Quand le fait divers tire la sonnette d’alarme

Parce que c’est MON Maroc et la terre de mes origines et de mes ancêtres, parce que mes enfants y sont nés et ne comptent pas le quitter, parce que je porte ma patrie dans mon cœur, dans tout mon être et tiens à sa stabilité, parce que l’injustice est une bombe qui menace d’exploser à tout moment, parce qu’il n’y a pas pire pour une société que le désespoir qui finit par écraser l’être humain sous le fardeau d’une vie où il pense ne plus avoir rien à espérer et donc rien à perdre, je M’INDIGNE ET CRIE MA RAGE.

Il est bien évident qu’il nous arrive de nous sentir abruti et roué par l’actualité de plus en plus morne et sinistre qui nous jette dans l’embrasement d’un volcan menaçant d’éjecter sa lave à tout moment. Il est vrai que le fait divers prend une autre dimension dans un Maroc à plusieurs vitesses. Mais n’est-ce pas là un miroir qui nous renvoie l’image désolante d’une société en manque d’harmonie, de valeurs et de repères.

C’est dire qu’au moment où le monde est secoué par des faits majeurs tel le scandale des paradis fiscaux, nous autres Marocains, nous nous focalisons sur notre quotidien qui fait désormais notre actualité et secoue les consciences.

En effet, entre l’affaire du caïd de Deroua, le nez « cléopatrien » cassé de Dounia Boutazout, Mmi Fatiha, la vendeuse des crêpes, les regards vacillent et l’opinion publique s’égare. Pourtant, ces faits divers déterrent des réalités qu’on croyait disparues et un dysfonctionnement sociétal des plus graves. Le citoyen marocain ayant abandonné toute confiance en l’autorité et la justice, de l’Etat tout court, a tendance à vouloir faire sa loi et mettre les responsables devant le fait accompli. Corruption, complot et machination reprennent le dessus et deviennent les maîtres mots d’une psychologie comportementale. L’affaire du couple et du caïd en est la meilleure preuve. D’ailleurs, qui a fait chanter qui et qui a tendu un traquenard à l’autre ? Les projecteurs se sont rivés à un Caïd en tenue indécente dans la chambre à coucher d’un couple marié. Pourtant, dans les coulisses, il y a un homme et une femme qui ont corrompu pour avoir un non-droit et des moqaddems corrompus. Ce couple qui au lieu de dénoncer le harcèlement a fait dans le complotisme et la conspiration n’incarne-t-il pas la mauvaise foi qui transcende le recours à la justice ? Ce caïd n’incarne-t-il pas le dépassement des limites légales de sa fonction pour assouvir un besoin bestial doublé d’adultère ?

L’affaire de Dounia Boutazout quant à elle, reflète un autre aspect du Maroc. Au-delà de la violence verbale et physique, en filigrane, il y a la défaillance de tout un système qui s’effrite sous le joug du clientélisme et du pouvoir au détriment d’une catégorie défavorisée qui est recalée au statut de citoyens de second degré.

C’est bien une image fort inquiétante d’une société transformée en jungle où c’est la loi du plus fort et du plus puissant qui l’emporte.

Et on en arrive au pire. Cette marchande ambulante, vendeuse de gâteaux et de crêpes, qui dans son brisement et son désappointement a préféré se donner la mort de la pire façon qui soit. Elle a rendu l’âme sous l’effet de ses brûlures devant l’indifférence absolue du caïd et de ses auxiliaires qui, comble de l’horreur et du dégoût, filmait la scène comme pour se vanter de leur cruauté monstrueuse. La mort de Fatiha est un crime contre la citoyenneté des classes sociales les plus démunies, contre la dignité des pauvres qui se débattent pour survivre. Qu’est-ce qui a fait qu’on se soit tant éloigné de l’équilibre comportemental salvateur ? Qu’est-ce qui a fait qu’on en arrive là ?

Nous sommes tous concernés par le renversement des valeurs qui s’opère dans notre société en péril et nous n’avons pas le droit de suivre, en spectateurs passifs le rythme vertigineux de cette décadence. La peur se conjugue au pluriel à la vue de personnes, qui se convertissent en bombes destructrices, qui s’éclatent en miettes de feu emportant l’amertume d’une vie qui les a malmenés et humiliés. Mais on peut dire que, finalement, il y a pire que le désespoir ! C’est la détresse humaine de personnes ayant exclu tout embryon –minime soit-il- d’espoir en une vie meilleure, une vie digne tout simplement. Quand le citoyen préfère se donner la mort de la pire façon qui soit pour dénoncer l’outrance et l’injustice d’agents d’autorité sans scrupules, quand une pauvre femme dépouillée de sa marchandise, de son argent, de son foulard et violentée par un caïd nostalgique de la siba et assoiffé de pouvoir, s’immole dans un geste d’ultime détresse, c’est que la société va mal. Terriblement mal.

La dignité du citoyen est un enjeu de taille et il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Que de bien malheureux événements nous révèlent, en un laps de temps très court, le dérèglement du système juridique, sociétal et économique !

N’est-il pas encore venu le temps de revoir le rapport citoyen/forces de l’ordre et d’essayer de changer la donne afin de mettre le Marocain lambda en confiance en face de quiconque représenterait la loi ? Pourtant on se réjouissait que l’ère de Driss Basri soit révolue !

Le ministère de l’Intérieur ne devrait-il pas soumettre à plus de conditions sévères et strictes l’octroi de postes de pouvoir en vue de former des fonctionnaires responsables, consciencieux, honnêtes et surtout dignes de confiance avant de mettre entre leur mains le sort et la sécurité de pauvres citoyens ordinaires qui ne demandent qu’à vivre dignement ?

Le ministère de la Justice ne devrait-il pas être plus intransigeant avec des responsables privilégiés qui profitent de leur position et qui ont failli à leur devoir et à leur serment pour que l’impunité qui sévit n’encourage pas l’abus et pour que ceux qui sont censés faire régner la loi ne menacent pas la stabilité du pays par leurs abus?

JE CRIE et JE M’INDIGNE parce que des immolations qui se répètent rappellent le scénario affreux de Bouazizi en Tunisie, dont le feu a embrasé tout un pays et parce je veux que mon Maroc reste stable !

 

 

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