Ali Najab : mémoire d’un calvaire
Propos recueillis par Souad Mekkaoui
Ils réapprennent à vivre et à rattraper le temps perdu alors qu’ils n’ont fait que survivre, pendant plusieurs années. Ils résistent pour vivre alors qu’ils traînent des boulets d’années perdues, en dehors du temps et de la vie. Ils tentent de se réinventer une vie alors que la leur qu’ils venaient, pour la plupart d’entre eux, d’entamer, a été réduite à une parenthèse d’humiliations, de tortures, de solitude psychologique, de manquements et de souffrances. Soldats ou pilotes de chasse, faits prisonniers pour l’intégrité territoriale de leur pays, ils sont aujourd’hui libérés et redevenus civils à leur corps défendant, après être passés à côté de leur carrière parce que des lois obsolètes n’ont pas été actualisées afin de compenser de longues années de détention. Le capitaine Ali Najab est l’un de ces héros de guerre non reconnus, miraculé d’un destin impitoyable. A 35 ans, il ne savait pas qu’il allait basculer dans le calvaire. Sa descente aux enfers a commencé, le 10 septembre 1978 alors que le conflit du Sahara était à son pic. C’est alors que son avion est abattu par un missile sol-air près de Smara. Ejecté à 10 kilomètres d’une position des FAR, les tentacules du polisario s’emparent de lui sans merci. Depuis, un quart de siècle passé dans les camps de Tindouf, dans le sud algérien, raconte le destin du plus célèbre des prisonniers de guerre marocains. De ses 25 années de captivité dans les geôles du polisario, il garde des souvenirs lourds de charge pour une seule vie. En dépit de son diabète et des années si éprouvantes, sa mémoire infaillible nous rappelle, à tout jamais, que la récupération du Sahara marocain a coûté un prix chèrement payé. Aussi l’Etat, l’armée et le peuple marocain ont-ils une dette et un devoir de mémoire et de reconnaissance envers ces anciens prisonniers et ces martyrs. De retour au pays, le 1er septembre 2003, Ali Najab retrouve une jeune femme, portant la vie en elle, l’attendant avec tout l’amour que peut contenir une fille qu’il avait laissée bébé. Il ne l’avait pas vue grandir mais il revit ces émotions avec les petits-enfants dont elle l’a gratifié. Et c’est en mémoire d’un soldat qui lui avait dit à sa délivrance : « Capitaine, ne nous oubliez pas ! », Ali Najab s’est investi corps et âme, pour que les 404 derniers prisonniers, restés après lui, soient libérés, en août 2005, il milite toujours pour que la situation de ses anciens compagnons d’infortune soit prise en compte afin qu’ils retrouvent leur dignité. Dans cette interview accordée à MAROC DIPLOMATIQUE, Ali Najab nous fait un témoignage poignant et éprouvant d’un supplice collectif vécu dans les camps de Tindouf.
l MAROC DIPLOMATIQUE : Ali Najab, vous avez incarné un aspect particulier de la «guerre non déclarée» qui oppose le Maroc et l’Algérie. Une part tragique, en fait, parce que restée méconnue de l’opinion internationale. Libéré après de longues années de capture, vous continuez un combat de vérité pour la Vérité ! Dites- nous ce que vous ressentez encore.
– Ali Najab : A propos de guerre non déclarée : le Maroc n’a, effectivement, pas déclaré de guerre à l’Algérie. C’est elle qui a, implicitement, déclaré la guerre au Maroc en introduisant des unités de son armée un peu partout au Sahara ( à Mahbes, Bir Lahlou, Tifarity, Amgala, etc.) en les autorisant à ouvrir le feu sur l’armée marocaine à Amgala, le 27 janvier 1976. Mais les lourdes pertes en matériel et en vies humaines subies par l’Algérie sur le terrain et les 106 soldats algériens faits prisonniers par l’armée marocaine, ont obligé le président Boumediene à retirer ses troupes du Sahara laissant la place aux milices du polisario formées et entraînées au centre de « Djeniene » au sud de Bechar, en Algérie. Donc, qu’elle ait été déclarée ou non, cette guerre a eu lieu et duré près de 16 ans durant lesquelles l’Algérie et Kaddafi ont doté le polisario d’un armement sophistiqué allant du simple Kalachnikov aux missiles anti aériens SAM 5-6-7-8 et 9, en passant par des chars et des canons de toutes sortes.
Vous me posez la question sur ce que je ressens encore ? Je vous dirai la fierté d’être marocain, d’appartenir à un pays et à un peuple capables de relever le défi et de surmonter des séismes comme celui de la guerre du Sahara parce que c’en est un ! Fier aussi d’avoir participé à la récupération de notre Sahara et d’appartenir à une armée même si elle a connu deux forfaitures, au début des années soixante-dix dont elle est restée, d’ailleurs, longtemps traumatisée. Toutefois, elle a pu se rattraper et a su relever le défi en sortant victorieuse de cette guerre. Parce qu’en fin de compte, nous sommes chez nous, au Sahara et les séparatistes sont toujours à Tindouf, en Algérie, et y resteront, d’ailleurs, de longues années encore jusqu’au jour où ils décideront de revenir chez eux au Maroc. En faisant des éloges à notre armée, certains me riraient au nez parce que beaucoup de gens ont profité de cette guerre pour s’enrichir et ramasser des fortunes. Soit ! Mais ceux-là ne m’intéressent pas parce que l’Histoire ne les retiendra pas.
Ceux que l’Histoire retiendra et qui resteront ancrés, à jamais, dans ma mémoire et dans mon cœur, sont ces martyrs tombés au champ d’honneur, en acceptant le sacrifice suprême pour que le Sahara revienne à la mère-patrie. Ceux qui ont souffert et poursuivi le combat jusqu’à la victoire finale, ont beaucoup de mérite aussi. Envers tous ces hommes, tous les Marocains du haut de la pyramide jusqu’au simple citoyen, ont un devoir de mémoire et de reconnaissance qu’il faut pérenniser. Enfin, je garde en mémoire mes compagnons d’arme-pilotes- dont j’avais, au début de la guerre, plusieurs sous mes ordres et pour ceux particulièrement morts au combat, j’ai, aujourd’hui, une petite pensée spéciale : des Hommes patriotes, bons, sincères et dévoués comme le sont des êtres de lumière et d’exception.
l Comment expliquer au public que vous étiez prisonnier non pas du pseudo polisario mais de l’armée algérienne ?
– Vous allez, à travers mon expérience, comprendre qu’effectivement, nous n’étions pas prisonniers aux mains du polisario, mais de l’Algérie et de ses services de sécurité militaire. Dès mon arrivée à Tindouf, je fus conduit, directement, chez Mohammed Abdelaziz. Il était dans son bureau, assis à même le sol, sur une couverture verte frappée de trois lettres ANP, en train d’égrener un polycop. Il n’avait pas fini de me poser quelques questions lorsque trois officiers algériens, en uniformes (un capitaine et deux lieutenants) entrèrent sans frapper à la porte. «Nous allons l’emmener», dit le capitaine. Sans dire un mot, Mohammed Abdelaziz se leva et quitta la salle. Arrivé à Tindouf, je fus mis dans une cellule au sous-sol : une chambre de 4 m2, aux murs cimentés avec comme seule ouverture une porte blindée. L’interrogatoire se déroulait au-dessus de la cave et dura près d’un mois. Chaque jour, j’avais devant moi deux lieutenants, un fantassin et un pilote d’hélicoptère.
Durant les séances d’interrogatoire, les deux lieutenants n’ont jamais badiné sur les mots pour me faire souffrir moralement : humiliations, insultes grossières, de méchantes invectives à l’égard de notre Roi et de la monarchie. A chaque fois qu’ils ne pouvaient pas me soutirer quoi que ce soit, ils m’envoyaient deux gus voilés me tabasser dans la cave. Ils voulaient aussi me faire signer un papier dans lequel je déclarais que j’avais bombardé la population civile ; mais en vain parce que de toutes les missions de guerre que j’avais conduites jamais une chose pareille ne s’était produite. L’acharnement de ces officiers algériens sur moi, durant tout l’interrogatoire, me faisait prendre conscience à quel point l’enjeu du Sahara était important pour l’Algérie. En fait, l’Algérie poursuivait deux objectifs stratégiques majeurs dans ce conflit : Amputer le Maroc de son Sahara pour en faire, plus tard, une nième Wilaya algérienne afin d’avoir un accès sur l’Atlantique. En plus, avec l’indépendance du Sahara, Boumediene pensait pouvoir soulever le peuple marocain contre la monarchie et balkaniser le Maroc. N’avait-il pas déclaré : « La monarchie marocaine représente un danger pour la révolution algérienne ! ». Ce qui, d’ailleurs avait fait rire aux éclats, le Roi Hassan II.
L’Algérie était au courant de toutes les violations du droit humanitaire dans le traitement des prisonniers marocains civils et militaires. Les services de sécurité militaire de l’armée algérienne étaient omniprésents dans le QG du polisario. Ils dirigeaient les interrogatoires à tous les niveaux. Ils étaient au courant et cautionnaient même la torture dont plusieurs de nos camarades sont morts. Nous en avions enterré une quarantaine dont les tombes ont été identifiées par le CICR et par l’ONG France Libertés de Danielle Mitterrand, au cours d’une mission internationale d’enquête, en 2003 (voir son rapport sur www.France-Libertés.fr). La 3ème Convention de Genève et ses Protocoles Additionnels qui protègent le prisonnier de guerre sont opposables, à la fois, au polisario et à l’Algérie parce que les prisonniers marocains étaient détenus sur le territoire algérien.
En plus, l’Algérie a commis une faute grave en gardant les prisonniers 13 ans, après le cessez-le-feu en violation de l’article 118 de la Convention de Genève qui prévoit leur libération, immédiatement après l’arrêt des hostilités. Enfin, l’Algérie prétend, à cor et à cri, qu’elle n’est pas partie prenante dans l’affaire du Sahara mais elle a déplacé et gardé un groupe de près de 476 prisonniers marocains, dans ses prisons au Nord : à Blida, Boughar, Jelfa et Boufarik, depuis le début du conflit. Elle en a échangé 150 avec le Maroc, en 1987, contre les 106 Algériens capturés à Amgala. Près de 22 sont morts par manque de soins médicaux. Puis elle a ramené le reste chez le polisario, à Tindouf, en 1994.
l Quel est le sentiment qui, tout au long de ces années de captivité, a dominé chez vous ? L’impuissance, la résignation, l’espoir ou le défaitisme ?
– L’impuissance, la résignation, l’espoir ou le défaitisme ? Sans doute un cocktail de tout ça ! Mais je vais vous surprendre : lorsque mon avion a été foudroyé par un missile anti aérien, mon avion ne pouvant plus voler, je me suis donc éjecté. J’ai eu des problèmes de séparation avec le siège éjectable. Je suis arrivé à m’en débarrasser. J’ai pu ouvrir mon parachute mais trop près du sol. J’arrive au sol sur mes deux jambes, sain et sauf. Je n’ai pensé à rien sur le moment, même pas à l’ennemi. De nature, je ne suis pas «grand amateur des prémonitions » mais j’ai eu, quand même, le pressentiment que j’allais vivre encore longtemps !!! Venais-je de prendre, inconsciemment, la décision de ne pas me sentir comme victime mais de me sentir en « homme libre » capable de « faire face » aux difficultés qui allaient se dresser devant moi ? Peut-être. Soudain, les balles de l’ennemi commencent à siffler au-dessus de ma tête.
J’ai compris alors que ma vie et ma carrière allaient prendre un nouveau tournant … décisif. Je savais que j’allais souffrir, voire être torturé : d’autres pilotes qui avaient servi avec moi ou sous mes ordres au Sahara avaient été capturés avant moi. J’étais donc conscient que le polisario possédait un dossier lourd sur moi. Il me fallait donc du courage -quitte à le réinventer- parce que c’était le prix à payer pour sauvegarder ma dignité. Dostoïevski disait : «Je ne redoute qu’une chose : ne pas être digne de mes souffrances». Mais le courage guerrier «ne mérite son nom que s’il revêt une portée morale, par exemple lorsqu’il est destiné à protéger la patrie». La foi en ma patrie a été l’antidote de toutes mes souffrances de 25 années de captivité. Je sentais que mon amour pour ma patrie et ma croyance en elle, me poussaient, au fil des jours, à devenir un être « hors du commun ». « On tient à la figure de la patrie comme au visage de la mère », nous dit V. Hugo. Et qui ne se sacrifierait-il pas pour sa mère ? Ma foi en ma famille était aussi importante. Je vivais avec l’espoir de revoir mes parents, ma femme et ma fille unique, Ola : «On revient de loin si quelqu’un vous attend», disait un pilote de l’aéropostale de jadis.
La foi en Dieu était le support de nos espérances que tout cela sera fini un jour. La prière collective et la lecture du coran nous unissaient, chaque jour davantage, malgré les vicissitudes d’une vie faite de souffrances et de tortures. Nos «imams» aimaient réciter, au cours des prières, ce verset : « La piété, ce sont ceux qui tiennent leurs engagements, qui supportent avec courage l’adversité et la misère même dans leurs manifestations extrêmes. Ce sont ceux-là qui sont des croyants authentiques » (Sourate Al Baqara). La peur existait aussi. C’était naturel d’avoir peur parce qu’elle était un pilier de notre stratégie de survie ; elle nous protégeait ; elle nous avertissait du danger. Mandela disait que le courage n’était pas de ne pas avoir peur mais d’y triompher. Enfin l’espoir. L’espoir en l’avenir : avec l’imagination, on pouvait tout construire et on avait un avantage sur notre ennemi : il ne pouvait pas m’empêcher de penser et de rêver.
J’entretenais mes rêves pour qu’ils ne meurent pas. Le rêve éveillé était « un puissant moyen de nourrir le meilleur de soi et de s’en nourrir ou de s’en servir en retour ». Grâce au rêve éveillé, je pouvais sauter par-dessus le mur de la prison et aller surfer sur le web de mes souvenirs et de mes espérances. Je vivais dans une communauté de prisonniers composée d’officiers, de sous-officiers et de soldats. Nous avions décidé d’oublier nos grades pour vivre plutôt en frères. Néanmoins, la discipline était un repère fort. Chacun connaissait sa place et le respect des valeurs morales était de rigueur. La promiscuité n’a pas eu raison du respect des uns envers les autres. Nous avions constaté qu’au fil des jours, le langage grossier des soldats avait, curieusement, disparu du langage des prisonniers et que la foi, la patrie et les valeurs ont repris le dessus. L’isolement total, les prisonniers l’ont brisé en se procurant ou chipant des postes radios par ci par là.
Ils nous permettaient d’écouter les informations quand les portes étaient fermées, après l’extinction des feux. Nous avions appris à partager tout : nos idées, les nouvelles de nos lettres familiales, nos colis, nos habits, nos médicaments, nos misères car l’important n’était pas ce que nous attendions de la vie, mais ce que nous pouvions apporter à la vie. Au lieu de se demander si la vie avait un sens, nous nous disions qu’il nous appartenait de donner un sens à la vie, à chaque jour et à chaque heure. Nous devions le réaliser non pas par des mots et des méditations, mais par de bonnes actions, une bonne conduite. On avait, toujours, un copain qui nous relevait quand on tombait. Malgré toutes nos difficultés et nos souffrances, dans notre grande majorité, nous étions, toujours, conscients que nous étions faits et destinés pour une tâche de dévouement et d’abnégation. Nous étions, certes, partagés entre l’angoisse et la fierté, mais nous étions conscients que notre communauté de prisonniers de guerre, n’était pas la somme de nos intérêts mais la somme de nos dons pour notre pays. Sans l’amour de la patrie, sans cette flamme intérieure qui nous brûlait et nous dépassait, nous aurions perdu notre dignité et toute espérance.
Notre rapport au temps demeurait un problème. Le temps fusait en nous, certes, mais les prisonniers n’avaient pas de repères par rapport au monde extérieur même s’ils bougeaient pour aller travailler, à l’extérieur des centres. La manière dont nous percevions le temps était si paradoxale que mes camarades et moi avions l’impression qu’une journée durait plus longtemps qu’une semaine. «Un autre facteur, avec le temps intensifiait le sentiment d’absence de vie : c’était de ne pas savoir quand se terminerait notre emprisonnement.» L’obtention par le CICR de nous installer la télévision dans certains centres, quelques années avant la libération, n’avait pas atténué nos souffrances et nos incertitudes. Les événements et les images de la vie normale des gens que l’on voyait à la télévision, «revêtaient un aspect fantomatique. La vie au dehors, ou du moins, ce qu’on pouvait, en observer, à la télé, apparaissait comme elle aurait pu apparaître à des morts contemplant la vie sur terre depuis l’autre monde ».
Vous m’avez mentionné le mot défaitisme, c’est-à-dire l’attitude de ceux qui ne croient pas à la victoire et préconisent l’abandon de la lutte. Ce sentiment ne m’a jamais envahi ni traversé mon esprit. «Si le Maroc ne récupère pas son Sahara, je (Hassan II) dois être inquiet quant à son avenir en tant qu’Etat et en tant que Communauté» (dixit feu Hassan II). C’est cette phrase qui a toujours été le leitmotiv qui me revenait dans mes missions au Sahara. J’aime beaucoup citer les pensées de feu Hassan II que Dieu ait son âme : «Les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts, ni par les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais.» et j’ajouterai : … le combat. Telle est la devise des pilotes de chasse.
l Quel sentiment vous inspire le comportement des dirigeants algériens à l’égard du Maroc et de sa cause nationale ?
– Boumediene avait la folie des grandeurs et tous les dirigeants qui ont pris le pouvoir après lui, jusqu’à nos jours, ont hérité de lui cette maladie. Les grands ténors de la révolution algérienne – du moins ce qu’il en reste, parce que plusieurs ont été assassinés par le régime algérien lui- même : le dernier en date, Mohammed Boudiaf – ont un complexe visà-vis du Royaume du Maroc. Le mot Algérie est une création française, après sa colonisation en 1830 et n’est devenue un Etat qu’en 1962, tandis que le Maroc est un Etat, depuis déjà 14 siècles. Je n’invente rien, c’est l’Histoire. Les dirigeants algériens, Boumediene en tête, n’ont jamais avalé que les Empires Almoravide, Almohade et Mérinide aient régné sur toute l’Afrique du Nord, durant des siècles et que le mot Maghreb avec Marrakech comme capitale, ne date pas uniquement du 17 février 1989, mais de l’Empire Almoravide.
Sur le plan politique, l’Algérie fut choisie par l’URSS, durant la guerre froide, comme point d’ancrage de la stratégie soviétique au Maghreb et en Afrique. Mais depuis l’effondrement de l’URSS, cette stratégie est devenue obsolète. Or, cela n’a pas empêché les dirigeants algériens de continuer de rêver. Dans l’affaire du Sahara, l’Algérie poursuit deux objectifs essentiels dont j’ai parlé plus haut. En un mot, elle veut abattre la monarchie au Maroc et partant, détruire le Maroc en entier : son Histoire, sa culture, etc. Les dirigeants algériens croient aux vases communicants. Ils font tout pour que le liquide monte très haut de leur côté, ignorant qu’il obéit à une loi scientifique.
l Sur le plan militaire : ils ont amassé un arsenal militaire incroyable : avions, chars canons et missiles. Ils continuent d’acheter un armement sophistiqué. Il y a lieu de se poser la question : pourquoi ?
– En conséquence, je pense que l’Algérie poursuit dans ce sens, deux buts essentiels : Un but de dissuasion à l’égard du Maroc qu’elle est toujours prête à lui faire la guerre et la remporter. Et passer un message pour les grandes puissances pour leur dire que l’Algérie est la plus grande puissance militaire dans la région et que toute coopération de lutte contre le terrorisme dans la région – au Sahel surtout – doit se faire avec la seule Algérie et non avec quelqu’un d’autre (en l’occurrence le Maroc). Et on a bien vu l’Algérie s’opposer à la participation du Maroc à toutes les réunions sur le Sahel parce que le Royaume connaît toutes les ficelles que l’Algérie utilise pour manipuler les groupes terroristes qui opèrent au nord du Mali et au Sahel, d’une façon générale.
Enfin, l’Algérie n’a pas fini de rêver d’un Etat indépendant, au Sahara dont elle veut faire une nième Wilaya algérienne afin d’avoir un accès sur l’Atlantique. C’est pour cette raison qu’elle continue d’entretenir, à coup de millions de dollars, sa machine de nuisance contre le Maroc sur la scène diplomatique internationale. Rompue aux méthodes diplomatiques des maquisards -selon une expression de leur ami Paul Balta- les diplomates algériens ont acheté les voix pour faire entrer la pseudo rasd à l’UA, continuent d’acheter l’achetable dans tous les forums pour barrer la route à la diplomatie marocaine.
l Comment pourriez-vous agir encore pour convaincre les peuples de la supercherie du gouvernement algérien dans cette affaire ?
– Souhaitons qu’un jour, ces généraux qui dirigent l’Algérie, derrière un Président soi-disant élu, changent de stratégie à l’égard du Maroc et dans la région. Parce qu’un Maghreb fort économiquement, militairement et culturellement n’est possible ni avec l’Algérie toute seule, ni avec le Maroc tout seul mais avec les deux, réunis et unis, parce que les deux possèdent des atouts considérables et des intelligences de haut niveau pour être le noyau d’un grand Maghreb fort et l’ossature d’une Grande Puissance de la région comme l’ont été la France et l’Allemagne dans la création de l’Union européenne.