Elections communales: quelle confiance encore garder ?
Entre le 25 novembre 2011 et le 4 septembre 2015, quatre années se seront passées. La première date est celle des dernières élections législatives, que le PJD a gagnées pour la première fois. Celle du 4 septembre prochain a été fixée pour la tenue des futures élections communales, régionales et professionnelles que l’on attendait impatiemment depuis au moins trois ans, mais qui ont été reportées à plusieurs reprises, laissant en fait s’instaurer une situation quasi inconstitutionnelle, la deuxième chambre des Conseillers restant la même alors que le paysage politique avait radicalement changé depuis le 1er juillet 2011.
Lors du dernier Conseil de gouvernement, réuni jeudi 23 juillet, Abdellilah Benkirane, tout à son sens du respect des décisions annoncées, a réaffirmé que les élections communales et régionales auraient lieu à la date prévue, suivies de celles des chambres professionnelles et de la Chambre des Conseillers. Le calendrier sera donc maintenu, quoi qu’il en coûte, même si le gouvernement – annonce-t-on – continue de « travailler dans le cadre de la Commission « ad hoc » avec les partis politiques, de la majorité comme de l’opposition, lesquels ne semblent pas être depuis toujours sur la même longueur d’onde que le gouvernement. On se rappelle qu’à plusieurs reprises, en effet, ils ont demandé le report de ces élections au motif que les conditions et les résultats ne les favoriseraient pas…
La question est de savoir si, aujourd’hui, le climat général leur rend la grâce qu’ils avaient perdue, la mort dans l’âme, aux élections législatives du 25 novembre 2011 face au PJD ? Peut-être devrait-on rappeler qu’à la veille même de ces élections, ils jouaient la partition du « Tous contre Un », puisque leur adversaire à tous était le seul PJD, et que ceux qui ont accepté de jouer le jeu de la coalition avec lui – L’Istiqlal avant sa défection de la majorité en 2012 et kidnappé par Hamid Chabat, le RNI, le MP et le PPS – comme les autres n’avaient dans l’esprit que l’obsession du parti islamique…
Les enjeux du 4 septembre prochain ne sont bien évidemment pas ceux du 25 novembre 2011. Cela dit, ils ne sont pas moins cruciaux et moins majeurs. La commune, le conseil communal et municipal traduisent, de nos jours, le plus grand et vital défi. Et la Cité, au sens antique et grec du terme dira-t-on, reflète les politiques de gouvernance, de « bonne gouvernance », de proximité au niveau des gestions locales de secteurs vivants comme l’école, la santé, la protection de l’environnement, l’éducation de manière générale, les services publics, l’intégration des minorités, la culture.
Les élus que nous élirons ne seront pas ces « honorables députés » distingués, décrochés souvent des réalités locales, huchés sur leur tour d’Ivoire au parlement devenue, non pas seulement une « chambre d’enregistrement », mais la Tour de Babel avec ses cris d’Orfraie à n’en plus finir…A cette réalité qui nous laisse d’autant plus dubitatifs qu’elle nous est infligée, il y a celle de la commune, de la préfecture, de l’arrondissement, de la rue et du quartier qui manquent de lumière, de lampadaires, d’écoles et de crèches…Et l’élu qui vient la veille du scrutin faire sa campagne, solliciter nos voix, et nous promettre monts et merveilles, nous assurer que les routes seront construites et éclairées, devrait tenir sa parole et non pas disparaître le lendemain des élections…Nous n’en avons que trop connu de cette trempe…