La DGSN , nouveau visage, nouveau mode d’emploi
Par Hassan Alaoui
C’ est de toute évidence une politique inédite, la mise en œuvre d’une communication à laquelle nous sommes désormais conviés et n’avons pas été , jusque-là, habitués. La Direction générale de la sûreté nationale(DGSN) vient de confirmer, ainsi, sa volonté de communiquer sur ses activités multiples et diversifiées, avec une transparence à nulle autre pareille. En témoigne le long communiqué publié vendredi 22 décembre qui fait office d’une sorte de « bilan et perspectives » et qui recouvre un large spectre de réalisations. Inscrits dans l’esprit de modernisation au sens large, engagée depuis quelque temps, les efforts déployés à tous les niveaux donnent la réelle mesure, à coup sûr, d’un changement en profondeur, conduit sous l’impulsion du Directeur général, Abdellatif Hammouchi. C’est peu dire qu’il a transformé la police, il en a bouleversé les vieilles règles, dépoussiéré les réflexes et les modes de pensée et, surtout, réconcilié l’institution qu’il dirige avec les citoyens. Jamais, en effet, dans l’histoire de notre pays, avons-nous assisté ainsi à cette proximité si loquace qui s’exprime, chaque jour, entre les populations et les forces de sécurité.
La DGSN est en train d’opérer une véritable mue, au niveau de ses structures, de ses actions, du rôle qu’elle joue au sein de la société et vis-à-vis de l’opinion publique, des performances, du principe sacré de moralisation , enfin de sa mission sécuritaire. Le rapport à la société et aux citoyens , critère d’une police citoyenne s’il en est, constitue entre autres le meilleur indicateur d’une évolution transversale que la police connaît, depuis trois ans. Or, ce rapport à la société, mieux exprimé par le terme de proximité est à présent l’un des meilleurs critères de la modernisation de notre police, il est au cœur de la moralisation qui revêt désormais une importance capitale dans le renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit. Le bilan que le communiqué de la DGSN a présenté vendredi 22 décembre, long de plus, 16 pages dactylographiées – et certainement plus que ça dans sa forme initiale -, est un véritable plaidoyer pédagogique qui ne prend aucune allure triomphaliste, mais se veut une action de transparence. Il correspond à une volonté affichée d’ouvrir le champ, jusque-là fermé, d’une institution perçue, autrefois, comme un Panthéon hermétique. Avec minutie, un souci scrupuleux du détail, le communiqué de la DGSN décline une palette d’activités impressionnante, une activité après l’autre, un service après l’autre, les structures complexes et pourtant simples, les missions anciennes et nouvelles, les rénovations en termes de gestion et de management, les projets innombrables qu’aucun citoyen – à moins d’être à l’intérieur – ne saurait imaginer, la politique sociale tout à son honneur de la direction générale, transformée, adaptée aux exigences de l’époque, les directions nombreuses en projets de création, la coopération et les partenariats avec les pays étrangers et un accent sur l’Afrique, toute une vision spectrale…
Le communiqué de la DGSN n’est pas un rapport, mais à la limite, un mode d’emploi résumé ici à un exercice de partage qui est, aujourd’hui et à l’avenir, un rituel d’éclairage inscrit sur le fronton de la nouvelle police. Il nous détaille les réalisations de l’exercice 2017 , dont on ne dira jamais assez la dimension impressionnante, les innovations en cours, précisant que dans le cadre de « la modernisation des infrastructures de sûreté et la police de proximité, la DGSN a créé 6 nouvelles Brigades régionales de recherche et d’intervention (BRI), portant le total des brigades régionales créées entre 2016 et 2017 au nombre de 13, outre les Brigades centrales d’intervention (BCI) qui sont spécialisées dans les interventions de crise et les grandes affaires criminelles ». Cette disposition a valeur de postulat : l’institution nationale innove, réforme et rénove. Il est enraciné dans l’esprit du temps, et donne l’exemple probant aux autres institutions de notre pays. Tous les aspects de la vie sociale sont couverts et inclus dans le grand paradigme sécuritaire, et tous les détails de l’impératif sécuritaire – chiffres et exemples concrets à l’appui – sont traités et fournis à l’opinion et aux citoyens. Les structures de ce qui constitue la Sûreté nationale sont ainsi présentées, leur nature et vocation expliquées, leur mission décrite ainsi que les objectifs que la direction générale leur assigne.
En somme, témoin quotidien de nos vies et de nos activités, la police devient désormais acteur de notre liberté et de notre justice. Elle est au socle de la politique de la ville, veille continuellement à la stabilité sociale, collective et individuelle, animée d’une nouvelle culture de proximité, pourvue de moyens nouveaux et modernes pour assurer son efficacité et sa vigilance. Avec la Réforme en cours – touchant jusqu’au choix vestimentaire -, on se retrouve par conséquent face à une véritable architecture où les vocations et les missions sont d’autant plus intimement imbriquées qu’elles répondent à une seule finalité : la sécurité, la stabilité et le vivre ensemble cohabitatif. Il faut cependant mettre en évidence une exigence qui accompagne ce tableau exhaustif de réalisations : le respect des droits de l’Homme qui est désormais à la DGSN ce qu’une nouvelle culture est à la gouvernance efficace et moderne, nous convainc de ce tournant. C’est en quelque sorte un des éléments fondateurs de la réforme de la police, celle-ci étant appelée, également, à une exigeante reddition des comptes à tous points de vue. En témoignent les mesures disciplinaires opérées en interne, soit pas moins de 5428 sanctions et mesures disciplinaires dont 84 radiations. «Les services de la Sûreté nationale ont poursuivi, nous apprend le communiqué, la consécration des mesures de moralisation et de gouvernance, guidée pat les Hautes instructions royales, corrélant responsabilité et reddition des comptes ».
Il était autrefois inconcevable, au nom d’un certain réflexe de dissimulation, de voir ainsi exhiber de telles données et cette réalité interne de la police. Les temps ont changé, les hommes aussi. La police n’est pas ce Léviathan décrit dans le célèbre ouvrage du philosophe anglais, Thomas Hobbes, pour décrire un ordre surpuissant auquel hommes et société se soumettent. Concilier la liberté, la justice et la règle de la loi ? C’est un paradigme nouveau. Mais, il convient de se fier à ce postulat qu’à nouvelle police, nouvelle culture et nouvelle génération.…