Pas de développement en Afrique sans industrialisation innovante
Il ne peut y avoir de développement en Afrique sans industrialisation innovante et recherche scientifique avancée, tel est le message phare de la conférence d’ouverture de la 6ème édition du Forum Centraliens Supélec, qui a réuni, lundi à Casablanca, un parterre de décideurs et de personnalités africaines.
L’industrialisation joue un rôle clé dans le processus de diversification économique et contribue significativement au progrès, au renforcement et au maintien des conditions favorables à la croissance économique, ont-ils insisté.
« L’Afrique est appelée aujourd’hui à réinventer son avenir industriel en mobilisant les porteurs de visions, en renforçant les projets d’infrastructures et en valorisant les matières premières du continent« , a détaillé Mustapha Bakkoury, président du Conseil de la région Casablanca-Settat, pour qui l’eau, l’énergie, et les transports sont les secteurs clés qui doivent permettre à l’Afrique de se développer.
Pour exploiter le vaste potentiel de développement de l’industrie, M. Bakkoury, par ailleurs président du directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen), recommande l’amélioration de la compétitivité économique et du climat des affaires tout en plaçant les énergies renouvelables au centre des préoccupations.
Evoquant le cas du Maroc, M. Bakkoury a indiqué que le Royaume a fait un choix « pertinent » dans le domaine de l’énergie, à travers, entre autres, le développement des énergies renouvelables et l’adoption d’une stratégie de développement de l’économie verte, expliquant que les énergies renouvelables permettent non seulement de répondre aux besoins croissant en électricité mais aussi de contribuer à la protection de l’environnement et à la lutte contre les changements climatiques.
Il a ajouté qu’un total de 15 pays africains ont sollicité récemment le Maroc pour partager son expérience en matière des énergies vertes, exprimant, à cet égard, la disposition du Royaume à partager son expérience et son expertise avec ses confrères africains.
De son côté, Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin, a fait observer que le continent africain, bien qu’il montre une grande diversité au niveau de la trajectoire socio-économique de ses pays, les taux de croissances masquent généralement une faible transformation structurelle pourtant nécessaire à la réalisation d’un développement durable et inclusif.
Depuis plusieurs décennies, certains pays en développement, principalement en Asie, ont réussi à s’industrialiser, au moment où l’Afrique n’y est pas parvenue malgré les tentatives répétées, a-t-il noté, expliquant que les pays africains ne peuvent pas parvenir au développement durable sans une industrialisation innovante et sans une transformation structurelle de leurs économies.
« L’Afrique doit s’industrialiser et elle doit le faire d’une manière permettant l’intégration sociale et qui est viable pour l’environnement », a-t-il ajouté.
Pour sa part, Hamadi Jebali, ancien chef de gouvernement de transition en Tunisie, a fait valoir que la menace posée par le changement climatique pèse lourdement sur les pays africain où l’agriculture est la principale source d’emploi.
L’Afrique doit mettre en œuvre et développer des technologies vertes et orienter les investissements vers l’efficacité des ressources et l’énergie propre, a-t-il insisté, relevant que ces investissements peuvent diminuer les coûts liés à l’électrification des régions rurales tout en contribuant aux efforts globaux visant à atténuer le changement climatique.
Et d’ajouter que les pays africains doivent indubitablement subir la transformation structurelle afin de relever une série de défis étroitement connectés.
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La 6ème édition du Forum Centraliens Supélec s’est ouverte, ce lundi, avec la participation d’une centaine d’experts, d’opérateurs économiques, de décideurs et d’acteurs politiques nationaux et internationaux.
Placé cette année sous le thème de « L’Afrique industrielle, pour une co-émergence inclusive », ce rendez-vous initié par l’Association des Centraliens et des Supélec du Maroc s’étale sur deux jours et prévoit de réunir plus 400 chercheurs, experts, opérateurs économiques dans le cadre des différents workshops et ateliers de réflexion programmés.
A l’issue des travaux du Forum Centraliens Supélec, un livre blanc synthétisera les conclusions des ateliers et de la conférence plénière, ainsi que les principales recommandations émises par les participants. Ces recommandations seront remises ensuite aux décideurs.
Premier réseau d’écoles d’ingénieurs françaises au Maroc, l’association des Centraliens et des Supélec du Maroc organise tous les deux ans ce rendez-vous qui réunit des décideurs du monde des affaires et de la sphère publique pendant deux jours autour d’une thématique d’actualité : énergie, mobilité durable, e-administration, protection de l’environnement, etc.