ActualitésPolitique

Alger expulse douze diplomates français après l’arrestation d’un diplomate algérien à Paris

Un nouveau tournant dans les relations franco-algériennes : les autorités algériennes ont exigé, ce dimanche 13 avril 2025, le départ sous 48 heures de douze membres de l’ambassade de France à Alger. Une décision brutale qui ravive les tensions latentes entre les deux pays, alors que Paris venait tout juste de placer en détention un agent consulaire algérien suspecté d’implication dans un enlèvement survenu en France.

Malgré les efforts récents des présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune pour reconstruire un dialogue empreint de respect mutuel, la relation franco-algérienne s’enlise une fois de plus dans une crise d’une rare intensité. Depuis plusieurs mois, les deux capitales naviguaient à vue, entre gestes de bonne volonté et accès de méfiance. Mais les événements de ce week-end ont fait voler en éclats les espoirs d’accalmie.

Selon un communiqué publié par le ministère algérien des Affaires étrangères, douze agents diplomatiques français accrédités à Alger ont été sommés de quitter le territoire national dans un délai de 48 heures. Cette mesure, qualifiée d’“inévitable” par une source diplomatique algérienne, serait directement liée à l’arrestation d’un agent consulaire algérien par les autorités françaises, samedi 12 avril.

Ce dernier est soupçonné d’avoir participé à l’enlèvement d’Amir Boukhors, un influenceur algérien en exil en France, critique notoire du régime d’Alger. L’enlèvement, survenu en avril 2024 en région parisienne, avait provoqué un vif émoi dans les milieux militants et au sein de la diaspora algérienne. Trois hommes ont déjà été mis en examen dans le cadre de cette affaire, dont l’agent diplomatique interpellé samedi.

Lire aussi : Double meurtre à Tindouf : l’Algérie et le Polisario rattrapés par leur répression

Si les autorités françaises assurent que la procédure judiciaire suit son cours “en toute indépendance”, la réaction d’Alger ne s’est pas faite attendre. Pour la partie algérienne, il s’agirait d’une atteinte à l’immunité diplomatique et d’un geste perçu comme une provocation.

À Paris, la réponse a été immédiate. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé une décision “disproportionnée et injustifiée”, appelant Alger à renoncer à ce qu’il considère comme des représailles diplomatiques. “Cette décision serait une réponse à l’arrestation de trois ressortissants algériens soupçonnés de faits graves sur le territoire national français”, a-t-il déclaré. Et de prévenir : “Si la décision de renvoyer nos agents est maintenue, nous n’aurons d’autre choix que d’y répondre immédiatement.”

Dans les coulisses, l’inquiétude monte. Cette nouvelle escalade diplomatique intervient dans un contexte déjà fragilisé par des différends historiques non résolus, une coopération sécuritaire en pointillés et des tensions sur les dossiers migratoires et mémoriels. De nombreux observateurs craignent que cet épisode ne compromette davantage la relance d’un partenariat équilibré entre les deux pays.

Alors que Paris s’interroge sur la nature exacte des liens entre les services algériens et l’enlèvement d’un ressortissant opposant sur son sol, Alger dénonce un traitement jugé “hostile” envers ses diplomates. Dans cette confrontation désormais ouverte, chaque geste est scruté à la loupe, chaque silence interprété. Et l’avenir des relations franco-algériennes semble plus incertain que jamais.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page