Essaouira : Le Jazz « made in Morocco » brille de mille feux à la clôture de la 3è édition du Festival « Jazz sous l’Arganier »
Le Jazz « made in Morocco » a brillé de mille feux vendredi soir à Essaouira, lors de la seconde et dernière soirée musicale, programmée dans le cadre de la troisième édition du Festival « Jazz sous l’Arganier ».
C’est dans une ambiance à la fois conviviale, chaleureuse et bon enfant, que des mélomanes du Jazz du Maroc et d’ailleurs ont répondu présents, massivement, à l’Espace culturel Dar Souiri qui a abrité, deux jours durant, cette nouvelle édition, le temps d’apprécier et renouer avec ce genre musical élégant mais, pour cette soirée de clôture, dans sa version purement marocaine.
Sous les ovations du public présent, c’est Majid Bekkas, en compagnie de sa troupe musicale composée de Mohamed El Babarti, Khalil Bensouda, et Goran Kajfes, qui a ouvert le bal en gratifiant l’assistance d’un florilège de chansons puisées dans un répertoire musical tout aussi riche qu’inédit.
A la manière des grands, Bekkas surfait en toute aisance, entre le Luth et le hajhouj (instrument gnaoui), en interprétant une série de compositions musicales où, les influences à la fois marocaines et africaines font bon ménage, le temps de rendre hommage à l’art gnaoui dans son originalité et son authenticité, tout en le fusionnant aux rythmes de l’accordéon du compositeur français, Marc Berthoumieux.
Natif de Salé, Majid Bekkas s’est vite familiarisé avec les musiques du désert, et les rythmes des danses Aqllal et roukba, un métissage des cultures arabo-berbères et d’Afrique subsaharienne, avant de se former à la culture des Gnaoua, aux rythmes particuliers et à la spiritualité de leurs musiques pentatoniques et leurs instruments traditionnels, auprès du mâalem Ba Houmane. Il apprend aussi le blues et la musique soul, et débute à la guitare en 1979.
Majid Bekkas forme son premier groupe « Youbadi » dans les années 1980, en tant que guitariste, claviériste et chanteur, avant de créer en 1990, le trio « Gnaoua Blues Band ». Son discours musical, sa voix ensorcelante lors des chants arabes et africains, arrivent à conduire le public vers une certaine intimité dans l’esprit de la « Lila gnaoua », un rituel musical de mise en transe.
A partir de 1996, il a commencé à multiplier les rencontres avec les musiciens de jazz sur les scènes internationales, à l’instar de Juan Carmona, Pedro Soler, Flavio Boltro, Joachim Kühn, Ramón López, Stéphane Belmondo, Jacky Terrasson, Lionel Haas, entre autres.
Par la suite M. Bekkas et sa troupe, ont cédé place sur scène, à une autre pointure du Jazz marocain, Othman El Kheloufi, accompagné de son groupe musical composé de Yassir Zaitat, Philip Holzapfel, Martine Labbé, Oussama Mougar, Oussama Chtouki et Imad Innouri, occasion pour l’assistance de retrouver cet artiste talentueux et sa musique imprégnée de sensibilité et d’un goût aussi raffiné.
Son spectacle n’est autre qu’un véritable périple à travers plusieurs histoires tirées du vécu et de l’expérience de cet artiste talentueux, qui a choisi soigneusement de les écrire et de les composer artistiquement, pour partager des moments de joie et de bonheur, avec un public assoiffé et en quête de rythmes et de mélodies attrayants.
« Anour » (Lumière), « groove oriental », « bisou découpé », et « Trik Jdida« , telles sont quelque chansons parmi d’autres qui ont été jouées, pour la circonstance, pour le bonheur et le grand plaisir de l’assistance.
Souvent présenté comme artiste marocain « touche à tout », ce musicien chante et joue au saxophone et présente sa musique comme « un Jazz Beldi » et non pas « un Jazz écrit, carré ». D’ailleurs, en apprenant à jouer en autodidacte, il a tissé un rapport « très personnel » au saxophone, avec une technique qui lui est propre et une manière strictement personnelle de toucher cet instrument pour avoir son propre langage, lui aussi inspiré d’un bagage, ou d’un Nay (flûte).
Sur le « Jazz Beldi », El Kheloufi qui pense sa musique comme le théâtre, explique que Beldi est un adjectif qui vient du Bled et qui renvoie à plusieurs milieux et disciplines, et que certains musiques sont qualifiées de « beldi » pour en souligner l’authenticité.
Dans une déclaration à la MAP à l’issue de cette soirée de clôture, M. Tarik Othmani, président de l’association Essaouira- Mogador a fait savoir que cette nouvelle édition a tenu toutes ses promesses en mettant en avant entre autres, le jazz marocain, notant que l’ambition des organisateurs à l’avenir est d’introduire ce Festival sur la grande scène en plein air, dans l’optique de faire bénéficier un plus large public d’une animation de taille notamment, en cette période de fin d’année où, la ville d’Essaouira connait une grande affluence de touristes issus des quatre coins du globe.
« Grâce maintenant à la ligne aérienne Casablanca-Essaouira, notre objectif à l’avenir à travers ce festival est donc de parvenir à capter un public aussi large que possible parmi les Marocains qui aiment ce style de musique », a dit M. Othmani, mettant en avant l’importance de ce festival dans la diversification artistique et culturelle de la cité des Alizés.
Initiée par l’association Essaouira-Mogador, cette nouvelle édition vient donc conforter « l’image novatrice de la cité des Alizés en tant que ville artistique et culturelle promouvant la musque, toutes les musiques ».
Si le Festival « Jazz sous l’arganier » a toujours voulu mettre en lumière les jazzmen et jazzwomen du monde, il a toujours veillé jalousement à célébrer, depuis sa première édition, tout aussi les artistes marocains et les jeunes talents.
Cet événement se veut un rendez-vous musical incontournable destiné à mettre en valeur les nouvelles sonorités d’un Jazz « made in Morocco » fusionnant, avec l’apport d’instrumentalistes venus d’ailleurs, les rythmes de la musique du monde et l’expérimentation des thèmes librement mélodiques du Jazz.