions, en cherchant notamment des recours internationaux et en intensifiant la pression avant la mise en application de la loi.
Les centrales syndicales viennent de subir un coup dur dans leur confrontation avec le gouvernement. La Cour constitutionnelle (CC) a validé la loi organique sur le droit de grève, malgré quelques réserves, estimant qu’elle n’enfreignait pas les principes fondamentaux de la Constitution. Selon les médias, cette décision a anéanti les espoirs des syndicats, qui comptaient sur cette étape pour obtenir l’annulation de ce texte, déjà très controversé, et qui a exacerbé les tensions avec le gouvernement.
Pour l’instant, aucune réaction collective des syndicats n’a été observée depuis l’annonce de la décision de la Cour constitutionnelle (CC), mais les syndicats ont déjà préparé plusieurs pistes d’action. Selon les informations disponibles, deux stratégies majeures semblent se dessiner à court terme.
Ali Lotfi, secrétaire général de l’Organisation Démocratique du Travail (ODT), a souligné que les syndicats envisagent de porter cette question devant le Bureau International du Travail (BIT), dans l’espoir d’obtenir une intervention internationale. En parallèle, si la situation ne se débloque pas, ils n’hésiteront pas à solliciter un Arbitrage Royal pour tenter de résoudre cette impasse. Pour les syndicats, l’acceptation de la loi sans contestation reviendrait à faire un grand pas en arrière dans la défense des droits des travailleurs, donnant ainsi un pouvoir accru aux employeurs. Cette loi est perçue comme un outil de régression sociale qui risquerait de fragiliser les acquis des travailleurs et de modifier les rapports de force entre employeurs et employés.
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Bien que le calendrier des actions syndicales soit encore flou, une chose est sûre : les syndicats prévoient d’utiliser tous les moyens à leur disposition avant que la loi n’entre en vigueur, dans l’espoir de faire céder le gouvernement. Pour Lotfi, cette loi représente un recul regrettable et pourrait même engendrer de l’instabilité. Il souligne également qu’elle a été adoptée par une minorité d’élus dans les deux chambres du Parlement.
En plus de l’option d’un Arbitrage Royal, les syndicats réfléchissent à d’autres formes de pression, comme le boycott du dialogue social avec le gouvernement et les employeurs avant le 1ᵉʳ mai. Il y’a aussi de l’incertitude concernant la tenue des prochaines négociations sociales.
Le dialogue social demeure un point de friction majeur, surtout que de nombreux sujets sont sur la table : la mise en œuvre de la nouvelle loi sur le droit de grève, la réforme des retraites, etc. Ces dossiers nourrissent les tensions entre les syndicats et le gouvernement.
Si la situation n’évolue pas, une nouvelle grève générale pourrait être envisagée. Lors de la dernière mobilisation, en février, les syndicats affirmaient avoir obtenu un large soutien, avec un taux de participation estimé entre 80 % et 90 %. Le gouvernement, quant à lui, a minimisé l’impact de cette grève, en avançant que seulement 2 % des travailleurs du secteur public et privé y avaient participé.
Dans ce contexte tendu, le secteur de l’éducation n’est pas épargné. Plusieurs syndicats ont décidé de suspendre leur participation aux discussions des commissions techniques chargées de mettre en œuvre l’accord de décembre 2023, censé apaiser les relations sociales et éviter une année blanche.