Convergence des expériences marocaine et tunisienne en matière d’éducation aux droits humains
Des experts internationaux, réunis lundi à Tunis, ont mis en lumière la convergence des expériences marocaine et tunisienne en matière d’éducation aux droits de l’Homme et à la citoyenneté.
S’exprimant lors d’une table ronde sur le thème « Education aux Droits de l’Homme et à la Citoyenneté, les questions de la liberté et de la responsabilité », ils ont aussi mis l’accent sur les acquis réalisés et les défis auxquels font face ces deux pays maghrébins.
A cette occasion, le président du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), Driss El Yazami a souligné le rôle des mécanismes d’éducation dans les sociétés marocaine et tunisienne et la place de choix des droits humains dans le système éducatif.
Il a insisté, dans ce sens, sur l’impératif de l’intégration des personnes en situation de handicap dans le système éducatif, relevant qu’il s’agit de l’un des éléments fondamentaux des droits de l’Homme.
Revenant sur les défis auxquels fait face l’éducation aux droits de l’Homme, le président du CNDH a mis l’accent sur certaines contraintes liées à la transition démographique qui a conduit à l’émergence de la catégorie des jeunes dans la société, aux impacts négatifs de la crise de modernisation, l’effondrement du système des valeurs et le déclenchement d’un processus complexe ayant favorisé une approche individualiste.
Dans le même ordre d’idées, il fait savoir que les sociétés arabes vivent de grandes mutations politiques, démographiques et sociales qui ont fait ressortir plusieurs problématiques comme la violence, l’extrémisme et la discrimination, soulignant, dans ce cadre, l’importance du rôle de l’école dans la généralisation de la culture des droits de l’Homme et de la citoyenneté.
Pour sa part, Mme Latifa Akharbach, ambassadeur du Maroc à Tunis, a fait état de contradictions vécues dans la région arabe en général et au Maroc en particulier, expliquant que malgré l’adhésion à la décennie des Nations Unies pour l’éducation aux droits de l’Homme et la mise en place de programmes éducatifs pilotes et une expérience pionnière initiés par la société civile, les concepts de droits collectifs et individuels, de dignité, de liberté, de solidarité et d’égalité présentent encore des faiblesses.
Mme Akharbach a rappelé, à cet égard, les acquis de la Constitution de 2011 qui a accordé une attention particulière à la consécration des principes de consolidation des droits de l’Homme et de la citoyenneté, qui sont intimement liés aux valeurs de liberté et d’égalité et qui constituent la pierre angulaire de tout édifice collectif garantissant les droits et la dignité de tous.
Elle a de même affirmé que malgré la dynamique d’une société civile vigilante et active et la mise en place de programmes publics pour promouvoir la culture des droits de l’Homme dans le milieu scolaire, l’effort consenti n’a pas encore réussi à immuniser la société contre des comportements qui sapent sérieusement les valeurs de la citoyenneté responsable et de respect des libertés.
Pour sa part, Hatem Ben Salem, ministre de l’Education a indiqué que toutes les expériences antérieures visant à enseigner les droits de l’Homme dans les établissements scolaires se sont limitées sur le côté théorique et n’ont pas eu des résultats probants.
Dans ce contexte, Ben Salem a souligné l’impératif de mobiliser tous les moyens matériels et pédagogiques pour enraciner la culture des droits de l’Homme et de la citoyenneté chez les jeunes dans le but de lutter contre plusieurs phénomènes sociaux comme la violence et les viols.
De son côté, le président de l’institut arabe des droits de l’Homme, Abdelbasset Ben Hassan, a indiqué que malgré les multiples tentatives d’intégration des droits de l’Homme et de l’éducation à la citoyenneté dans le système éducatif, beaucoup reste à faire. « Il convient d’œuvrer à l’intégration effective de tous les concepts des droits de l’Homme dans les programmes scolaires et dans la vie scolaire de manière générale », a-t-il dit.
La présidente de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité en Tunisie, Bouchra Belhaj Hamida a, quant à elle, précisé que l’instance a établi un état des lieux de toutes les lois discriminatoires et proposera bientôt plusieurs projets de loi visant la garantie de l’égalité entre tous les citoyens sans discrimination aucune.
L’intervenante a signalé que les efforts de la Commission pour engager des réformes dans la société en matière de libertés individuelles n’auront aucun effet s’ils ne sont pas appuyés par les médias et les élites pour ajuster le discours et l’unifier en faveur de la consécration des droits de l’homme et de la citoyenneté.
S’exprimant lors d’une table organisée par l’ambassade du Royaume en collaboration avec l’Institut Arabe des Droits de l’Homme et le CNDH dans le cadre des journées marocaines en Tunisie, ces experts ont souligné les acquis réalisés ainsi que les défis auxquelles font face ces deux pays maghrébins.
Initiée en collaboration avec l’Institut arabe des droits de l’Homme et le Conseil National des Droits de l’Homme, la table ronde intervient dans le cadre des journées culturelles du Maroc en Tunisie, organisées du 05 au 19 décembre sous le signe « Culture, Dialogue et bon Voisinage ».