UE et Mexique renvoient à 2018 la conclusion de leur accord commercial
L’Union européenne et le Mexique n’ont pas réussi à conclure cette semaine comme ils l’espéraient les discussions en vue de moderniser leur accord commercial, renvoyant à de nouvelles négociations « début 2018 », ont-ils annoncé jeudi.
« Nous avons fait beaucoup de progrès, nous sommes très proches d’un accord mais nous n’y sommes pas encore vraiment », a déclaré la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre mexicain de l’Économie Ildefonso Guajardo.
« C’est en vue, mais nous avons besoin de travail supplémentaire au début de l’année prochaine », a-t-elle ajouté. « Je ne veux pas vous donner de date », a dit Mme Malmström.
Les deux parties s’étaient fixé l’objectif de conclure les négociations en 2017. M. Guajardo s’était rendu spécialement à Bruxelles cette semaine avec une délégation d’une cinquantaine de personnes, dans l’espoir de régler les derniers points de désaccord.
« Il ne reste que très peu des problèmes à régler », a insisté le ministre mexicain jeudi.
Les discussions n’ont entre autres pas suffisamment avancé sur le secteur agricole, en particulier les produits laitiers, très sensible pour les Européens, ainsi que sur l’ouverture des marchés publics mexicains, selon une source proche des discussions.
Le Mexique réfléchit par ailleurs à la proposition des Européens de mettre en place un système réformé de règlement des différends entre États et investisseurs (appelé « ICS« ), afin de remplacer les tribunaux d’arbitrage (ou « ISDS« ) chargés jusqu’à présent de régler les litiges dans les accords commerciaux, mais contestés par les ONG.
« Il y a quelque chose de très attrayant de travailler avec l’UE sur cette question », a affirmé M. Guajardo.
L’UE et le Mexique ont engagé en mai 2016 des pourparlers pour dynamiser leurs échanges commerciaux en modernisant un accord entré en vigueur il y a 17 ans, avec l’objectif de le mettre en conformité avec le traité signé avec le Canada, le CETA, dont l’UE veut faire un modèle.
Les deux parties avaient annoncé quelques mois plus tard, en février 2017, leur intention d’accélérer leurs discussions, portées par l’élection entre temps du protectionniste Donald Trump à la présidence des États-Unis.
Le président américain a rapidement remis en cause l’accord de libre-échange de son pays avec le Mexique et le Canada, l’Alena, que les trois parties ont commencé à renégocier, ce qui a conduit Mexico à diversifier ses débouchés commerciaux.
Le protectionnisme affiché de M. Trump a par ailleurs amené l’UE à renforcer son rôle de porte-étendard du libre-échange. Bruxelles s’est efforcé de conclure avant la fin de l’année 2017 les négociations avec le Japon et aurait aimé faire de même — mais sans succès — avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).
Le Mexique a été le premier pays d’Amérique latine à signer avec l’UE, en 1997, un accord de partenariat économique, de coordination politique et de coopération, entré en vigueur en 2000.
Cet accord a permis d’instaurer une zone de libre-échange entre les deux parties, avec pour conséquence un accroissement des échanges et des investissements bilatéraux.
Le commerce entre le Mexique et l’Union européenne a ainsi triplé entre 1999 et 2016, selon les autorités mexicaines.
Les exportations mexicaines vers l’UE, qui atteignent 19 milliards de dollars (16 milliards d’euros), restent néanmoins modestes en comparaison des 302 milliards de dollars (255 milliards d’euros) exportés l’an passé vers les États-Unis.
Le Mexique était en 2016 le 13e partenaire commercial de l’Union européenne.
AFP