Retraites : le cadeau fiscal ne convainc pas

La hausse annoncée des pensions de retraite du secteur public peine à convaincre. Alors que le gouvernement vient d’approuver une augmentation de 5 % plafonnée à 300 dirhams par mois dès le prochain exercice budgétaire, les retraités montent au créneau pour dénoncer le caractère symbolique et insuffisant de la mesure. Plus encore, l’exonération fiscale des pensions, introduite dans la dernière loi de finances, est vivement critiquée par ces derniers, qui y voient une simple « mesure cosmétique », loin de répondre à leurs attentes face à l’érosion continue de leur pouvoir d’achat.
Le gouvernement a approuvé une revalorisation des pensions de retraite dans le secteur public, officialisée par un décret réglementaire destiné à préserver le pouvoir d’achat des anciens fonctionnaires face à l’augmentation constante du coût de la vie. Cette mesure, qui doit prendre effet dès le prochain exercice budgétaire, prévoit une augmentation des pensions à hauteur de 5 %, plafonnée toutefois à 300 dirhams mensuels par bénéficiaire.
Selon les dispositions prévues par la réforme, cet ajustement sera financé par une augmentation progressive des taux de cotisation imposés aux salariés actifs affiliés au Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR) ainsi qu’à la Caisse Marocaine des Retraites (CMR). Le gouvernement explique cette décision par l’urgence d’atténuer les écarts croissants entre les niveaux de pension les plus faibles et l’inflation persistante qui affecte le coût de la vie au Maroc.
Cette réforme s’inscrit également dans une démarche plus large visant à rééquilibrer les régimes de retraite nationaux, fortement fragilisés par des déséquilibres structurels imputables à l’allongement continu de l’espérance de vie et aux mutations démographiques que connaît actuellement le pays.
Toutefois, malgré ces annonces gouvernementales censées apaiser les inquiétudes des retraités, la tension demeure extrêmement vive entre ces derniers et les autorités publiques. La Fédération marocaine des retraités, manifestant son mécontentement croissant, a annoncé son intention d’organiser des manifestations d’envergure à partir de la fin avril. Les retraités dénoncent vigoureusement la « surdité persistante » du gouvernement, qui selon eux « refuse de prendre sérieusement en compte leurs revendications fondamentales ».
Ces organisations exigent notamment que la question sensible des pensions soit prioritaire lors du prochain cycle de dialogue social entre l’exécutif et les syndicats, prévu dès le mois d’avril prochain. Pour accentuer la pression, des conférences de presse, ainsi que des lettres ouvertes adressées au gouvernement, au Parlement et aux syndicats, sont programmées tout au long du mois de mars.
Parallèlement, les retraités critiquent sévèrement l’exonération fiscale sur les pensions, introduite dans la dernière loi de finances, la qualifiant de « mesure cosmétique » qui ne résout pas leurs problèmes profonds. « Nous avons atteint les limites de notre patience », martèlent les représentants des retraités, dénonçant une absence totale de réponses sérieuses et concrètes du gouvernement.
À l’occasion du mois de Ramadan, les organisations de retraités ont choisi une stratégie de sensibilisation auprès de l’opinion publique, afin de mieux faire comprendre l’urgence et la légitimité de leurs revendications. Cependant, ces actions pédagogiques ne sont qu’une étape préalable à une mobilisation d’envergure qui reprendra aussitôt après le Ramadan. « Ce n’est qu’un temps d’arrêt temporaire ; notre lutte se poursuivra jusqu’à satisfaction totale de nos droits », prévient un responsable associatif, confirmant ainsi la détermination sans faille des retraités marocains.