Industrie automobile au Maroc : cap sur 2 millions de véhicules d’ici 2030

L’industrie automobile marocaine est devenue un véritable moteur de croissance économique, avec une production annuelle qui a franchi un cap important, atteignant désormais un million de véhicules. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Riyad Mezzour, a des objectifs encore plus ambitieux, visant 2 millions de véhicules d’ici 2030. Toutefois, un défi majeur reste à relever : renforcer la production locale de composants pour soutenir cette croissance.
L’industrie automobile est un secteur clé du développement industriel du Maroc, un moteur de croissance économique qui tire sa force de plusieurs éléments : la capacité de production, l’intégration locale et le volume des exportations. Le pays a franchi un cap important en matière de production automobile, avec une augmentation significative, passant de 700 000 véhicules produits par an à un million d’unités.
Le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Riyad Mezzour, a révélé des perspectives encore plus ambitieuses pour les années à venir. Selon lui, le secteur automobile marocain devrait poursuivre sa dynamique de croissance avec l’objectif d’atteindre une production annuelle de 1,3 à 1,4 million de véhicules d’ici 2026-2028. Un objectif final de 2 millions de véhicules produits d’ici 2030 est également prévu.
Toutefois, pour accompagner cette hausse de la production, l’industrie automobile marocaine doit se concentrer sur un enjeu majeur : l’accélération de son taux d’intégration locale. Actuellement, une grande partie des composants nécessaires à la fabrication des véhicules est importée. Afin de réduire cette dépendance et de maximiser la valeur ajoutée produite localement, le Maroc doit intensifier la transformation des matières premières et la fabrication de composants stratégiques sur son sol. Les moteurs, les boîtes de vitesses, les pneumatiques et autres pièces essentielles doivent être produits localement.
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Par exemple, la convention signée avec Stellantis, un des grands noms de l’industrie automobile, va au-delà du doublement de la production de véhicules (passant de 200 000 à 400 000 unités) pour inclure un quadruplement de la capacité de production des moteurs, qui passera de 80 000 à 350 000 unités. Cela constitue un véritable levier de développement pour l’industrie automobile du pays.
L’augmentation de la production, combinée à une intégration accrue de composants locaux, offre des perspectives très intéressantes pour le Maroc. Stellantis, par exemple, prévoit de porter sa production de véhicules de micro-mobilité de 40 000 à 130 000 unités à court terme, avec une ambition de produire jusqu’à 450 000 unités à long terme. Une telle expansion va bien au-delà du simple renforcement de la production de véhicules classiques. Elle participe également à l’émergence de nouveaux segments de marché, notamment dans le domaine des véhicules électriques et des solutions de mobilité urbaine.
En matière d’intégration locale, Stellantis, qui atteint aujourd’hui un taux de 69%, vise un objectif ambitieux de 80%. Cependant, la route est semée d’embûches : les 11% restants concernent des composants particulièrement complexes, tels que le verre, la fonte, les connecteurs ou encore les serrures de portes. Ces éléments, plus techniques, nécessitent un savoir-faire spécialisé et ralentiront probablement le processus d’intégration. Pour pallier cette difficulté, le Maroc mise sur des technologies de pointe, comme les puces électroniques, les capteurs, les caméras et les consoles, qui sont de plus en plus intégrées dans les véhicules modernes.
L’évolution vers les véhicules électriques représente également un tournant pour l’industrie automobile marocaine. Aujourd’hui, entre 30 et 40% de la valeur d’un véhicule repose sur les batteries et leurs composants. Le développement d’un écosystème dédié à la production de batteries et de systèmes de gestion des batteries (BMS) est donc une véritable opportunité stratégique pour le Maroc, qui pourrait se positionner comme un acteur majeur dans ce domaine.
L’industrie des pneumatiques, autre secteur clé de l’automobile, connaît également un renouveau au Maroc. Après la fermeture des usines de General Tire et Goodyear dans les années 2000, une nouvelle usine a vu le jour à Tanger grâce à l’investissement du groupe chinois Sentury Tire. Cette usine devrait produire initialement 3 millions de pneus, avec une montée en puissance prévue pour atteindre 8 millions d’unités. Cette production sera dédiée à la fois à la demande locale et aux besoins des usines Renault et Stellantis installées au Maroc, contribuant ainsi à renforcer la compétitivité du pays sur le marché mondial des pneumatiques.