La fièvre électorale s’empare du Mexique plus de six mois avant la présidentielle
La fièvre électorale est déjà en train de monter au Mexique. Pourtant, l’élection présidentielle n’aura lieu qu’en juillet 2018.
A plus de six mois du scrutin, les partis politiques donnent tout de même l’impression qu’ils sont déjà en campagne et que les négociations vont bon train pour ficeler les candidatures et constituer des coalitions.
A partir de cette semaine, la course pour les présidentielles commence, d’abord, au sein des partis politiques pour confirmer leur choix du candidat, et ensuite, de manière ouverte, pour convaincre les citoyens des projets politiques en lice, avait déclaré le président de l’Institut national électoral lors d’une conférence de presse à Mexico, en lançant la course à la magistrature suprême du pays.
La pré-campagne, qui se veut l’étape de la compétition électorale qui précède le début officiel de la campagne, est une période propice pour l’élaboration et la finalisation des programmes électoraux. Elle est aussi utilisée pour tester la réceptivité et la compétitivité des idées et propositions que les partis politiques entendent soumettre à l’appréciation de l’électorat.
Si les candidats indépendants sont toujours en quête des signatures nécessaires pour participer à cette élection, le principal défi des candidats partisans est de constituer leurs alliances pour renforcer leur chance et mener comme il faut la campagne de mobilisation des électeurs pour le jour J.
Face à cet enjeu, les équipes de campagne des candidats se constituent et ces derniers dévoilent leurs projets politiques pour se démarquer des autres adversaires et réserver une place parmi les favoris des sondages.
Le scénario semble déboucher sur trois grands blocs politiques après l’annonce officielle des principales coalitions politiques et électorales à la conquête de la présidence.
Preuve d’une accélération des horloges, le ministre des Finances José Antonio Meade a annoncé sa démission en vue de briguer la candidature du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI/au pouvoir), formation à laquelle il n’appartient pas, au scrutin présidentiel.
Depuis, les déclarations de soutien au candidat affluent des expressions les plus représentatives du parti, dont les responsables régionaux, les forces syndicalistes et patronales et l’aile de la jeunesse et des femmes du PRI qui n’ont cessé de réclamer leur soutien, certains lui faisant endosser la responsabilité de poursuivre les réformes engagées par le président actuel.
En lançant sa campagne, Meade a affirmé son engagement à poursuivre les réformes entreprises par le président en exercice et à « combler les lacunes pour la construction d’un Mexique meilleur ».
Calcul ou fébrilité, Meade attire à son équipe électorale les teneurs du PRI depuis quelques semaines, dont le président du parti et l’ancien ministre de l’Education nationale. De même, le fait qu’il ait été précédemment ministre du président de droite Felipe Calderón, il veut obtenir non seulement les suffrages des militants du PRI, mais aussi le vote d’électeurs de droite.
Face à lui, le dirigeant de l’opposition Ricardo Anaya a présenté sa candidature pour les présidentielles pour le compte de la coalition politique droite-gauche qui vient d’être constituée.
Cette coalition, qui rassemble le Parti d’action nationale (Pan, conservateur), que Ricardo Anaya présidait, le Parti de la Révolution démocratique (PRD, centre gauche) et le Mouvement des Citoyens, est connue sous le nom de Por Mexico al Frente (Pour le Mexique Devant).
Ricardo Anaya a entamé sa précampagne sous le signe du changement, en lançant une vidéo dans laquelle il a déclaré qu' »aujourd’hui, commence une nouvelle histoire », appelant à une mobilisation massive des citoyens « pour rendre cela possible ». Il a souligné que le peuple mexicain va décider du changement dans l’histoire et que sa coalition électorale est à la hauteur de ce projet qui les mènera au triomphe l’année prochaine.
Les élections de 2018 seront dominées par la colère des électeurs contre la classe politique traditionnelle et une exigence de changement, ce qui les rend difficiles à prévoir, souligne le cabinet de conseil en risques politiques « Eurasia group » dans un récent rapport.
« Le candidat le mieux placé pour tirer profit de cet environnement est le candidat de gauche Andres Manuel Lopez Obrador, qui est actuellement celui qu’il faut battre ». L’ancien maire de Mexico, en lice pour la troisième fois à la présidentielle après une longue carrière politique, a quitté le parti traditionnel de gauche (PRD) pour fonder Morena, acronyme de Mouvement de régénération nationale.
Dans l’entre-temps, la grande figure de la gauche mexicaine revient en force, en affirmant son intention de revenir sur plusieurs réformes du gouvernement actuel et d’offrir une possible amnistie aux criminels afin de réduire la violence qui déchire le pays.
Agé de 64 ans, Lopez Obrador s’est inscrit comme pré-candidat du parti Morena qu’il a fondé en 2014, après deux défaites comme candidat du PRD en 2006 et 2012.
M. Obrador, qui a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, figure en tête des intentions de vote dans les sondages.
Ainsi, selon un sondage publié récemment par le quotidien +El Economista+, Obrador recueillerait 23 pc des intentions de vote contre 20 pc pour Anaya et 19,4 pc pour Meade.
Cependant, le Mexique « se dirige vers son scrutin le plus incertain et important depuis des dizaines d’années le 1er juillet prochain », anticipe Eurasia.
« Le candidat qui saura le mieux capter ce sentiment sera le mieux placé, et le risque d’avoir des mauvaises surprises est élevé », comme l’a rappelé le Chili, avec la percée des candidats des extrêmes, Beatriz Sanchez à gauche et José Antonio Kast à droite, ajoute Eurasia pour qui il ne faut pas « sous-estimer la frustration des électeurs ».
Le cabinet cite l’exemple de la candidate Margarita Zavala qui a quitté le parti conservateur (PAN) pour se présenter comme indépendante.
A cet égard, 87 Mexicains indépendants se sont enregistrés auprès de l’Institut national électoral, dont une cinquantaine aspire à être candidat. Mais pour y parvenir, ils doivent récolter plus de 866.000 signatures d’électeurs qui doivent être recueillies dans au moins 17 des 32 Etats du Mexique, lors d’une campagne qu’ils devront financer eux-mêmes.
Par Khalid EL HARRAK