L’école, sanctuaire de la violence: Banalisation de la violence, à qui la faute ?
Nul doute que tout un chacun a été, plus au moins, choqué par les dernières images relayées largement par les réseaux sociaux, mettant en scène des actes de violence de jeunes élèves vis-à-vis de leurs professeurs. Et la stupéfaction était de mise face à la multiplication de ces agressions, pendant un laps de temps limité, sachant que le phénomène est d’actualité, depuis quelques années déjà.
Cela a ouvert un débat qui n’est pas aussi récent, mais qui surgit plus amplement dépendamment des circonstances et des contextes, à savoir comment, en si peu de temps, on en est arrivés à ce stade de délinquance et de dérapage, au sein d’une institution censée prodiguer éducation et valeurs. Et je pense que face à des problématiques, à la fois compliquées et complexes, telles celle-ci, la réponse n’est d’abord jamais tranchée, et qu’ensuite la responsabilité d’une kyrielle d’institutions et d’acteurs n’est pas à démontrer du fait de son évidence. Cela dit, commençons par le rôle de la famille qui est le premier contact de l’être humain avec son environnement. Et donc les premières interactions humaines se vivent à ce niveau et commencent à se tisser des relations de pouvoir entre le bébé et sa mère, tout d’abord, entre le petit enfant et ses deux parents, ensuite, et puis entre l’enfant et toute sa famille avant que le cercle ne s’élargisse, de plus en plus, au fur et à mesure.
Et à ce niveau déjà on se retrouve, généralement, avec des enjeux de taille tels un manque flagrant au niveau de la prise de conscience de l’importance de l’éducation et de l’autorité pour l’un ou les deux parents, un parent complètement absent pour une raison ou une autre, un savoir médiocre voire inexistant quant aux compétences et techniques indispensables pour mener à bien la fonction de parent éducateur, etc. L’impact de ces enjeux est un ensemble de dysfonctionnements dans la dynamique familiale allant d’un mauvais traitement de la part des parents à l’encontre des enfants, en passant par la violence verbale et physique et en arrivant à un manque total de relation et de lien affectif combien indispensable. Cela nous ressort, tout logiquement, un adolescent immature qui manque cruellement de confiance en lui.
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Et plus important encore qui n’a aucun sens de la responsabilité et aucun respect pour autrui, en général, et pour les figures d’autorité, en particulier, dont les parents eux-mêmes et les professeurs. Par la suite, vient le tour de l’école qui est soit une école publique sans ressources et qui est donc dépassée, ou bien une école privée avec la priorité aux bénéfices financiers et à sa réputation de bonne école. Et cela avec une négligence complète des besoins et des désirs légitimes de l’enfant, combinée à de la violence, plus ou moins importante. D’où un grand stress ancré chez l’enfant et éventuellement, ressortant d’une façon plus ou moins pathologique pendant l’adolescence.
Il est clair qu’au sein de ces deux institutions qui sont la famille et l’école, la banalisation de la violence fait son chemin, tranquillement et profondément, avant que les écrans multiples auxquels s’exposent les jeunes, précocement, ne viennent contribuer à un ancrage solide et sans défaillance de cette violence. Une politique publique efficiente pour les jeunes a été longtemps négligée, ce qui a altéré l’épanouissement de ceux-ci. C’est vrai que les efforts récents sont à encourager, mais ils restent insuffisants étant donné le déficit accumulé dans ce domaine. Et le jeune adolescent se retrouve dans l’incapacité d’intégrer des activités sportives, culturelles et artistiques pour se laisser aller et dépenser toute l’énergie dont il dispose.
Si on y ajoute le flou qui règne quant aux perspectives d’avenir, cela ne vient guère arranger les choses. Il se construit alors un désir inconscient de se venger d’une façon ou d’une autre de cette société négligente. La présence massive des drogues et stupéfiants est une autre cause à déplorer. Et le questionnement qui se pose est : Est-ce qu’on est incapables, avec toute l’expérience de notre arsenal sécuritaire, ne serait-ce que de diminuer, d’une manière notable, la quantité des drogues infiltrées dans notre pays ?
Par ailleurs, je me demande, tout le temps, si le retour du service militaire, autrefois obligatoire, ne pourrait constituer un bon moyen de solidifier le sens de responsabilité des jeunes. Toutes ces causes et bien d’autres ne peuvent que conduire à ce que nous vivons aujourd’hui. Et le pire reste à venir si les mesures qui s’imposent au niveau de chaque institution ne sont pas prises et mises en pratique dans les plus brefs délais, à commencer par l’institution qui m’est la plus chère : LA FAMILLE
Mehdi Alaoui Mrani, Expert Coach et Thérapeute familial systémique